ÉGLISE DE LA PANAGIA TOU ARAKA

Cette église orthodoxe grecque (Εκκλησία της Παναγία του Άρακα/Ekklisia tis Panagia tou Araka) est l’une des plus précieuses parmi les dix églises peintes du Troodos inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle abrite en effet un superbe ensemble de fresques du XII^e siècle. Son étrange nom de « Vierge-des-Petits-Pois » reste une énigme. S’il est courant, à Chypre, d’associer la Mère de Dieu à des plantes, il pourrait aussi provenir du terme chypriote ιέρακας/ierakas qui désigne un « faucon » ou d’un donateur, le logothète général Ierakas, haut responsable de l'administration fiscale byzantine. Érigé au XII^e siècle, le bâtiment faisait partie d’un monastère et a pris son aspect actuel au XIV^e siècle : la structure originelle en pierre est entièrement recouverte de bois, y compris la coupole et le petit clocher. À l'intérieur, la plupart des peintures datent de décembre 1192, ainsi qu'en atteste l'inscription au-dessus de l'entrée nord (sous la représentation du saint Keramion, tuile sacrée sur laquelle se serait fixé le visage de Jésus). Cet ensemble est un témoignage unique de l'art byzantin, puisque c'est la plus importante série complète d'œuvres iconographiques de la fin de la dynastie Comnène qui nous soit parvenue (à Constantinople, la plus grande partie fut détruite par les croisés en 1204).

Détails soignés et couleurs éclatantes. Au sommet de la coupole, le Christ Pantocrator (« Tout-Puissant ») est représenté au moment du Jugement dernier avec, plus bas, douze prophètes entre les douze fenêtres du tambour de la coupole qui annoncent la venue du Christ sur terre. Les deux triangles sphériques, à l’est, sont occupés par les scènes de l’Annonciation, tandis que les deux autres, à l'ouest, représentent les évangélistes Matthieu et Marc (triangle nord‐ouest), Jean et Luc (sud‐ouest). Le mur nord accueille la Présentation de la Vierge au Temple. La moitié sud de la voûte ouest montre la Nativité et la moitié nord, la Descente aux Enfers. À l’est de l’entrée nord, figure la Présentation du Christ au Temple. On remarquera le soin porté aux détails : regards, mouvements, parures, bijoux, etc. Le nom de l'artiste n’est pas connu, mais le trait se rapproche de celui de Theodoros Apsevdis, qui réalisa en 1183 les peintures murales de l’église du monastère Agios Neophytos, à Paphos. En s’avançant vers le sanctuaire, le style utilisé dans l’abside est différent. Il s'agirait d'un autre artiste ayant œuvré peu avant 1192.