Une mosaïque culturelle

Au 1er janvier 2019, la population du Bhoutan était estimée à 827 790 habitants, constituée à 53 % d’hommes et 47 % de femmes. Les trois quarts des Bhoutanais pratiquent le bouddhisme tibétain, le quart restant se réclamant de l’hindouisme. Avec un âge moyen de 25 ans et plus de 65 % de personnes situées dans la tranche d’âge 15-64 ans, la population bhoutanaise est une population jeune et l’espérance de vie y est de 68 ans. Aujourd’hui encore, près de deux tiers de la population vit toujours de l’agriculture et de l’élevage et le tiers restant se concentre dans les villes, essentiellement à Thimphu, la capitale (114 551 habitants) et à Paro. Privés de voie de communication, séparés par un terrain abrupt et des variations d’altitude importantes, les Bhoutanais ont longtemps vécu séparés en de petites communautés, disséminées aux quatre coins du pays et ayant très peu de contacts entre elles. Les interactions entre les villages étaient rares et chaque déplacement prenait des allures d’expédition !

Véritable mosaïque culturelle, la population bhoutanaise se divise en différents groupes ethniques, dont les trois principaux représentent à eux seuls 75 % de la population totale. À l’est, vivent les Sharchops, littéralement « les gens de l’est », considérés comme les premiers habitants du pays et qui possèdent leur propre langage. À l’ouest, les Ngalops (« les gens de l’ouest ») seraient les descendants des migrants tibétains, arrivés dans la région au IXe siècle. Enfin, les Lhotshampas, descendants des immigrants venus du Népal qui se sont établis au Bhoutan au siècle dernier, vivent dans le sud du royaume. À ces groupes peuvent être ajoutées d’autres communautés plus petites, possédant leurs propres dialectes : Kurtoep à l’est ; Mangdep, Khengpa et Bumthrap dans le Bhoutan central ; Layap et Lunap au nord-ouest, Brokpa et Dakpa au nord-est ; Doya au sud-ouest. Longtemps isolées les unes des autres, ces communautés cultivent et revendiquent leur indépendance. Mais n’allez pas croire que le Bhoutan est une nation austère, loin de là ! La population se montre au contraire particulièrement ouverte, souriante et cultivée, oscillant perpétuellement entre tradition et modernité. Ne soyez pas surpris de croiser des moines jouant avec leur téléphone portable, des archers utilisant des flèches en acier, ou encore de jeunes Bhoutanais en costume traditionnel se défouler sur les dancefloors locaux. Tous ces paradoxes constituent le charme de ce pays qui ne ressemble à aucun autre.

Le dzongkha : le langage du Dzong

Promue langue officielle et nationale du Bhoutan en 1971, le dzongkha est un dialecte issu du tibétain. De « dzong », forteresse, et de « kha », langue, ce qui signifie la « langue de la forteresse », le dzongkha fait référence aux monastères forteresses érigés par Shabdrung Ngawang Namgyal, l’unificateur du Bhoutan, au XVIIe siècle. Constitué d’un alphabet syllabaire indien, la langue dzongkha doit en grande partie son développement aux moines bouddhistes, les citoyens les plus instruits de la société. Elle est aujourd’hui largement répandue à travers le pays, aux côtés de trois autres langages dominants : le tshanglakha, pratiqué à l’est, un dialecte tibéto-birman ; le bumthangkha, parlé dans la région centrale du Bhoutan ; et le lhotshamkha ou népali, pratiqué dans le sud du pays. À cela, s’ajoutent dix-neuf dialectes très différents, issus de tribus indo-népalaises et tibéto-birmanes. Dès le plus jeune âge, l’anglais est enseigné dans toutes les écoles, et la plupart des Bhoutanais le parlent couramment, tandis que le dzongkha continue à être utilisé dans les écoles des monastères.