XVIe siècle av. J.-C

Si la découverte d’objets préhistoriques atteste en de nombreux endroits une présence humaine très ancienne, l’histoire connue du Népal commence vers 1600 av. J.-C., à l’époque où se déroule en Occident la guerre de Troie.

IXe siècle av. J.-C. – Ier siècle apr. J.-C.

Aryas et Kirati, les premiers occupants du Népal

Au cours des siècles qui ont précédé notre ère, des peuples de nomades conquérants venus des confins orientaux de l’Europe, tels les Arya, envahissent et s’installent dans l’Inde du Nord et la bordure de l’Himalaya. À leur suite, les Kirati réussissent à établir leur souveraineté sur la vallée de Katmandou. Yalambar, leur premier roi, aurait été le premier à régner sur cette vallée convoitée. La dynastie des Kirati aurait compté 29 souverains, mais sur lesquels l’on ne sait que très peu de chose. La vallée de Katmandou devient dès cette époque le royaume du Népal mais jusqu’au XIXe siècle, ce royaume ne couvre que le territoire restreint à la vallée.

VIe siècle av. J.-C

L’avènement du bouddhisme

Le prince Siddhartha Gautama voit le jour dans la famille royale Sakya de Kapilavastu, un petit royaume situé dans le sud du Népal, non loin de l’actuelle Lumbini. Après des années de méditation, Siddhartha parvint à « l’Éveil » et devint le Bouddha (« l’Éveillé »). Ainsi naît le bouddhisme, qui va diffuser dans toute l’Asie et y rester très présent de nos jours. Au IIIe siècle av. J.-C., le bouddhisme prend un véritable essor avec l’implication de l’empereur Ashoka, le premier unificateur de l’Inde du Nord. Le puissant souverain fait élever une colonne pour commémorer son pèlerinage sur le lieu de naissance de Bouddha. Il séjourne à Katmandou et on lui attribue la construction des quatre grands stupas qui entourent Patan, ainsi que le mariage de sa fille à un prince local.

Ier siècle jusqu’à 600

Les Licchavi, première dynastie népalaise d’origine indienne

Au cours du Ier siècle de notre ère, une dynastie de rois venus d’Inde, les Licchavi, chasse les Kirati vers l’est du Népal où vivent encore aujourd’hui leurs descendants, les tribus Rai et Limbu. Les Licchavi règnent depuis des palais bâtis dans plusieurs sites dispersés dans la vallée de Katmandou, et aujourd’hui disparus. Ils organisent la société selon le principe des castes et frappent leur monnaie. Le commerce trans-himalayen permet dès cette époque de substantiels profits investis dans la construction d’une multitude de temples, sanctuaires, stupas, statues ou simples reliquaires. Bien que hindous, les Licchavi protègent et encouragent l’essor du bouddhisme comme celui de toutes les formes possibles de religions. Swayambunath, Pashupatinath, Bodnath : tous les grands sanctuaires de la vallée se développent au début de cette époque. Toutefois, à cette époque, l’hindouisme reprend de la vigueur et le site de Lumbini, origine du bouddhisme est quelque peu délaissé.

600 à 1200

Les Thakuri

En 602, succédant à son beau-père Licchavi, le roi Thakuri Amsuwarman monte sur le trône et parvient, en mariant ses filles à des princes indiens et tibétains, à consolider le royaume népalais. L’usage du newari, la langue parlée par la majorité de la population d’origine mongoloïde, se répand et remplace le sanskrit. Envahi par le Tibet en 705 puis par le Cachemire en 782, le royaume népalais parvient toutefois à se maintenir grâce à sa position stratégique et à la fertilité de la plaine de Katmandou. Le Népal connaît ensuite jusqu’en 1200, une période sombre de son histoire, sur laquelle on ne dispose que de peu d’indications, mais au cours de laquelle aurait eu lieu toutefois la fondation de Kantipur (actuelle Katmandou) par le roi Gunakamaveda.

