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Pélicans sur le lac Tana © Artush - Shutterstock.com.jpg
Fleurs de Masqual dans les montagnes du Simien © Bluerain - Shutterstock.Com.jpg

Le lion d’Abyssinie, l’emblème royal

Aussi appelé lion de Juda, ce félin à crinière noire endémique à la région est un symbole fort du pays. Doté d’une crinière noire, il est surnommé le lion noir. L’empereur Hailé Sélassié en avait fait son emblème royal. Le patrimoine génétique des lions abyssiniens fait encore l’objet de débats parmi les scientifiques, mais pour les Éthiopiens, aucun doute, il est unique. Il est aujourd’hui menacé par une destruction programmée de son habitat naturel, avec l’expansion des villages et des cultures. Les habitants empiètent régulièrement sur le territoire des parcs nationaux par manque de place, et se retrouvent en conflit avec les lions. En quelques décennies, ils ont pratiquement disparu de la carte, chassés par la pression démographique. Selon une étude récente, ils seraient environ un millier, regroupés dans les zones frontalières du Soudan du Sud, de la Somalie et une poignée dans les parcs nationaux du centre et de l’est du pays.

Le renard (ou loup) d’Abyssinie et autres félins


Également appelé chacal rouge ou loup du Simien, il vit dans les régions alpines entre 3 000 et 4 500 m d’altitude. Aujourd’hui rare dans le massif du Simien, on le rencontre plus facilement dans les montagnes du Balé, en particulier sur le plateau de Sanetti, mais aussi dans les montagnes du Lasta autour du sommet d’Abuna Youssef (au-dessus de Lalibela). Il en resterait 500 dans le pays, son plus grand prédateur étant le léopard qui vit aussi dans ces montagnes. Les trois espèces de chacals africains – doré, à chabraque et à flanc rayé – s’observent surtout au petit matin. Les chacals partagent les territoires de savane avec un proche cousin, l’otocyon, ou chien oreillard, reconnaissable à ses très grandes oreilles et qui a la particularité d’être exclusivement insectivore. Prédateurs essentiellement nocturnes et solitaires, serval, chat sauvage, civette et caracal offrent moins d’occasions de se laisser approcher.

L’ibex walia et le babouin gelada, emblématiques du Simien

C'est une espèce de bouquetin de montagne qui a frôlé l’extinction. Il reste encore l’animal le plus menacé d’Éthiopie. On le trouve sur les parois rocheuses et escarpées du Simien et il est fréquent de le voir de loin pendant l’ascension du Ras Dashen. D’autres antilopes d’altitude existent, comme le nyala de montagne, qui vit au-dessus de 3 000 m. Son habitat est confiné aux massifs de l’Arsi et du Balé. Poétiquement baptisé « babouin au cœur saignant » en raison d’une tache pourpre caractéristique qui illumine son poitrail à la fourrure épaisse, le gélada est un singe pacifiste endémique à l’Éthiopie, largement répandu sur les hauts plateaux. On le rencontre très facilement dans le Simien où il évolue en horde de plusieurs dizaines d’individus. Vous le reconnaîtrez à sa tignasse blonde qui a l’air d’avoir été coiffée en brushing, et vous n’aurez aucun mal à l’approcher. On en trouve aussi vers Dejen et Debre Libanos près des gorges du Nil sur la route de Bahar Dar. Parmi les primates présents en Éthiopie, le guéréza ou colobe, vêtu d’une houppelande de poils blanc et noir parée d’une queue touffue, voisine avec le singe vert ou grivet au pelage soyeux dont la coloration varie du gris argent au vert-jaune. Plus rares, les cercopithèques se concentrent dans les zones plus marécageuses au sud-ouest du pays. Trapus et familiers des territoires de savane, le babouin anubis et le babouin hamadrya passent le plus clair de leur temps au sol à la recherche de nourriture, en troupes parfois nombreuses. Bien que leur aire de répartition soit beaucoup plus vaste, ces deux espèces se laissent facilement observer dans le parc de l’Awash.

Des hippopotames et crocodiles nombreux, éléphants et girafes rares

L’Éthiopie compte quelque 242 mammifères terrestres répertoriés à ce jour, dont 28 sont endémiques. Les hippopotames sont nombreux à peupler les grands lacs et les rivières, où ils voisinent fréquemment avec une vaste population de sauriens, en majorité des crocodiles du Nil, les plus gros et impressionnants qui existent sur la planète, dont les plus gros spécimens peuvent dépasser les 6 m et peser 1 t. La population sur le lac Chamo est la plus impressionnante (environ 2 000 têtes) et vous les approchez avec un guide en bateau à coque en fer lorsque vous partez en excursion. On peut également en voir sur les rives du lac Abaya, mais moins car il est moins poissonneux. Leur mâchoire peut broyer les bateaux avec une pression de 266 kg/cm3, contre 70 kg/cm3 pour la hyène qui brise déjà des os, et 13 kg/cm3 pour l’homme. Lorsqu’il attrape une proie, il tourne sur lui-même pour augmenter la pression et noyer sa proie.
Les grands mammifères africains, tels qu’éléphants et girafes, ne comptent plus que quelques représentants, regroupés principalement dans les régions isolées du sud-ouest du pays où se regroupent également les troupeaux de buffles. Parmi les petits mammifères, on retiendra les espèces endémiques que sont le lièvre de Stark, la souris des bananiers et le rat-taupe géant. Au chapitre d’étrangetés, l’oryctérope au long museau et le pangolin au corps recouvert d’écailles, tous deux fouisseurs friands de termites, sont strictement nocturnes et donc très difficiles à observer.

