Découvrez TOKYO : Onsen et sento, l’art du bain à la japonaise

Dans le Voyage de Chihiro, célèbre dessin animé de Hayao Miyazaki, la petite Sen travaille dans un établissement de bains où les esprits et les dieux viennent se délasser. Ils arrivent lourdement chargés de la pollution et de la saleté du monde, et repartent frais et pimpants après s’être plongés dans des eaux aux multiples bienfaits. On ne peut pas mieux décrire l’expérience d’un bain au Japon. Plus qu’une question d’hygiène, il sert à se reposer et se régénérer au contact de l’eau. Longtemps, les sources naturelles dont le sol japonais volcanique regorge ont été considérées comme des eaux divines, mais il semble que les hommes aient assez vite découvert aussi leurs vertus thérapeutiques. Depuis, un véritable art de vivre s’est développé autour du bain, thermal ou non, et l’offre en la matière est aujourd’hui si abondante qu’il est devenu un passage incontournable lors d’un séjour au Japon.

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Onsen et sento

Onsen ou sento ? Dans l’imaginaire, un onsen, une source thermale, évoque la relaxation luxueuse, la communion avec la nature dans des cadres pittoresques. Le sento, le bain public, est perçu au contraire comme lieu de rendez-vous peu glamour des personnes âgées ou des yakuza du quartier. Il pâtit d’une image désuète. En réalité, le terme « onsen » fait référence à une source naturelle riche en minéraux d’après une liste établie par une loi d’après-guerre. Par extension, il en vient à désigner les établissements et hôtels privés équipés de bains. Les sento, eux, sont les bains publics où l’eau est chauffée à températures élevées (entre 42 et 44 °C) dans des bassins. Leur prix d’entrée est fixe : 470 yens. La limite entre sento et onsen n’est pas toujours claire, puisque de nombreux bains publics disposent de sources thermales et les établissements thermaux de bassins où l’eau n’est pas nécessairement thermale. L’un comme l’autre offrent pourtant dans des cadres différents leur lot de surprises et de découvertes.

Sento, une pause en ville

Après une journée à arpenter Tokyo, rien de mieux que de pousser la porte d’un bain public. Dès que l’on entre, le bruit de la rue s’estompe. Les propriétaires tiennent ces établissements depuis plusieurs générations et leur savoir-faire se transmet en famille. On achète savon et serviette si on ne les a pas, puis on pénètre dans les bains : prêts à nous plonger littéralement dans un aspect de la culture japonaise qui reste autrement dissimulé derrière le noren, le rideau à l’entrée qui indique le caractère de l’eau chaude, ゆ (yu).

Comme il est de coutume, le bain sert à la détente. On se lave avant, assis sur des petits tabourets en bois ou en plastique. L’ambiance est souvent familiale et les gens, dans leur plus simple appareil, n’hésitent pas à discuter entre eux. L’intérieur des bains vaut en soi le détour. Il peut être carrelé, orné de mosaïques ou de fresques murales, les penki-e. Les décors varient en fonction de la région et des goûts des propriétaires. Ils dépeignent autant des scènes de la culture populaire japonaise que des paysages naturels comme les vues sur le mont Fuji. Seuls trois artistes au Japon sont habilités à réaliser les fresques penki-e, mais la baisse de la fréquentation des sento et leur fermeture les uns après les autres met cet art en péril.

Au cours de la période Edo, on recensait plus de 2 500 sento à Tokyo. L’avènement des salles de bains privées dans l’après-guerre les a fait lentement disparaître. Il n’en reste aujourd’hui pas plus de 530 dans toute la ville, et ce chiffre ne cesse de se réduire. Pour éviter de péricliter, certains tentent de redorer leur image. Des tours pour faire la promotion de l’art du sento sont proposés autant aux Japonais qu’aux étrangers. Une particularité des bains de Tokyo est l’eau noire, due à des acides humiques. Elle est réputée pour le soin de la peau. D’autres établissements appelés « super sento » constituent de véritables spas ou parcs d’attraction. Ils ne conservent pas le charme local des sento de quartier, mais offrent un divertissement qui dépasse le cadre du bain. Oedo onsen, par exemple, propose de passer une ou plusieurs journées plongé dans la ville d’Edo. Le folklore est assuré et l’ambiance festive. Les aficionados du bain traditionnel préfèreront sans doute le calme du sento, voire d’une station thermale loin du brouhaha de la ville.

Onsen, les stations thermales

Le sol de Tokyo est riche en sources thermales et il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour en profiter, mais c’est plutôt le bain en pleine nature qui vient d’abord à l’esprit quand on parle de onsen. Il symbolise le bien-être à la japonaise, et fait écho aux désirs de communion avec la terre de populations urbaines. Sources, cascades, lieux naturels, sont recherchés pour leur qualité de « power spot », leur énergie régénératrice, et font parfois l’objet d’une surenchère dans l’industrie touristique japonaise. Les sources sont réputées pour leurs bienfaits qui diffèrent selon les minéraux présents : gypses, sels, alcalins ou autres. Des onsengai, des petites stations thermales, se développent autour de ces sources, comme à Kinugawa dans la ville de Nikko. Les sources de Kinugawa sont connues depuis la période Edo pour soigner les brûlures. D’autres adoucissent la peau, apaisent les rhumatismes et toutes sortes de maux, et on ne compte plus les légendes de samouraïs guérissant leurs blessures dans les onsen.

Autant que le choix de la source, le cadre fait la différence lors d’une visite d’un onsen. L’occasion de s’offrir un bain dans la nature se trouve à moins de deux heures en train de Tokyo, à Nikko ou à Hakone Yumoto. Ce dernier onsengai est l’un des plus importants en matière de logement, en raison de sa proximité avec Tokyo, et de sa localisation dans un parc naturel où de nombreuses autres activités sont possibles. Tout dans la station tourne autour du bain. Les échoppes de souvenirs vendent des serviettes, sels et produits de beauté, et plusieurs types de bassins (rotenburo en extérieur, en privé, dans une salle en bois, avec vue…) sont accessibles. Dans ces stations, le séjour se déroule dans un ryokan, un hôtel traditionnel ou cocon qui invite au repos. Les petits déjeuners et dîners copieux peuvent y être proposés dans le style kaiseki, la cuisine gastronomique japonaise composée d’une multitude de plats. Les ryokan sont équipés de bains et de sources réservés à la clientèle.

Rituels

Les Japonais apprécient les rituels et le bain n’y fait pas exception. Il est important de respecter quelques règles mais elles ne devraient pas empêcher de se détendre. La nudité est de mise et aucun vêtement ou serviette ne vient tremper dans l’eau pour des raisons d’hygiène. Les vestiaires et les bassins des hommes et des femmes sont séparés. Les tatouages sont souvent interdits dans les onsen mais acceptés dans l’immense majorité des sento. Ces derniers temps, l’adaptation à une nouvelle clientèle étrangère pousse certains établissements à accepter les personnes tatouées ou en maillot. Si se promener nu devant des inconnus rebute, il reste la possibilité de louer un kashikiri-buro, un bain privé pour quelques heures à partager en famille ou entre amis. Toutes les options sont possibles pour profiter de ce moment de détente à la japonaise.

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