1200 à 1350

Les Malla, l’âge d’or des Newar

Originaires d’Inde, les Malla prennent le pouvoir vers 1200 dans la vallée de Katmandou. À partir de cette époque, les rois s’accordent le titre de Malla, qui signifie « lutteur ». Au début de cette période, invasions, famines et tremblements de terre s’abattent sur la vallée. En 1255, un très fort tremblement de terre décime la population. Trente ans plus tard, les premières attaques viennent des Kha, un peuple indo-européen qui s’est taillé un vaste royaume, basé à environ 800 km de Katmandou. Les Kha règnent sur l’ouest du Népal actuel, et leur emprise s’étend jusqu’au Tibet. Viennent ensuite, du sud, les Mithila, et enfin, au début du XIVe siècle, une armée de musulmans à la solde du sultan du Bengale Shamsud-Din, pille le Népal détruisant nombre de sanctuaires, sans toutefois compromettre la solidité locale du bouddhisme.

1350 à 1769

Le Népal connaît à cette époque plusieurs siècles d’une certaine stabilité qui permet à Jayasthiti (1355-1395) de réorganiser les Newar en un seul royaume, avec Bhatgaon (Bhaktapur) pour capitale. Avec l’ordre, l’opulence revient dans la vallée et l’ère des bâtisseurs débute. On doit à la dynastie Malla, la construction de la quasi-totalité des monuments visibles aujourd’hui. Jaya Yaksa (1428-1482) conquiert Gurkha et d’autres principautés stratégiques mais il ne réalise pas l’unité du Népal et répartit ses possessions entre ses fils. Bhatgaon, Patan et Katmandou restent donc des royaumes séparés, dont les rois ne cesseront de se jalouser. Mahendra Malla (1560-1579) et Pratap Malla (1641-1674) seront les deux grands architectes de Katmandou, qui accède toutefois à cette époque au statut de grande cité newar. À cette époque, le reste du Népal est constitué d’une cinquantaine d’États indépendants.

1769-1815

La dynastie de Shah

Le Népal doit son unité à Prithvi Narayan Shah (1722-1775), le roi de la ville modeste de Gurkha, qui réussit non seulement à conquérir les royaumes newar, mais aussi à unifier et étendre le Népal tout en mettant en place la dynastie Shah. Mais en 1814 les Britanniques mettent fin militairement à l’extension de la jeune nation.

1923

L’indépendance

Dès lors, affaibli par la guerre et la fixation de ses frontières, le Népal va s’isoler du reste du monde pendant plus d’un siècle. Les seuls contacts extérieurs se feront avec les Britanniques, qui reconnaîtront l’indépendance du Népal en 1923. Il faudra encore attendre le milieu du XXe siècle pour noter une première ouverture.

1846-1955

Le gouvernement Rānā et le retour des Shah

Sur fond d’intrigues interne, la famille Rana se met en place au détriment des Shah et finit par détenir le pouvoir réel en 1846. Les Rana vont imposer leur pouvoir au royaume pendant un siècle, et si le pays se referme sur lui-même, quelques réformes importantes sont toutefois mises en place au cours de cette période.

Mais le départ des Britanniques les affaiblit durement et l’héritier du fondateur de la nation, le roi Tribbuvan réussit à les écarter et à former un gouvernement d’ouverture. Son fils Mahendra lui succède en 1955 en se plaçant politiquement dans la même ligne que lui.

1959-1962

L’ouverture du Népal

Pour la première fois dans l’histoire népalaise, en 1959, se déroule une élection au suffrage universel. Le Parti du congrès remporte la majorité des sièges, mais Mahendra dissout le cabinet du Premier ministre B.P. Koirala, en décembre 1960. Les chefs du Parti du congrès népalais sont arrêtés ou forcés à s’exiler en Inde et, en 1962, le roi institue un système de parti unique, le Panchayat, qui fonctionnera pendant vingt-huit ans. Surnommé le «Tito de l’Himalaya», Mahendra réussit à imposer sur le plan international l’indépendance du Népal.