La grande famille des antilopes en Éthiopie

Elle compte de nombreux représentants qu’il est relativement aisé de différencier à leur taille et à la forme de leurs cornes. Le bubale de Swayne est endémique à l’Éthiopie. Concentrée dans les régions de savane boisée et les grandes plaines, cette espèce d’antilope est relativement rare et peut être observée dans les parcs de Nechisar et de l’Awash, où elle a fait l’objet d’une réintroduction, ainsi que dans les sanctuaires de Yabelo et Sankele. Parmi les antilopes miniatures, l’oréotrague fréquente les terrains rocheux accidentés, tandis que l’ourébi et le céphalophe couronné préfèrent les savanes humides. Plus petit encore, le dik-dik se rencontre dans les habitats de brousse épineuse et a la particularité de vivre en couple monogame. De taille moyenne et aux cornes élancées, les gazelles de Soemmering et les gazelles de Grant se répartissent sur des territoires de plaines à herbe rase. Le gerenuk, ou gazelle de Waller, appelée gazelle girafe en raison de son très long cou, se rencontre dans les zones semi-désertiques, et seul le mâle porte des cornes en forme de « S ». 
Parmi les grandes antilopes, pouvant atteindre un mètre au garrot, aux cornes arquées, on compte quatre espèces de cobs. Le cob de Buffon et le cob lechwe ne se trouvent que dans le parc de Gambela, alors que le cob des marais se concentrerait au sud-est du pays et le long de la rivière Wabe Shebelle. Beaucoup plus commun, le cob defassa a un territoire s’étendant des parcs du sud jusqu’à la réserve de Yangudi Rassa. Le nagor et le redunca de montagne, plus rare, complètent cette famille. Les antilopes les plus majestueuses sont représentées par l’oryx aux longues cornes droites et par les petits et grands koudous, reconnaissables aux rayures blanches striant leur robe grise et à leurs cornes spiralées, ils sont fréquents dans les grandes plaines et la brousse épineuse de l’Awash. Le guib harnaché, répandu dans divers habitats de forêt et de savane arbustive, est plus commun que le guib de Ménélik, espèce vivant essentiellement dans les montagnes du Balé et du Simien. Enfin, le nyala de montagne constitue, avec le grand koudou, le plus beau trophée, avec ses cornes spiralées pouvant mesurer jusqu’à 115 cm.

Les hyènes nombreuses dans le pays, sacrées à Harar

Des grands félins sont présents en Éthiopie, mais en petit nombre, tels que le lion, le guépard et le léopard, ce dernier est sans doute celui qui compte le plus d’individus, mais c’est aussi le plus discret et difficile à compter. La hyène tachetée, plus imposante que sa cousine rayée, est aussi considérée comme l’un des plus grands carnivores d’Afrique, la femelle pouvant peser jusqu’à 80 kg. Pouvoir observer l’un de ces trois princes de la faune africaine relève donc de la chance et constitue un moment qu’il faut savoir apprécier. On peut néanmoins les entendre très fréquemment (les hyènes crient en se déplaçant la nuit) autour des villes. À Harar, trois colonies d’environ 300 hyènes au total sont nourries à la tombée du jour dans les phares des voitures par une famille de dresseurs de hyènes qui se transmettent ce privilège de génération en génération et invitent les visiteurs (touristes compris) à nourrir les hyènes aussi avec de la viande suspendue à un petit bout de bois qu’on vous cale entre les lèvres, frissons assurés !

