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Parcs nationaux

Plusieurs parcs nationaux protègent les écosystèmes îliens. Ils ont aussi pour vocation d'accueillir et de sensibiliser les publics à la fragilité des milieux naturels et à leur protection.

Parc national marin de Zante : situé dans le sud de l'île de Zante, il protège les habitats des phoques moines et les sites de ponte de tortues caouannes. Il offre de beaux itinéraires à pied et des possibilités de faire du snorkeling.

Parc national du mont Ainos : situé sur l'île de Céphalonie, le parc a pour vocation de préserver l'habitat des sapins d'Apollon ou sapins de Céphalonie, espèce endémique que l'on retrouve sur le mont Ainos.

Des territoires soumis à de fortes pressions

Les îles Ioniennes sont soumises à des risques naturels. Le territoire a été fortement marqué par le séisme de 1953. Les sécheresses et inondations sont aggravées par les activités humaines.  La Grèce et les îles ont connu des records de fréquentation touristiques en 2017 et 2018 (plus de 30 millions de visiteurs dans le pays en 2018). Le tourisme, principale activité économique, engendre un certain nombre de pressions sur les espaces contraints des îles. L'artificialisation des sols (urbanisation) et les défrichements accélèrent notamment les phénomènes d'érosion et la dégradation des milieux naturels. La gestion de ressources (eau, énergie) et la production de déchets constituent également de forts enjeux écologiques.

La question brûlante des déchets et de l’assainissement

La gestion des déchets reste très défaillante dans les îles, marquée par un manque de volonté politique et de conscience environnementale. La Cour européenne de justice a condamné à plusieurs reprises le pays pour ses décharges illégales et ses insuffisances en matière de recyclage. En termes de prévention, c'est-à-dire de réduction à la source des déchets et de sensibilisation, il reste encore de nombreux efforts à déployer. Les sacs en plastique sont devenus payants en Grèce depuis 2018, ce qui s'est traduit en 2019 par... une augmentation de la consommation des sacs en plastique ! La mer Méditerranée souffre d'une grande pollution notamment plastique, pour laquelle les ONG appellent à des mesures plurilatérales et contraignantes, mais aussi à des actions de sensibilisation. Là encore, beaucoup reste à faire, qui plus est dans un pays qui fait face à une crise économique. Les efforts doivent aussi se concentrer sur la mise en place et la mise aux normes des réseaux d'assainissement des eaux usées.

Corfou : quand les décharges illégales côtoient les yachts

« Là poussent de grands arbres florissants, poiriers, grenadiers, [...] figuiers domestiques et luxuriants oliviers. Jamais leurs fruits ne meurent ni ne manquent, hiver ni été » peut-on lire dans l'Odyssée. Et il est vrai que Corfou possède des paysages absolument idylliques, qui attirent de nombreux visiteurs chaque année. L'autre réalité, ce sont les tonnes de déchets, entassés dans les rues ou stockés en décharges, faute d’installation correctement dimensionnée et aux normes. L'île peine à mettre en place une gestion de ses déchets, malgré les rappels à l'ordre de l'Union européenne. Les différentes parties prenantes n'arrivent pas à se mettre d’accord sur la construction d'une nouvelle installation de traitement.

Les risques d'incendies

Dès le printemps 2023, Ta Nea avait prévenu et titré : « Ce qu’il va se passer si… la Grèce atteint les 50 degrés ». Pour illustrer son propos, le quotidien grec met ce jour-là en une des cariatides sous une couleur orangée apocalyptique. Pour le fond, il s’appuie sur une étude de l’université Aristote de Thessalonique, anticipant des chaleurs extrêmes et ses conséquences dans le pays. « Une température de 48 °C à Athènes serait absolument dangereuse pour la vie humaine, selon les scientifiques. Bien qu’il s’agisse, comme ils l’expliquent, d’un scénario extrême, notre pays se trouve dans la "zone rouge" du changement climatique. » Scénario pessimiste ? Trois mois plus tard, la Grèce a vécu l’été le plus chaud de son histoire. Pendant l’été, le pays a enregistré jusqu’à 80 incendies par jour. Outre la Grèce continentale, l’Eubée, l’île de Rhodes mais aussi Corfou ont été particulièrement touchées.
Sacrifier l'environnement au profit de l'économie ? En 2015, la Banque Centrale de Grèce avait calculé que le coût du changement climatique, si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pourrait s'élever à 701 milliards d’euros d’ici 2100 (coût des dommages). En 2019, le réseau MedECC (réseau d’experts méditerranéens sur les changements climatiques et environnementaux) indiquait que le réchauffement actuel était de +1,5 °C par rapport aux moyennes de la période préindustrielle en Méditerranée. « Sans actions d’atténuation supplémentaires, la température augmentera de 2,2 °C (par rapport à la période préindustrielle) en région Méditerranée d’ici 2040, voire de 3,8 °C dans certaines régions d’ici 2100 » (source : www.medecc.org).

Des initiatives et des perspectives pour un tourisme soutenable

A Corfou, milliardaires et écologistes s'accordent pour dénoncer la construction d'un complexe touristique de luxe dans une zone naturelle protégée. Préserver les milieux naturels et limiter les pollutions sont des actions nécessaires au maintien de la biodiversité. Réduire les émissions de gaz à effet de serre est également une condition sine qua non pour sauvegarder les conditions d'un monde vivable pour l'humanité. Nous sommes tous acteurs de ces défis planétaires, dans nos voyages comme dans notre quotidien. Si voyager autrement est nécessaire, cela peut aussi constituer une grande source de joie et un retour à plus d'authenticité, en adéquation avec la frugalité que de nombreux îliens ont su conserver au fil des siècles. Vivre chez l'habitant et consommer local vous ouvrira à de belles rencontres, et aux vertus de la diète méditerranéenne. Retrouver un autre rapport au temps et à soi est aussi l'un des bienfaits du voyage lent, tant vanté par l'écrivain-voyageur Jacques Lacarrière, par exemple dans son récit L'Eté grec. Vous pourrez aussi découvrir les îles à la voile ou à bicyclette. Enfin sachez qu'il est tout à fait possible de voyager en train vers la Grèce ou à vélo via notamment l'EuroVelo 8 (https://fr.eurovelo.com/greece).