Guide de voyage Lataha

La petite localité de Lataha, située à 7 km de Korhogo, est connue en tant que berceau du Boloye (ou Bolohi), danse sacrée sénoufo pratiquée par les initiés, aussi appelée « danse des hommes panthères », car le costume des danseurs imite le pelage du félin. À l'origine une danse enfantine, elle aurait été reprise et améliorée par les adultes avant d'essaimer dans les autres localités du Grand Nord pour finir par devenir une composante essentielle du Poro. La danse et la tradition sacrée en général s’est ensuite exportée dans d’autres villages senoufo dans tout le nord de la Côte d’Ivoire.Représentation symbolique de cette école de vie, elle restitue la rudesse spartiate des rites et entraînements auxquels sont soumis les jeunes initiés. Les danseurs appartiennent chacun à un colobele (que l'on pourrait assimiler à une sorte de promotion de jeunes gens ayant terminé leur cycle de formation au même moment) différent, et rivalisent d'adresse pour témoigner de leurs aptitudes. Si à la base le Boloye se pratiquait uniquement de nuit pendant les cérémonies de funérailles, on le danse aujourd'hui en diverses circonstances comme les cérémonies d'intronisation et les réjouissances populaires. De façon plus exceptionnelle, il peut aussi être exécuté ponctuellement à la demande des agriculteurs pour délivrer la pluie, sauver les cultures vivrières de la sécheresse et préserver ainsi le village de la famine, à savoir celles qui souffrent le plus de la sécheresse : le mil, le maïs, le riz, mais aussi l’arachide, le sorgho et l’igname. L'orchestre accompagnant les danseurs (une troupe de deux à cinq enfants dont l'âge oscille généralement entre 8 et 15 ans) est constitué de calebasses (« bolons » en langue sénoufo) sur lesquelles sont fixés des cordes en peau et des hochets. La chorégraphie se compose de mouvements tout en vivacité, enchaînements éblouissants de contorsions, saut et acrobaties sur les jambes et les mains, qui reproduisent ceux de la panthère, animal sacré du panthéon sénoufo. Seuls les initiés peuvent jouer des instruments du Boloye ou réaliser la danse sacrée, revêtus du costume d’homme panthère. Nous vous conseillons d'y assister si vous en avez l'occasion. D'un point de vue plus pragmatique (quoique l'on dialogue toujours avec les cieux), à proximité de Lataha se trouve un imposant massif granitique offrant un somptueux panorama sur les environs. Son ascension est plus raide que celle du mont Korhogo, mais une fois parvenu en haut vous risquez de ne plus vouloir redescendre tant la vue y est à couper le souffle.