Les Bakongo, l’ethnie majoritaire du pays

Les Bakongo représentent à eux seuls plus de la moitié de la famille bantoue. Ils sont pour la plupart implantés dans le sud du pays, de Brazzaville jusqu’à Pointe-Noire sur la côte atlantique. Au-delà du Congo-Brazzaville, l’aire de peuplement des Bakongo s’étend jusqu’à Luanda en Angola et jusque dans la province du Badundu au Congo-Kinshasa. La population kongo était estimée à la fin du XXe siècle à environ 10 millions de personnes. On trouve parmi eux les Laris (ou Balari) vivant à l’origine autour de Brazzaville, dans la région du Pool ; les Vilis ou Bavili sur la côte atlantique (Pointe-Noire dans la région du Kouilou) ; les Yombés (Bayombé) dans le massif du Mayombé dans le Niari, ainsi que les Basoundi, les Babembé, les Bakemba, et bien entendu les Bakongo. La majorité parle le kikongo ou ses dialectes. Malgré la diversité, la notion de clan, au sens large du terme, est importante chez les Bakongo, tous les membres descendant, à l’origine, des mêmes parents.

Les Batéké, un peuple répandu à travers le pays

La famille téké constitue environ 20 % du peuple congolais. Ils comportent une dizaine d’ethnies différentes, parmi lesquelles les Tios, les Baboma, les Tégués, les Bangangoulou, les Batéké-Lalis. Agriculteurs et négociants, ils descendent des rois tékés, rivaux du royaume Kongo, appelés makokos, avec qui Savorgnan de Brazza signa, à Mbé, en 1880 le premier traité de protectorat où le roi Iloo cédait à la France « ses droits héréditaires de suprématie ». Les Batéké sont installés sur les plateaux du même nom au nord de Brazzaville, dans les départements de la Lékoumou, de la Cuvette ouest (où ils sont appelés Mbéti et Tégué), du Niari (où ils sont nommés nzabi), de la Bouenza et de la région du Pool. On les trouve aussi dans le sud-est du Gabon et à l’ouest de la République démocratique du Congo.

Les autres ethnies bantoues

Implantés pour leur part au nord des plateaux Batéké, les Mbochis représentent le troisième groupe ethnique du Congo, appartenant à la famille bantoue. Ils sont divisés en plusieurs ethnies : bonga, boubangui, kouyou, likouaka, likouba, mboko, makoua, mbochi, moye et ngaré. Ils habitent dans les deux départements de la Cuvette (Owando, Oyo, Etoumbi…) et le long des grandes rivières poissonneuses que sont la Sangha et la Likouala. Les Sanghas, Makouas et Oubanguiens sont les trois derniers grands groupes ethniques, parmi lesquels on retrouve en tête les Sanghas, regroupant eux-mêmes une dizaine d’ethnies différentes (Bomitabas, Bonguilis, Pomos, Bangalas…). Ils vivent tout au nord du pays dans la forêt équatoriale. Ils sont éleveurs et pêcheurs, et l’exploitation du bois est également devenue l’une de leurs principales activités.

Les Aka, les autochtones du Congo

Considérés historiquement et peut-être à tort comme les premiers habitants du Congo, avant les migrations bantoues venant du nord de l’Afrique un millénaire av. J.-C., les Aka sont un peuple d’autochtones nomades d’Afrique centrale qui habite principalement au sud de la République centrafricaine et dans le nord de la République du Congo. Ils sont estimés à une trentaine de milliers d’individus au Congo-Brazzaville, même si aucun recensement n’a été fait. Vivant de chasse, de pêche et de cueillette, les Aka, autrefois semi-nomades, sont de nos jours en voie de sédentarisation. Certains groupes pratiquent une agriculture de subsistance, d’autres sont employés par les industries forestières ou les Bantous. Au-delà des effets de l’économie de marché, la discrimination à laquelle ils font face entraîne leur marginalisation sanitaire et affecte leur patrimoine culturel et leurs savoirs traditionnels. D’ailleurs, depuis 2003, les traditions orales de l’ethnie Aka sont inscrites au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.

Une population étrangère commerçante

Les Congolais étant de piètres commerçants, la plupart des affaires sont tenues par des étrangers : les Maliens et les Béninois tiennent les petits commerces, puis, par ordre décroissant de la taille des business : Français, Libanais, Chinois. Les ressortissants de la République démocratique du Congo, très nombreux à Brazzaville, sont appelés sous diverses dénominations : « zaïrois », « kinois », « congolais d’en face », « congolais démocrates » ou même « rdécéens ». Ils sont souvent accusés d’importer tous les vices de Kinshasa, vol et prostitution en tête. Régulièrement, le gouvernement congolais expulse les réfugiés du nord, les sans-papiers ou les fauteurs de troubles, ce qui n’est pas sans créer de vives tensions entre les deux rives.

Un pays polyglotte

En plus du français comme langue officielle, la République du Congo compte deux autres langues nationales véhiculaires, le kituba et le lingala, qui sont inscrites dans la Constitution. Le kituba, également appelé le munukutuba, est une langue du groupe bantou parlée par 50,3% de la population nationale. On l’entend principalement dans le sud du Congo, mais aussi dans le nord-ouest du Congo-Kinshasa et en Angola. L’origine du kituba est un pidgin apparu grâce aux échanges commerciaux sur les bords de l’embouchure du fleuve Congo, avant l’exploration de l’intérieur africain par les missionnaires et les colons européens qui y répandirent cette langue véhiculaire au détriment des différents dialectes kikongos. Quant au lingala, cette langue est issue du bobangi, dialecte du pays Ngala, région située entre le fleuve Congo et l’Oubangi. On estime le nombre d’interlocuteurs à 30 millions, répartis entre le Congo-Kinshasa et Brazzaville, l’Angola et jusqu’en Centrafrique. Le lingala est actuellement largement parlé dans les deux Congo, au nord du Congo-Brazzaville tout spécialement, dans les médias, l’armée, les discours officiels et la chanson populaire, qui reste son meilleur moyen de transmission. Le lari, langue construite à partir du soundi et du téké, peut être considéré comme la troisième langue locale du pays. Elle est parlée dans le département du Pool et dans les quartiers sud de Brazzaville. Outre ces quatre langues, les Congolais parlent de nombreuses autres langues régionales, comme le kikongo, le téké et le mbochi, qui sont comprises par des groupes minoritaires, bantous ou autochtones.