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Structure étatique

Anciennes colonies britanniques devenues indépendantes, les Bahamas demeurent un État du Commonwealth. À ce titre, la reine Elizabeth II demeure le chef de l’État, titre acquis le 6 février 1952, et est représentée sur place par un gouverneur général, The Honourable Cornelius A. Smith depuis le 28 juin 2019. Le système légal quant à lui, est basé sur le droit anglais.

Si la monarchie est héréditaire, le gouverneur, lui, est nommé par le souverain anglais. Le troisième chef du gouvernement est le Premier ministre Philip Davos (depuis septembre 2021), nommé par le gouverneur général à l’issue des élections législatives. Le cabinet ministériel, enfin, est désigné par le gouverneur général sur recommandation du Premier ministre.

Le pouvoir législatif quant à lui est partagé par deux chambres. Le Parlement compte un Sénat (chambre haute) de seize membres désignés par le gouverneur général sur recommandation du Premier ministre, pour une période de cinq ans. L’Assemblée (chambre basse) compte quarante représentants élus directement par la population pour cinq ans. Les dernières élections ont eu lieu en septembre 2021 et le PLP – Parti Libéral Progressiste – a reconquis le pouvoir face au FNM - Free National Movement - d’Hubert Minnis.

Tourisme, la mamelle de l’économie

Disposant de peu de ressources naturelles et d’un faible secteur industriel, le pays se trouve totalement dépendant de l’industrie touristique, qui génère à elle seule l’essentiel des devises étrangères. Le tourisme et ses services rattachés représentent en effet plus de 60 % du PIB et le secteur emploie directement ou indirectement la moitié de la population active du pays.

Plus de 7 millions de touristes ont posé le pied aux Bahamas en 2019 (arrivées maritimes et terrestres confondues). Si les États-Unis constituent encore le principal vivier de population touristique des îles, le Canada et l’Europe se montrent de plus en plus attirés par l’archipel et ses eaux cristallines. La compagnie Air Caraïbes a d’ailleurs ouvert ses réservations de sièges début 2018 pour une traversée hebdomadaire Paris-San Salvador-Nassau (avec transfert Bahamasair pour la fin du périple) ; British Airways assure quant à elle 5 vols par semaine Paris-Londres-Nassau, avec des correspondances directes au départ de Paris, Lyon, Nice, Marseille, Toulouse, Bruxelles et Genève ; American Airlines poursuit également ses rotations quotidiennes depuis Paris vers Nassau, Freeport (Grand Bahama), George Town (Exuma) ou North Eleuthera ; et Air France, en partenariat avec Delta Airlines, opère elle aussi tous les jours des vols Paris-Atlanta-Nassau, George Town ou North Eleuthera. Avec près de 19 000 visiteurs en 2019 (+8,4 % par rapport à 2018), les Français constituent le second marché émetteur en Europe (hors croisières et groupes) après le Royaume-Uni. Réponse positive à la stratégie de l’office national du tourisme de promouvoir l’ensemble des seize destinations, le déploiement touristique touche l’ensemble des îles de l’archipel.

La construction d’hôtels, de complexes et de résidences est un facteur de croissance important du PIB. L’immatriculation de bateaux est également une source de revenus considérable puisque seul 0,2 % des bateaux immatriculés aux Bahamas appartiennent à des ressortissants locaux.

2021 a vu seulement 2 millions de visiteurs entrer aux Bahamas, mais ce chiffre est à imputer à la pandémie de Covid-19. 2022 s'annonçait excellente pour le tourisme aux Bahamas ; fin mai 2022, plus de 2,5 millions de visiteurs étaient déjà recensés.

La finance, un secteur actif

Même si l’obligation d’une représentation physique aux Bahamas a été introduite par la Banque centrale en 2001, réduisant ainsi le nombre de banques offshore ou sociétés de gestion de trusts à 230, les Bahamas demeurent l’une des premières places financières offshore du monde. Le secteur bancaire extraterritorial s’est développé depuis l’indépendance et ici, les banques prospèrent. Les autorités américaines estiment à 115 000 le nombre des IBC’s (International Business Companies) enregistrées aux Bahamas, parmi lesquelles environ 40 000 seraient actives. La finance est le second secteur après le tourisme de l’économie locale et représente environ 20 % du PIB. Le pays est un paradis fiscal et un centre bancaire pour les non-résidents. Les compagnies d’assurances sont également très présentes, ainsi que les fonds mutuels et les sociétés d’investissement. Aujourd'hui, les Bahamas deviennent également le berceau des grandes entreprises du monde des cryptomonnaies comme le montre l'installation en 2021, du siège de FTX, un des plus grands acteurs de ce secteur, jusque-là implanté à Hong Kong.

En avril 2010, les Bahamas sont sorties de la « liste grise » des juridictions non coopératives de l’OCDE, et malgré l’entrée en vigueur aux Bahamas la même année du Foreign Accounts Tax Compliance Act (FATCA), obligeant les entreprises financières américaines présentes dans le pays à s’enregistrer auprès de l’Internal Revenue Service (IRS) américain et à déclarer leurs clients sous peine de lourdes amendes, le secteur ne semble pas être trop affecté.

Industrie et agriculture à la traîne

L’agriculture et l’industrie (ciment, sel, rhum, raffinage du pétrole, transformation de produits, produits pharmaceutiques) ne pèsent respectivement guère plus que 2,3 % et 7,7 % du PIB. Langoustes et poissons sont exportés, mais ne sont pas élevés industriellement. L’agriculture, qui produit principalement des légumes et de la volaille, est le fait de petits exploitants. Cultures vivrières ou minuscules plantations cherchent à tirer le meilleur parti d’un sol pauvre en eau, mais l’essentiel des produits agricoles est consommé localement.

