La Côte d'Ivoire, ce " léger piment qui relève le goût de vivre ", est connue pour sa capitale économique et festive : Abidjan. Mais le pays réserve bien des surprises aux visiteurs qui pousseront l'exploration plus loin. Elle offre des paysages poétiques entre océan et lagune sur 350 kilomètres de côte, là où les villages de pêcheurs perpétuent leurs traditions séculaires. L'intérieur des terres est doté d'une nature généreuse, protégée au sein de huit parcs nationaux. Des plantations de cacao verdoyantes au centre, des montagnes tropicales vers Man à l'ouest, laissent place à une savane sahélienne plus aride au nord vers Korhogo. Mais c'est la richesse culturelle de la Côte d'Ivoire qui fascine par-dessus tout le visiteur. Le pays compte près de 60 ethnies, un patchwork de coutumes et de folklores qui se découvrent dans les contrées rurales qui ont préservé leurs danses de masques et leurs rites initiatiques. Une plongée dans l'Afrique tribale mystique telle qu'on l'imagine.

Abidjan, capitale frénétique

Aussi appelée le " petit Manhattan d'Afrique " pour son quartier d'affaires du plateau construit tout en verticalité, Abidjan érige à l'horizon ses gratte-ciel, sa belle et grande mosquée et les lignes excentriques de sa cathédrale Saint-Paul réalisée dans les années 1980. La rue n'est que saturation de voitures, motos, de vendeurs informels. Mais c'est surtout la nuée de piétons qui plonge le visiteur dans sa cohue agitée. Le marché d'Adjamé est un immense dédale fascinant, fourmillant de stands et de femmes vêtues de robes et pagnes en wax coloré. Pour se relaxer, petit détour par l'île de Boulay, sur la lagune d'Ébrié. Ce " Beverly Hills " d'Abidjan offre des terrasses de restaurants chics, spécialement dans " la baie des milliardaires " qui superpose l'azur des piscines au bleu de la lagune. Pour manger un authentique plat ivoirien, direction Blockhaus au pied de l'hôtel Ivoire. Ce village d'irréductibles Ébriés a conservé ses maisons basses et une vie de pêche traditionnelle. Les femmes préparent l'attiéké dans des paniers de semoule de manioc, composant des scènes pittoresques. On y mange d'ailleurs le meilleur poisson braisé attiéké de la capitale. Mais venir à Abidjan sans goûter à l'ambiance nocturne de la ville la plus festive d'Afrique serait passer à côté de son âme. Le quartier huppé de Cocody est particulièrement agité, avec ses maquis et clubs de zouglou ou coupé-décalé. Cette musique chaloupée incarnée par le regretté DJ Arafat, décédé il y a quelques mois, fait danser la ville chaque soir jusqu'au matin. Le " Couper-Décaler-Travailler " abidjanais, c'est un peu le " métro-boulot-dodo " parisien !

Assinie et Grand-Bassam, entre océan et lagune

Pour se déconnecter, direction Assinie, à 100 km d'Abidjan. La perle côtière ivoirienne est posée sur une langue de sable de quinze kilomètres, au coeur du Parc national des îles Ehotilé. Les luxueux hôtels s'égrènent sur la plage ourlée de vagues d'un côté, baignée par la lagune de l'autre. Des piscines invitent au repos sous les cocotiers. Les sportifs apprécieront les gros rouleaux de l'océan pour surfer. L'exploration tranquille en pirogue est une découverte de villages dans la mangrove, où les hommes rapportent la pêche et le bois de palétuviers, tandis que les femmes fument du poisson. Plus populaire qu'Assinie, Grand-Bassam, le quartier côtier d'Abidjan, étale ses plages bordées de maquis et de restaurants de poisson et fruits de mer, débordantes de familles et groupes d'amis venus de toute la ville passer la journée.

Dans le sable, on joue au foot, un sport très populaire porté par l'équipe nationale des Éléphants, qui a érigé Didier Drogba au rang de héros national. Grand-Bassam compte des villas décrépites par le temps et envahies par la végétation dans son quartier France du début du XXe siècle, classé à l'UNESCO. La place de la Paix, le vieux phare et le Palais royal prennent vie en octobre, lorsque la communauté Akan N'Zima, célèbre la fête d'Abissa. Un défilé de couleurs, de danses et de musiques, rythmé par le " tam-tam parleur " appelé Edo-N'gbolé.

