CIMETIÈRE DE NAVIRES
Montez vers le monument à la mer d'Aral. De cette hauteur, vous pourrez embrasser du regard tout ce qui fut autrefois une mer, et que la catastrophe a transformé en nouveau désert, d’une superficie de plus de 40 000 km². En réalité, il n'est même plus possible d'apercevoir la « mer », qui n'est plus qu'une simple flaque d'eau située à 200 km de Moynaq. Les épaves, autrefois éparses dans cette infinité désertique, ont été en 2008 toutes réunies et alignées au pied du monument où elles posent sur les dunes des tâches de rouille. En fait, il ne reste plus grand-chose des navires de pêche qui autrefois sillonnaient la mer d'Aral : cannibalisés pour consolider les toits et palissades de maison lorsque la ville a été désertée, ils n’offrent plus que le triste spectacle de squelettes de navires en décomposition. Le sable lui-même est jonché de grains de rouille, de morceaux de plaques d'acier rongés, de cordages, de vieilles conserves… En redescendant du monument et en traversant la ville, on arrive justement à l’ancienne conserverie où tout est resté tel quel depuis la fermeture en 1993, faute de poisson. Les machines, rouillées jusqu'à l'os, semblent arrêtées en pleine course, des boîtes de conserve vides attendent d'être remplies, les consignes de sécurité s'affichent encore sur les murs. C'est à peine abîmé, comme si la catastrophe avait frappé il y a peu, que la mer s'était retirée d'un coup et qu'on avait simplement mis la chaîne de production à l'arrêt. Un décor de science-fiction, ou de film d'épouvante.