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Histoire du café, une légende paysanne

Découvert dans la province du Kaffa, au sud-ouest de l’Ethiopie, le café est issu de la plante endémique Coffea arabica. Sa culture est également répandue plus au nord dans le Welega. Le café d’Harar et de Dila, vers l’est, est réputé pour être l’un des meilleurs du monde. La légende rapporte que la découverte de la boisson serait due au berger Kaldi au IXe siècle. Parti à la recherche de brebis égarées alors qu’il faisait pâturer son troupeau à proximité d’un monastère, il les retrouva particulièrement excitées. Constatant qu’elles venaient de manger les fruits rouges d’un arbuste, il rapporta le fait à un moine. Tous deux décidèrent de faire infuser les baies et constatèrent que le sommeil ne vint pas ce soir-là. Le moine, cherchant à renouveler l’expérience, fit sécher les fruits près d’un feu, mais les oublia. Un autre retira les graines carbonisées, les broya et en fit une infusion : de cette torréfaction accidentelle naquit le premier café.

L’exportation du café en Europe à la Renaissance

Il a été popularisé par les marchands arabes qui, les premiers, rapportèrent la plante dans la péninsule arabique (l’actuel Yémen) au XIIIe siècle, avant d’être consommé à Damas, au Caire et à Constantinople (actuellement Istanbul). Ce n’est qu’à la Renaissance qu’il est exporté vers Venise par les Turcs à partir du port de Moka au Yémen. Le premier café européen, le Caffè Florian, ouvert à Venise en 1683 place Saint-Marc, est toujours en activité. Il est finalement devenu une boisson populaire dans toute l’Europe. Plébiscité par les musulmans mais longtemps interdit par l’Église orthodoxe, le café ne prendra vraiment son essor en Éthiopie qu’au XIXe siècle, sous le règne de Ménélik II, qui prit conscience de l’intérêt économique du produit face à l’engouement des Européens. Aujourd’hui, la consommation du café fait partie intégrante de la culture éthiopienne. Le rituel immuable de sa préparation, symbole d’hospitalité, est répété maintes fois quotidiennement dans les lieux publics ou privés et il ne viendrait à l’idée de personne de refuser cette dégustation, quelle que soit l’heure de la journée.

Les plantations de la région de Kaffa

La route vers Jimma, plus au sud, au départ d’Addis-Abeba, traverse le pays Guragé avant de rejoindre la région de Kaffa, berceau historique de la culture du café. Visiter les immenses plantations de café aux environs de Mizan Teferi. L’immense plantation de café de Bebeka, qui débute à 11 km de la ville à l’ouest du pays, couvre une superficie de plus de 6 500 ha. Des milliers de travailleurs agricoles affluent chaque jour ici où ils vivent dans des petits villages implantés au cœur de la plantation. Tous les soirs, chacun vient faire peser sa collecte de la journée par des contremaîtres qui totalisent chaque année environ 1 500 t. La plantation expérimente différentes espèces de café provenant de tous les continents, ainsi que des cultures d’épices et de fruits. L’univers naturel de cette vaste plantation est de toute beauté, les plants de café étant protégés du soleil par un couvert végétal constitué d’immenses figuiers, acacias et podocarpus, dans lesquels une importante production de miel continue d’être collectée. L’endroit est également un paradis pour ornithologues.

La cérémonie du café

Bien plus qu’un simple breuvage, le café en Éthiopie est un véritable art de vivre. La cérémonie qui accompagne sa préparation fait l’objet d’un rituel immuable incombant toujours aux femmes. Symbole d’hospitalité, sa préparation traditionnelle fait l’objet d’un véritable cérémonial au cours duquel les graines vertes sont torréfiées puis infusées à plusieurs reprises. L’offrande d’un café demeure par ailleurs l’irremplaçable signe de bienvenue envers tout nouveau visiteur. Après que des herbes fraîches ont été répandues sur le sol, « l’officiante » s’installe sur un petit tabouret pour se livrer à une préparation qui peut durer plus d’une demi-heure. Autour d’elle sont disposés tous les ustensiles nécessaires à l’exécution du cérémonial : un brasero, un brûle-encens, une cafetière, un mortier et un plateau surélevé garni de petites tasses sans anse. Les graines de café vertes, rincées à plusieurs reprises, sont d’abord torréfiées sur la braise. Avant d’être broyées puis mises à infuser dans une cruche d’eau bouillante, les graines fumantes sont présentées aux convives, le plaisir olfactif devant précéder celui de la dégustation. Du pop-corn est distribué en guise de passe-temps pendant qu’un autre brasero, largement alimenté en encens et mélange de plantes aromatiques, diffuse une fumée chargée d’odeurs subtiles qu’il est d’usage de diriger vers les hôtes. Enfin, le café brûlant est servi, parfois accompagné d’une petite plante aromatique ou accompagné de pop-corn. La même mouture servira à trois préparations successives, rendant le breuvage de plus en plus léger. Ceux qui aiment leur café sans sucre auront la prudence de se manifester avant le service, les Éthiopiens ayant l’habitude de sucrer thé et café de façon excessive.

Le Café Tomoca d’Addis-Abeba, une institution

Si vous trouvez de nombreuses marques de café avec de jolis emballages à rapporter en cadeau dans les boutiques touristiques d’Addis-Abeba, une marque doit attirer votre attention : Tomoca. Mais il est essentiel de se rendre à la maison mère de la marque pour apprécier son charme. S’il existe plusieurs cafés à ce nom, celui situé en haut de l’avenue Churchill et à l’angle de la rue Wavel est le plus emblématique. Avec son style de café italien des années 1950, cette petite boutique aux murs jaunis citant Balzac exhale de merveilleux effluves. Elle offre le plus grand choix de café de la capitale, sélectionné et torréfié sur place. Le meilleur aux dires des spécialistes. Le macchiato est un must ! On choisit, selon ses goûts, parmi les graines offrant un joli dégradé de teintes. Ensuite, muni d’un jeton de couleur désignant la provenance du café, on attend que soit préparé le breuvage de buna que l’on déguste dans un petit verre accoudé au vieux comptoir. On peut également acheter des paquets de café en souvenir. Attention de ne pas vous tromper d’adresse, un autre café Tomoca existe sur l’avenue Churchill, à moins de 500 m du site historique. Plus d’information sur www.tomocacoffee.com.