1975

En envahissant le Tibet, la Chine communiste se rapproche dangereusement de l’Inde qui voit sa sécurité menacée : le risque d’invasion par l’Inde est pris au sérieux par les Népalais. Le fils du roi Mahendra, Birendra, qui a reçu une éducation occidentale, est couronné en 1975 : il déclare le Népal zone de paix, trouvant ainsi un moyen astucieux pour limiter l’ingérence des pays voisins et attirer sur le sien une sympathie mondiale.

1979-1990

Sur le plan intérieur, l’opposition réclame l’abolition du système de parti unique, le Panchayat. En 1979, Birendra accorde un référendum pour désamorcer des émeutes d’étudiants, mais 55 % des votants se prononcent pour une simple réforme du Panchayat. Dix ans plus tard, l’Inde soumet le Népal à un blocus commercial. Profitant du mécontentement des Népalais qui subissent de sévères privations, l’opposition lance une campagne de restauration de la démocratie. En 1990, la foule descend dans la rue et la crise atteint son paroxysme le 3 avril 1990, quand l’armée, tirant sur une manifestation qui s’approche du palais, fait au moins 45 victimes. Le soir même, Birendra abolit le système du Panchayat et autorise les partis politiques.

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1990-1995

L’apprentissage difficile de la démocratie

La nouvelle Constitution adoptée en 1990 par le Népal garantit les grands principes de la démocratie. Le roi demeure le chef des armées et le dépositaire de quelques pouvoirs d’exception.

En 1991, le Parti du congrès népalais obtient la majorité aux élections législatives, mais un nouveau mouvement se met en place : le Parti communiste népalais, l’UML, qui rassemble un grand nombre de voix protestataires. Avec Girija Prasad Koirala devenu Premier ministre, le Parti du congrès s’enfonce rapidement dans une guerre interne, et la vie publique est gravement perturbée par des grèves que la police réprime durement. En décembre 1994, le roi appelle Man Mohan Adhikari, le leader des communistes, à former un gouvernement mais une motion de censure fait tomber son cabinet en septembre 1995. Sher Bahadur Deuba, le nouveau leader du Parti du congrès, forme un gouvernement de coalition et les élections législatives de 1998 lui permettent d’obtenir la majorité absolue au Parlement. Krishna Prasad Bhattaraï puis Girija Prasad Koirala occupent le poste de Premier ministre. La guérilla maoïste naît et se développe, trouvant un écho auprès du peuple, lassé de la guerre des chefs qui sévit au sein du Parti du congrès népalais.

1996-2006

La « guerre du peuple »

En 1996, le Communist Party of Nepal-Maoist (CPN-M), soutenu par la population, appelle à « la guerre du peuple ». Dans les régions pauvres de l’ouest du pays, ils s’attaquent aux postes de police et aux agences gouvernementales. Puis la guérilla s’étend, faisant de nombreuses victimes parmi les policiers et les officiers du gouvernement. C’est dans ce contexte difficile qu’intervient, en 2001, la mort du roi Birendra et de dix membres de sa lignée, lors d’une tragédie familiale, dans leur palais de Narayan Hiti. Après des funérailles expéditives, son oncle, le prince Gyanendra, devient le nouveau roi. Son clan est partisan d’une ligne dure vis-à-vis de l’insurrection qui menace l’intégrité du pays mais les pourparlers n’aboutissent pas avec les maoïstes. En octobre 2002, le roi Gyanendra suspend le Parlement et démet de ses fonctions le Premier ministre Sher Bahadur Deuba pour son incapacité à régler le problème des insurgés. Le roi s’approprie les pleins pouvoirs et forme un Conseil des ministres composé de fidèles. L’état d’urgence est décrété, le roi instaure la censure et suspend les droits fondamentaux afin de museler l’opposition. De son côté, la guérilla tire avantage de l’instabilité politique du pays et ne cesse d’augmenter son emprise sur le peuple.