À l'ouest : des paysages de forêts et de montagnes

Sur la côte ouest du pays, Grand Lahou, petite bourgade de maisons en palmiers et bambous, est l'étape essentielle des randonneurs du Parc national d'Azagny. Des balades en pirogue jusqu'aux " trois eaux " à l'embouchure du fleuve Bandama, sont l'occasion de découvrir la pêche à l'épervier, de surprendre quelques éléphants de forêt, crocodiles et tortues marines. Vers la ville de San Pedro, autour des villages de Fresco et Sassandra, on peut apercevoir de rares lamantins. Enfin, à l'extrême ouest, Grand Bereby compte la somptueuse baie des Sirènes, avec une magnifique plage et des piscines naturelles.

Les plus aventuriers pourront remonter jusqu'au Parc national de Taï tout proche, inscrit à l'UNESCO, qui abrite des éléphants, des chimpanzés, des singes colobes, et surtout une forêt primaire à la biodiversité unique de près de 200 espèces de plantes. Juste au-dessus, la région de Man et ses 18 montagnes recèle une cascade avec un pont de liane. Le mont Tonkpi y culmine à 1 123 m d'altitude, offrant une vue superbe. Chaque année, se tiennent dans les villages Dan et We de la région des fêtes de masques, des rituels tribaux fascinants.

Yamoussoukro, une capitale monumentale

En voyageant vers le centre, les plantations de cacao défilent dans le paysage, jusqu'à Yamoussoukro. L'ancien président Félix Houphouët-Boigny a décidé en 1983 d'ériger son village en capitale politique. Les premières lettres de chaque édifice situé aux quatre points cardinaux (la préfecture au nord, la Fondation pour la paix au sud, l'hôtel Président à l'est et la basilique à l'ouest) forment les initiales de l'ancien président. Ce dernier n'a pas lésiné sur le marbre, le granit, les bois précieux et dorures grand style pour ériger ces monuments. La fameuse basilique est une réplique de celle de Saint-Pierre du Vatican ! L'hôtel Président est dominé par un restaurant en forme de soucoupe volante, tandis que le Palais présidentiel abrite quelque 200 crocodiles sacrés nourris avec des poulets vivants tous les jours, un vrai spectacle ! Non loin de " Yakro ", le village de tisserands de Bomizambo est considéré comme la cité du pagne traditionnel dont les Gbomi sont les héritiers.

Baoulé, Sénoufo et danses de masques

Toujours au centre, direction Bouaké, la deuxième ville économique du pays, là où se trouve le tombeau de la mythique reine baoulé Abia Pokou, qui hanterait la forêt sacrée de Gnamonou. Cette ethnie qui peuple majoritairement la région est réputée pour le Goli, une danse sacrée de masques, représentant un crocodile et un éléphant, encadré de cornes. La cape est en peau d'antilope recouverte de fibres de feuilles de palmier. Une tradition unique au monde. Tout proche, Tanou Sakassou est une communauté de potiers remarquables. Plus loin, aux confins du pays, le Parc national de la Comoé est un sanctuaire pour la faune sauvage, en particulier les éléphants. D'autres célébrations de danse de masques sont accessibles aux visiteurs qui se donneront la peine de traverser la savane du nord, jusqu'à Korhogo. Dans les villages sénoufo environnants, des rituels initiatiques se déroulent lors des " poros ". Dans la région, un artisanat très riche, idéal pour faire de jolis cadeaux, existe à Katiola, réputée pour ses potières, Waraniéné pour ses tisserands, Koni pour ses forgerons et Fakaha pour ses peintres...

Après ce beau voyage, le retour dans la modernité d'Abidjan sera presque dépaysant ! L'occasion de visiter le musée des Civilisations qui détaille la richesse des différentes ethnies du pays. Une unité cosmopolite qui se retrouve et se mélange dans sa capitale. Un pays où l'éternel " ça va aller " est un leitmotiv optimiste, à l'image de son peuple qui a un sens inné de la fête et de l'accueil. Une vraie découverte d'aventure et de rencontre.

 

Infos futées

 

Quand ? Les températures sont constantes et assez chaudes. Les moins les plus favorables sont de novembre à avril, à la saison sèche. De mai à octobre, les précipitations sont élevées avec un pic en juin.

 

S'y rendre. Air France propose des vols directs (6h30) depuis Paris dès 430 € aller-retour.

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