Beaucoup de gens transmettent une image déformée du Paraguay, qui correspond à ce qu'ils ont pu voir lors d'une escapade shopping à Ciudad del Este, depuis le Brésil ou l'Argentine. Pourtant, la " Ville de l'Est " ne ressemble à aucune autre au Paraguay. Cette ville frontalière de plus de 300 000 habitants constitue la plus grande zone franche d'Amérique du Sud, et traîne une sale réputation : insécurité, contrebande, trafics d'armes, de drogue, de voitures, blanchiment d'argent, et même terrorisme, selon les Américains qui aimeraient bien mettre un pied dans la région (certains rapports prétendent que des membres du Hezbollah se cacheraient dans l'importante communauté libanaise, et les services secrets nord-américains avaient même ratissé la ville après le 11 septembre 2001, soupçonnant la présence de cellules d'Al-Qaida...). La Triple Frontière, zone de non-droit, où s'échangent marchandises et argent sale du monde entier, et où se côtoient les mafias chinoises, japonaises, arabes, italiennes et brésiliennes, donne effectivement une bien triste image de la ville. Il y a du vrai dans tout ça, mais surtout beaucoup de fantasmes autour de Ciudad del Este.

La ville a été fondée en 1957 sous le joli nom de Puerto Flor de Lis, rebaptisé Puerto Presidente Stroessner. Le nom changera à nouveau en 1989, à la chute du dictateur démago. Ciudad del Este a été créée de toute pièce pour ouvrir l'est du pays vers le Brésil, au milieu de ce qui était jusque dans les années 1950 une épaisse jungle. La cité moderne s'est dotée de grandes avenues et de vastes espaces verts. Elle était surnommée la " Ville jardin ". Allez vous balader du côté du lac et de l'Área 1, le quartier où étaient logés les ingénieurs du barrage d'Itaipú, et vous aurez une tout autre image de la ville, loin du brouhaha et des embouteillages du centre. Pour le voyageur, Ciudad del Este constitue surtout un pied-à-terre, pour visiter la centrale hydroélectrique d'Itaipú, la réserve Moisés Bertoni, ou encore Saltos Monday, un petit avant-goût des chutes d'Iguazú, de l'autre côté de la frontière.