Roi Gyanendra Bir Bikram © Prachaya Roekdeethaweesab - Shutterstock.com.jpg

2006

La grève générale

Au début 2006, les sept principaux partis d’opposition concluent une alliance avec les rebelles maoïstes en vue d’organiser une grève générale ayant pour but de faire pression sur le roi pour le rétablissement de la démocratie. La grève débute le 6 avril 2006 et se transforme en un vaste mouvement de contestation populaire. Le régime tente brutalement de contenir les centaines de milliers de personnes qui manifestent à travers le pays : couvre-feu, ordre de tirer à vue, bouclage de la capitale pour protéger le palais royal… Le pays est paralysé. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme (HCR) condamne l’usage abusif de la force par la police et l’armée. Le 24 avril 2006, le roi finit par céder et annonce le rétablissement du Parlement. L’alliance des partis d’opposition désigne un Premier ministre, Girija Prasad Koirala, qui est nommé par le roi. Le Parlement est convoqué et le Premier ministre forme un gouvernement de sept membres. Le Népal vit un moment historique : la démocratie est restaurée.

21 novembre 2006

Les accords de paix

Le 21 novembre 2006, le Premier ministre Koirala signe un accord de paix avec Prachanda, le dirigeant du Communist Party of Nepal-Maoist (CPN-M) et sa branche armée. Cette signature met fin à une guerre civile de douze ans, à l’origine de 13 000 victimes. Les maoïstes acceptent d’intégrer un gouvernement provisoire et de placer leurs armes sous la supervision des Nations unies. En 2007, ils entrent au Parlement et, en décembre de la même année, le Parlement met fin à la monarchie.

2008-2009

En juillet 2008, Ram Baran Yadav devient le premier président de la République. Les crises politiques se succèdent toutefois, avec notamment le 4 mai 2009, la démission en direct lors d’une allocution télévisée du Premier ministre Kamal Pushpa Dahal, dit Prachanda.

2012-2015

L’assemblée constitutionnelle chargée de rédiger la nouvelle constitution est dissoute le 27 mai 2012. L’année suivante, en vue de mettre fin à l’impasse politique persistante, les quatre grands groupes politiques créent un conseil électoral intérimaire chargé d’organiser les élections. Le pays semble enfin se diriger vers la bonne voie quand le tremblement de terre 25 avril 2015 survient et détruit notamment la capitale et ses environs, faisant des milliers de morts. Suite à ce drame, le gouvernement se serre les coudes et adopte la Constitution. Mais tout n'est pas réglé pour autant: cette constitution nouvelle est profondément critiquée et le pays est en proie à de nouvelles manifestations au cours desquelles 30 personnes sont tuées.

2015

À la fin de l'année 2015, la présidente Bidhya Devi Bhandari est élue et c'est Pushpa Kamal Dahal qui redevient Premier ministre.

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2023

Élection de Ram Chandra Poudel à la Présidence

En mars 2023 c'est Ram Chandra Poudel qui est élu président du pays sous l'étiquette du Congrès népalais avec 68,54 % des voies contre Subash Chandra Nemwang, du parti communiste népalais. Aujourd’hui, la situation politique semble relativement stabilisée et la démocratie installée, en dépit de crises toujours latentes. Avec l’appui international, le Népal porte plutôt ses efforts sur sa reconstruction.

Janvier 2023

Crash d'un avion Yeti Airlines

Le 15 janvier, un avion Yeti Airlines s'écrase près de Pokhara, tuant 72 personnes à bord, dont un Français.

mai 2023

Des sherpas auteurs d'exploits

Le 18 mai, le sherpa Gelje sauve un Malaisien de 33 ans qu'il trouve quasiment mort à 8500 m d'altitude, seul et frigorifié. Il abandonne l'ascension du sommet avec son client Chinois pour porter le trekkeur 6h sur son dos jusqu'à un camp où il sera transféré en hélicoptère, et lui sauve la vie.

Le 23 mai, le guide de montagne Kami Rita Sherpa a gravit pour la 28e fois l'Everest (8 849 mètres), le toit du monde, après 28 ans de carrière et à 53 ans. C'est le nouveau record du monde.