L’animisme, une croyance bien ancrée

Le terme d’animisme désigne la croyance aux âmes et aux esprits, les anthropologues lui préfèrent aujourd’hui les concepts de magie et de sacré. Quoi qu’il en soit, ces religions issues de diverses ethnies ont des points communs comme la croyance en un dieu créateur de toute chose. Chez les Bantous, il se nomme Nzambi, « que personne n’a créé, que personne ne surpasse ». Il est inaccessible, ainsi les hommes se tournent-ils vers des divinités intermédiaires, génies ou ancêtres, pour obtenir guérison, bonnes grâces, conseils par le biais de dons et sacrifices. Pour diriger les cérémonies, on fait appel à un devin-guérisseur, le ngaa chez les Batéké, le nganga chez les Bakongo, qui sait intercéder auprès des ancêtres et interpréter les messages venus de l’au-delà. Une des fonctions primordiales du devin est la fabrication d’objets, statuettes, talismans investis de pouvoirs magiques qui protégeront des Ndokis, des sorciers redoutables qui peuvent être à l’origine d’une maladie grave.

Le christianisme, la religion majoritaire au Congo

Catholiques et protestants représentent la plus grande partie de la population congolaise. Si les Portugais ont évangélisé le royaume du Kongo aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'Église catholique romaine n’a célébré le centenaire de la christianisation du Congo qu’en 1983, prenant comme repère le débarquement de l’abbé Carrie à Luango le 23 août 1883 qui fonda aussitôt la première Mission catholique. L’abbé Augouard le suivit deux ans plus tard et entreprit d’évangéliser le nord du Congo. Depuis 1973, la hiérarchie catholique est entièrement congolaise. Pour les protestants, des ramifications des Églises libres de Suède, comme la Mission évangélique du Congo, sont implantées depuis le début du XXe siècle. D’autres Églises scandinaves suivront tout au long de ce même siècle.

Les Églises messianiques, la voix indépendante des prophètes

Au croisement du mouvement religieux, de l’éveil des consciences et de l’action politique, deux Églises, le kimbanguisme et le matswanisme, ont joué un rôle émancipateur très fort des deux côtés du fleuve, jusqu’à créer un sentiment de crainte de la part du pouvoir colonial. Ces mouvements religieux du bassin du Congo peuvent être interprétés de différentes manières. L’une des analyses évoque la faiblesse de la formation théologique des catéchistes locaux permettant à des figures charismatiques de faire émerger des croyances indépendantes, tout en refusant de collaborer avec le pouvoir colonial. L’autre interprétation renvoie au caractère révolutionnaire du christianisme, pas connu des Églises occidentales. Il aurait été remis au goût du jour par les prophètes africains qui se seraient rendu compte que le comportement des Blancs en Afrique ne correspondait pas aux discours des missionnaires occidentaux. Depuis quelques années, l’évangélisme se signale par un mélange détonnant de show façon télévangéliste américaine, chœur et orchestres qui font maintenant partie du paysage musical des deux capitales congolaises, peopolisation, matraquage médiatique. A l’instar des télévangélistes américains, des prédicateurs congolais captivants ont monté leurs propres chaînes de télévision ou de radio où ils traitent de divers thèmes religieux et diffusent des chants liturgiques en langues vernaculaires. Citons par exemple le pasteur congolais Yvan Castanou, qui dispense des enseignements vivants et dynamiques en direct sur Internet et à travers son émission « Pour une vie d’impact » diffusée sur plusieurs radios et chaînes de télévision francophones.

Le kimbanguisme, une religion prophétique

Fondé par Simon Kimbangu, le kimbanguisme est une Église indépendante africaine chrétienne. Depuis 1987, son nom officiel est « l’Église de Jésus-Christ sur la Terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu ». Avec environ 32 millions de disciples dans le monde, cette religion prophétique est pratiquée principalement en République démocratique du Congo, au Congo-Brazzaville et en Angola et aussi par la diaspora africaine. Pour cette religion, Jésus est un Noir africain, né le 25 mai et non le 25 décembre. On compte également dans le kimbanguisme de nombreux interdits : prohibition des boissons alcoolisées, de la drogue, du tabac, de l’adultère, de la consommation du porc et du singe ainsi que de la danse. Cependant, la musique est autorisée et l’Église kimbanguiste possède un orchestre symphonique renommé. Né au Congo-Kinshasa en 1889, Simon Kimbangu suit l’enseignement religieux des missionnaires avant de devenir manœuvre dans une huilerie, puis cheminot. Le 6 avril 1921, il annonce avoir vu Jésus-Christ qui lui aurait permis de guérir les malades, ce qu’il fait avec succès. Bientôt considéré comme un prophète, sa renommée s’étend dans toute l’Afrique centrale. La puissance coloniale veut casser ce pouvoir émergeant, le prophète noir sera condamné à perpétuité pour sorcellerie et agitation politique. Il mourra en prison après trente ans de captivité. De 1969 jusqu’en 2001, l'Église kimbanguiste appartenait au Conseil œcuménique des Églises avant d’en être retirée depuis l’auto-proclamation du fils de Simon Kimbangu, comme la « réincarnation du Seigneur Jésus-Christ ». Elle reste membre toutefois de la Conférence des Églises de toute l’Afrique depuis 1974.

Le matswanisme, un mouvement politico-religieux

Association politique fondée au Congo dans les années 1930, le matswanisme est né de la revendication d’une indépendance face aux colonisateurs européens, tout en prônant l’égalité sociale et économique des Congolais. Son nom est tiré de la grande figure émancipatrice et religieuse, André Matswa, dit Grenard. Né en 1899, il reçoit l’enseignement des pères spiritains, puis s’enrôle dans l’armée française en tant que sergent des tirailleurs. Il séjourne ensuite à Paris, travaille comme comptable de l’assistance publique dans le département de la Seine et se lie avec les milieux indépendantistes. Plusieurs fois incarcéré pour anticolonialisme, il est déporté au Tchad en 1930, s’enfuit, mais est repris pendant la Seconde Guerre mondiale. De nouveau incarcéré, il meurt à la prison de Mayama en 1942. De l’attente fervente de ses proches qui ne croient pas à sa mort naîtront une réelle vénération et le mouvement religieux qui porte son nom.