Le Lot-et-Garonne : une source d'inspiration pour Marguerite Duras

Elle n’est pas née ici, mais son nom d’auteure évoque le Lot-et-Garonne et l’influence du département sur l’inspiration de Marguerite Duras qui choisit le nom de la cité des ducs comme pour rendre hommage à cette région, point de départ de son génie littéraire. Son œuvre s’est en partie écrite dans la maison de son père à Pardaillan, ce qui lui a fait dire : « Je revois. C'était une terre déserte, pauvre. Les gens vivaient d'un petit vin de fruit, de pruneaux, du tabac, des artichauts aussi… c’est à Duras que je suis devenue quelque chose comme écrivain ». Lorsqu’en 1943 sort son premier roman, Les Impudentes, il faut y voir toute la campagne des environs de Duras et le Lot-et-Garonne en général. La maison de son père évidemment, mais aussi Le Dropt qui coule sous les lettres du Dior, car c’est bien ce cours d’eau local connu des gens d’ici que Marguerite Duras évoque, tout comme la demeure paternelle. L’histoire entre Marguerite Duras et le Lot-et-Garonne s’est écrite en pointillés, mais elle reste aujourd’hui prégnante, ne serait-ce que dans ses livres magnifiques. Concrètement, seule subsiste de son passage la maison de son père sauvée in extremis de la ruine pour en faire un lieu de mémoire. L’auteure de L’amant a marqué la littérature française et le prix Marguerite Duras initié notamment par le Conseil départemental de Lot-et-Garonne depuis 2001 est un classique des événements littéraires français qui marque l’attachement réciproque de ceux nés ici avec celle qui aima y vivre.

Fourques, Grateloup, Couthures, des festivals et salons de villages reconnus

Fourques-sur-Garonne, Grateloup, et Couthures, voilà trois communes qui ont la particularité d'être des villages, voire des petits villages, à l'image de Couthures et ses 350 habitants et qui accueillent des festivals et un salon faisant référence dans leur domaine.

Il y a le neuvième art fêté depuis peu à Fourques-sur-Garonne avec son festival de la bande dessinée et qui rencontre un succès grandissant. Dans ce village où la végétation est dense et expliquant le nom du festival « La bd est dans le pré », les amateurs lisent, parlent de BD, mais aussi de mangas et de comics avec leurs auteurs présents. Le prix Jacarbo du nom de ce dessinateur qui a notamment été à la tête des « Pieds Nickelés » et qui a vécu à Fourques-sur-Garonne est remis. Dans les animations, on peut par exemple s’adonner au dessin de BD avec l’aide d’un illustrateur ou assister à des expositions ayant pour thématique la bande dessinée. C’est un vrai festival où le charme bucolique des lieux se complète avec l’esprit BD.

Le livre jeunesse lui, fait salon à Grateloup, petit village près de Tonneins, au nom digne d’un conte de Perrault. Véritable cadre approprié pour ce genre d’évènement, Grateloup est à vivre pour les enfants comme pour les grands lorsqu’on veut véritablement s’échapper et retrouver un imaginaire bienfaisant. Depuis 2002, dix auteurs viennent le temps d’un week-end échanger avec leurs petits lecteurs et leurs familles autour de rencontres, d’expositions, de théâtres, d’ateliers ludiques ou de balades littéraires. On aurait presque l’impression que le village se transforme et se trouve coupé du monde durant ces 3 jours. Avec ce succès qui dure depuis presque 20 ans, les organisateurs ont su depuis le début des années 2000 se faire une place dans le monde du livre jeunesse et son adhésion à La Fédération des Salons et Fêtes du livre de jeunesse tout comme sa longévité en sont les plus belles preuves.

Le festival international de journalisme de Couthures est assez récent puisqu’il a débuté en 2016, mais l’enthousiasme n’a fait que décupler au fil des années. C’est une sorte d’Agora de campagne où le public s’assoit sur l’herbe ou sur des chaises en plein air et assiste aux nombreux débats entre journalistes et hommes politiques, s’intéresse à des ateliers thématiques et se divertit avec de multiples rendez-vous festifs. Ces trois jours sont comme un bouillonnement culturel en bord de Garonne et le village devient le point de convergence entre les décideurs et les observateurs nationaux. On y a vu entre autres Florence Aubenas, MC Solaar… Benoît Poelvoorde ou Pierre Lescure en parrains et bien sûr toute la sphère des femmes et des hommes qui font la presse française. Dans le Marmandais c’est un moment à la fois fort et sympathique de voir la presse et les hommes politiques avoir le devoir et le droit de citer autrement. Il est à noter la qualité des thématiques qui renvoient à l’actualité et de la façon de les traiter.

La philosophie optimiste de Michel Serres

La figure gasconne de la littérature locale est sans nul doute Michel Serres. Ce natif d'Agen était un homme de son temps qui permet au territoire de revendiquer une fierté intellectuelle amplement méritée. Lorsqu’on lit ce qu’a répondu Georges Canghilhem à Michel Serres lorsque ce dernier sortit de l’agrégation à la deuxième place, on mesure le destin de cet homme qui n’a pas toujours été reconnu pour son génie par ses pairs, ne se voyant jamais coopter pour le collège de France par exemple : « A ce concours, le meilleur est toujours reçu deuxième. Ce fut naguère mon cas. C’est aujourd’hui le vôtre. »

Auteur d’une soixantaine de livres, il publia notamment les best-sellers « les cinq sens » faisant de ces sens un ravissement et le chemin de tous les possibles. Il fut aussi l’auteur de « Petite Poucette » dont le succès a été immense et où l’écrivain, âgé de 82 ans, lors de sa publication en 2012, projetait le monde futur et ses changements par le prisme de la jeunesse numérique qui écrit les messages avec le pouce. L’optimisme de Michel Serres se traduit particulièrement dans ce livre au large succès.

De par son attachement viscéral à sa ville d'Agen et son aura dans le monde philosophique, Michel Serres fut un représentant magnifique de ce pays gascon qu'il aimait tant et qu’il a fait vivre rien que par sa voix. Homme de science et de gaieté, cet homme à l'optimisme influent a marqué l'histoire récente et son empreinte sur la pensée est certaine. Campus et avenue portent son nom dans la préfecture agenaise et il est aujourd’hui semblable à une figure tutélaire pour la ville.