Des oiseaux très nombreux autour des lacs éthiopiens

La richesse ornithologique du pays est telle – 850 espèces recensées à ce jour – que l’identifier précisément nécessite le recours à des livres spécialisés. Les oiseaux se concentrent surtout autour des lacs alcalins de la vallée du Rift, des lacs de cratères et du lac Tana, mais aussi le long des cours d’eau et dans les forêts luxuriantes. Avec des populations de 300 à 400 espèces différentes, les parcs d’Abijata-Shalla et de l’Awash, mais aussi le massif du Balé avec un fort degré d’endémisme, constituent des lieux d’observation ornithologique privilégiés. Si l’autruche est sans conteste le plus grand des oiseaux et règne sur les plaines semi-arides de l’Ouest, deux autres congénères hauts sur pattes ne manquent pas de surprendre les visiteurs. Le serpentaire, rapace gris pourvu d’une crête de plumes érectiles, se déplace à pas comptés dans la savane en quête des serpents. Tout aussi imposante, l’outarde de Kori offre un spectacle fascinant lors de ses parades nuptiales : gonflant les plumes de son cou, l’oiseau piétine le sol en tournoyant et vibre de tout son corps en gloussant. Au bord des lacs où trône le marabout hideux, cou enfoncé dans les épaules, aigrettes, hérons, cigognes et spatules déploient leurs silhouettes élégantes. Parmi ces échassiers, le tantale ibis, plumage blanc et queue noir satiné, et le jabiru du Sénégal, grande cigogne à tête noire et au bec rouge, paraissent particulièrement majestueux. Sur ces vastes étendues aquatiques, les pélicans circulent par centaines et les flamants roses des lacs Abijata et Chitu apportent leur teinte insolite au décor. Si l’ibis sacré est un adepte des rivages lacustres, l’ibis hagedash fréquente aussi les savanes et les terres agricoles, alors que l’endémique ibis caronculé, reconnaissable à son excroissance pendant sous la gorge, s’observe fréquemment sur les hauts plateaux. Une multitude de rapaces peuple les cieux de sa présence menaçante. Au-dessus des plaines, des lacs, des savanes ou des canyons planent diverses espèces de buses, vautours, faucons et aigles en quête d’une proie. Parmi les oiseaux à gros bec, le calao se taille la part du lion. Le calao à bec plat, le calao à bec rouge et le calao huppé, identifiable à son bec surmonté d’un casque pointu jaune, sont de gros volatiles qui s’observent en vol ou perchés. Rien de comparable toutefois avec le calao d’Abyssinie, que l’on voit souvent déambuler dans les savanes herbeuses et que l’on reconnaît à son casque court et à sa poche gulaire rouge ou bleue.

Une flore endémique très riche encore méconnue

Marquée par un fort endémisme, la flore éthiopienne est d’une diversité extraordinaire mais encore peu connue. Durant la période de floraison, en septembre et octobre, de véritables tapis de fleurs jaunes couvrent les campagnes. Appelées « fleurs de Masqal » (adey abeba, en amharique), en honneur à la fête de la Croix célébrée à cette époque, elles sont le symbole de la flore éthiopienne, annonçant le retour de la période sèche et le temps des moissons. Certaines fleurs qui poussent sur les hauts plateaux sont communes à d’autres zones au climat tempéré, comme les mourrons, de couleur rouge ou bleue. Plus en altitude et particulièrement répandus dans le Balé, l’aloès, plante à petites clochettes, et le Knifolia foliosa, en forme de flambeau, déploient leurs couleurs rougeoyantes.
Caractéristique des zones habitées de moyenne altitude, l’euphorbe, une sorte de cactus à la structure de candélabre, est souvent utilisé en guise de clôture autour des maisons ou des champs. Les régions de montagne sont caractérisées par une végétation de bruyères de la famille Erica, parsemée de nombreuses fleurs multicolores endémiques et d’immortelles et dominée par le lobélia géant.
Les forêts, particulièrement denses dans le Sud-Ouest et dans le massif du Balé, comptent une grande diversité d’essences, parmi lesquelles le ficus, le Cupressus, l’Hagenia abyssinica appelé kosso, ou le Juniperus. L’imposant figuier sycomore ou le tulipier de Gambie, reconnaissable à ses grosses fleurs orangées, sont également des essences communes. Dans les régions plus arides, l’acacia est le dernier arbre à résister au milieu d’une végétation arbustive dominée par le Balatines aegyptica aux impressionnantes épines. L’acclimatation de nombreuses espèces végétales européennes fait d’Addis-Abeba une capitale très fleurie, dominée par l’omniprésent eucalyptus, essence elle aussi introduite et qui a rapidement proliféré.

L’eucalyptus, importé et invasif, est devenu problématique

Au cours des trente dernières années, près de 80 % des forêts éthiopiennes ont été décimées pour répondre aux besoins en combustible et en bois de construction. On estime que 150 000 à 200 000 ha de forêts sont détruits chaque année dans le pays. L’Autorité de protection de l’environnement (EPA) est l’administration responsable au niveau national du combat contre la désertification et la sècheresse. À la fin du XIXe siècle, des eucalyptus d’Australie et de Madagascar furent introduits pour lutter contre la déforestation. Ainsi, l’eucalyptus fut l’arbre salvateur de la capitale Addis-Abeba qui, sans lui, aurait été délocalisée plus à l’ouest, à Addis-Alem. Pourtant, ces arbres au développement très rapide ont eu un effet négatif sur l’environnement. La faune endémique ne les apprécie guère et rien ne pousse autour de leurs racines (à cause de leur grande consommation en eau), si bien que les forêts d’eucalyptus ne font que précipiter l’appauvrissement des sols. Aujourd’hui, et pour assurer un meilleur équilibre naturel, le reboisement doit miser sur la diversité des espèces et s’appuyer notamment sur la recolonisation des essences autochtones.