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Art rupestre

A l'instar d'autres pays sahariens comme l'Algérie, le Mali, le Niger et le Tchad, la Mauritanie est riche en peintures et en gravures rupestres. Datées du début du Néolithique (vers 7 000 av. J.-C.), elles représentent les spécimens de la faune sauvage : crocodiles, girafes, éléphants et rhinocéros. D'autres artistes, 4 000 ans plus tard, nous montrent surtout leurs troupeaux de bovins. Vers 1 000 av. J.-C., les scènes de chasse font leur apparition sur la roche.

Les gravures et peintures rupestres sont concentrées dans la région de l'Adrar, à El-Ghallâouïya, au nord-est de Ouadane et dans la passe d'Amogjar. Une célèbre frise de danseurs orne l’un des abris sous-roche du site d’Agrour Amogjar. Plus généralement, les dhars qui longent les pistes entre Atar, Tidjikja, Tichit et Oualata sont truffés de ces représentations, particulièrement à Aghrijit. Ce petit village, situé à une trentaine de kilomètres à l'est de Tichit, présente l'avantage, en plus de ces gravures rupestres, d'être un site archéologique exceptionnel.

Scène culturelle

Terre de métissage arabo-berbère et subsaharienne, la Mauritanie voit ses artistes s’organiser depuis une vingtaine d’années. La peinture est le moyen d’expression dominant. L’Union des Artistes Peintres de Mauritanie est fondée en 1999 ; en 2009, le M-Art, un collectif de jeunes plasticiens, s’organise.

Pour la plupart autodidactes, les artistes s’adaptent au manque de structures. Saleh Lô apprend la peinture grâce à des tutos. Il traite des thèmes sociaux, comme les enfants de la rue et l’esclavage, dans un style réaliste. Habile portraitiste, il multiplie les résidences et les programmes d’échanges culturels.

Malika Diagana exprime son talent par la photographie. Née d’un père mauritanien et d’une mère cap-verdienne, elle poursuit des études de graphisme et de vidéo à Dakar. Dans ses portraits, le plus souvent en noir et blanc, elle évoque un multiculturalisme entre passé et futur.

Amy Sow

L’artiste Amy Sow est très impliquée dans le milieu de l’art. Née en 1977 à Nouakchott, elle questionne la condition féminine dans ses peintures. Sa première exposition est accueillie en 2004 au Musée National de Nouakchott. Bien vite, la plasticienne d’origine peule est reconnue au-delà des frontières. Elle est invitée à exposer au Festival mondial des arts nègres de Dakar, en 2010, puis en Espagne, et aux États-Unis.

A la tête du Festival Libre Art (+), elle ouvre Art Gallé à Nouakchott, à la fois galerie d’art et résidence d’artistes. Ce lieu, entièrement construit en matériaux de récupération, a reçu Emmanuel Macron lors d’une visite officielle. A noter, « Ar Galle » signifie en peule « viens à la maison » !

Artistes mauritaniens d’ailleurs

Des artistes, expatriés, ont choisi la Mauritanie comme le Britannique Chris Anthem qui aime peindre en plein air, sur la côte atlantique. On retrouve dans ses œuvres la langueur et la luminosité de la plage mauritanienne. Il expose à la galerie Zeinart, lieu de rencontres qui œuvre à une meilleure connaissance de la Mauritanie.

Depuis 1998, l’artiste française Nicole Vignote s’est établie en Mauritanie. Après avoir côtoyé le milieu artistique parisien, du côté de la Bastille, elle voyage aux quatre coins du monde avant de poser ses bagages en Mauritanie. Peintre et sculptrice, elle puise dans toutes les cultures qu’elle a croisées sur sa route. L’artiste est aussi la fondatrice de l’Association des Artistes Mauritaniens et du Cercle des Poètes. Nicole Vignote anime des ateliers d’arts plastiques et agit en faveur des droits de l’enfant à l’occasion de manifestations culturelles locales.

Première vague d’artistes

Parmi les autodidactes qui ont posé les jalons de l’art mauritanien, Hamed, né à Rosso, arrive à la peinture par la calligraphie. A la faveur de son style minimaliste tout en courbes et en couleurs chaudes, il invite à découvrir le quotidien des nomades.

Souleymane Abbas, peintre et sculpteur, vit entre la Mauritanie et le Sénégal. Ses œuvres empreintes de sagesse et de poésie se situent à la charnière de l’abstraction et de l’art subsaharien. Il est l’un des fondateurs de la Maison des artistes.

Moctar Ould Sidi Mohamed, plus connu sous le nom de Mokhis, naît en 1957 à Rosso. D’abord dessinateur, il passe à la peinture en préparant lui-même ses toiles et ses pigments. Son geste s’appuie sur l’instinct, la respiration, le mouvement automatique et la lumière. La jeune génération le cite volontiers comme son maître.

Pionnier de la peinture contemporaine mauritanienne, Mamadou Anne découvre sa fibre artistique au cours d’un voyage en Italie, dans les années 1970. Passionné de musique et de peinture, ses tableaux font penser à une danse de formes et de couleurs.

La relève

Ces vingt dernières années, de nouveaux lieux d’exposition voient le jour. En 2003, deux enseignantes ouvrent la première galerie privée à Nouakchott : la galerie Sinaa. Le lieu se déplace ensuite à l’îlot K et s’agrandit. Arts et artisanats locaux y sont les bienvenus.

La peintre Zeinebou Mint Chiaa, née en 1986 à Nouakchott, donne vie à son imagination par le dessin, et la peinture. Élève du peintre Mokhis à la Maison des artistes à la Socogim Tevragh'Zeïna, elle se tourne vers l’abstraction. Ses grandes toiles réalisées en techniques mixtes associent le sable, les pigments, le collage et la peinture. Elles ont été exposées à l’Institut Français de Nouakchott. Zeinebou Mint Chiaa utilise une partie de ses bénéfices pour aider les enfants en difficulté.

Également élève de Mokhis, Mohamed Aly arrive à la peinture par la calligraphie. Son inspiration, nourrie de culture nomade et de motifs ancestraux, s’exprime dans un style résolument moderne.

La galerie Zeinart continue de promouvoir la diversité. Parmi les artistes locaux qu’elle soutient, on peut admirer des peintres abstraits comme Mamadou Anne ou découvrir le jeune Oumar Ball, notre coup de cœur ! Ce génie précoce est très apprécié dans son pays mais aussi en Europe. La reconnaissance d’Oumar Ball est grandement méritée. En sculpture, ses silhouettes filiformes intemporelles attestent d’une étonnante maturité. Quant à ses dessins d’animaux, ils évoquent l’art rupestre, avec une touche de poésie et une pointe d’abstraction qui les rendent inoubliables. Des talents à suivre de près…