Cependant, du fait des centaines de milliers de touristes à nourrir, ni la pêche ni l’agriculture locale ne suffisent à couvrir les besoins de l’archipel, et les Bahamas doivent importer des produits agricoles comme des poissons et autres produits de la mer. Ces deux domaines progressent avec le développement en cours sur l’île d’Andros.

Impôt ? Connais pas…

Aux Bahamas, les entreprises pas plus que les individus ne sont imposés directement. Les recettes du gouvernement proviennent des impôts prélevés sur les importations (50 %), de la perception de droits sur le trafic aérien, et des droits à payer pour l’obtention d’un permis. L’absence d’imposition attire les investisseurs étrangers qui sont accueillis à bras ouverts, notamment dans les domaines du tourisme, de l’élevage de crevettes, de la production laitière et de fruits et légumes. Depuis janvier 2015, il est tout de même à noter l’arrivée de la taxe sur la valeur ajoutée, aujourd’hui fixée à 10 % depuis décembre 2021 après avoir atteint 12 % précédemment.

Le phénomène des îles à vendre ou à louer

De plus en plus de villas privées et ensembles de maisons luxueuses sont disponibles à la location ou à la vente sur les îles ou îlots privés. L’île de Musha Cay, propriété de l’illusionniste David Copperfield, se loue à la journée près de 40 000 dollars pour 12 personnes maximum, et se réserve pour un minimum de 4 nuits ! John Travolta y a déjà séjourné et le cofondateur de Google Sergey Brin s’y est marié. On peut aussi imiter Johnny Depp qui a acheté en 2004 l’île de Little Hall’s Pond Cay dans la zone protégée des Exumas, déboursant la modique somme de 3 millions de dollars ! Véritable source de revenus pour les agences qui ont pignon sur rue, ces locations et acquisitions sont destinées aux plus fortunés. Le courtier allemand Farhad Vladi, l’un des plus importants courtiers au monde dans ce domaine, a vendu Leaf Cay en 2006, situé elle aussi dans les Exumas, à l’acteur américain Nicolas Cage pour 3 millions de dollars. Leaf Cay est d'ailleurs aujourd'hui à vendre pour 7,5 millions de dollars. Les plus-values réalisées sur ces acquisitions par les richissimes habitants de notre planète sont impressionnantes, et il s’agit souvent d’investissements à but lucratif – certaines de ces îles étant aménagées en conséquence pour attirer les visiteurs.

Les partenaires économiques

La balance import/export des Bahamas est maintenant presque à l'équilibre. En 2019, les importations représentaient 4,98 milliards de dollars, contre 5,13 milliards de dollars d’exportations. Les partenaires économiques majeurs des Bahamas pour l’exportation sont les États-Unis, la France, l’Irlande, le Canada et le Ghana. Quant aux importations, les principaux fournisseurs sont les États-Unis, Barbade, Trinité-et-Tobago et le Japon. La France de son côté, importe à hauteur de 27 millions d’euros par an depuis les Bahamas, et exporte de l’ordre de 85 millions d’euros vers l’archipel. Compte tenu de sa proximité avec les États-Unis et de sa complexité, le territoire bahaméen est également utilisé comme plate-forme d’immigration illégale vers les États-Unis. L’inflation est maintenue à un taux faible de l’ordre de 4 % par an en 2021.

Relations internationales

Les Bahamas sont membre des Nations Unies, de l’Organisation internationale du Travail, de la Communauté des Caraïbes (Caricom), de l’Association des États de la Caraïbe (AEC) et du Mouvement des pays non alignés. Par ailleurs pays observateur de l’Organisation mondiale du Commerce, les Bahamas souhaitent désormais en devenir membre à part entière. Le groupe de travail sur l’adhésion du territoire comme État partie à l’OMC a tenu sa quatrième réunion en avril 2019. La pandémie de Covid-19 a ralenti le processus mais il reprend doucement.

Enfin, depuis l’établissement des relations diplomatiques avec Pékin en 1997, les investissements chinois se multiplient aux Bahamas : l’entreprise hongkongaise Wampoa Hutchinson gère la zone franche de Freeport, tandis que l’hôtel de grand luxe Baha Mar à Cable Beach (New Providence), dont le coût de construction a été estimé à 4,2 milliards de dollars, a été financé aux deux tiers par des crédits de l’Eximbank.

Enjeux actuels

Alors que le tourisme représente plus de 60 % du PIB national, les Bahamas ont dû affronter deux catastrophes bien différentes. L'ouragan Dorian en septembre 2019, dont les dégâts sont aujourd'hui en grande partie effacés, a en effet été suivi de la pandémie de Covid-19 qui a mis à genoux l'industrie touristique. L'année 2022 montre cependant que ce n'était qu'une passade et que les visiteurs se pressent de nouveau aux portes de ce paradis des voyageurs.

Au-delà du tourisme, en hausse constante malgré vents et marées, aux vues des faibles revenus fiscaux générés, les Bahamas se doivent de trouver d’autres sources d’entrées. Les droits de douane en font partie, tout comme les secteurs de l’industrie et de l’agriculture – représentant à eux deux un dixième du PIB –, qui ne sont pas laissés de côté. Le gouvernement œuvre ainsi pour le développement des marchés à potentiel sur lesquels peut s’appuyer le pays, tels que la production pharmaceutique, le sel, le rhum, la pêche, le transbordement et le raffinage du pétrole.