Tortiya est une petite ville située dans la vallée du Bandama, entre Bouaké et Korhogo, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Katiola. Lovée au bord du Bou, Tortiya se présente comme une mine à ciel ouvert, son ventre de terre rouge creusé et retourné de toutes parts par des centaines de mains fébriles. Les chercheurs creusent en pagaille puits et galeries jusqu’à ce qu’ils aient fouillé tout le secteur, puis recommencent un peu plus loin, et ainsi de suite ; la surface de recherche s’étalant sur près de soixante kilomètres à la ronde, certains ne rentrent pas chez eux pendant plusieurs mois. C’est dans cet impressionnant paysage lunaire traversé par le Bou que le Stéphanois Marius Sauvade, ancien contremaître de l’exploitation diamantifère surnommé « Seval » par les villageois, a installé sa « paillote » dans les années 1980. En 2017, la Sodemi (Société pour le développement minier de Côte d’Ivoire), qui s’est vu attribuer par décret un permis de recherche minière pour le diamant à Tortiya, a mené diverses activités de prospection dans le périmètre de la ville. Si de nombreux habitants de la région restent intimement convaincus que le sous-sol de Tortiya regorge encore de diamants, la plupart des chercheurs de pierres précieuses, qu’ils soient clandos ou non, ont préféré migrer vers Katiola, Séguéla ou d’autres pays de la sous-région comme le Mali, plus propices à d’heureuses découvertes. À titre d’exemple, on dénombrait près de 50 000 chercheurs de diamants en 1983-84, contre à peine quelques centaines aujourd’hui, essentiellement des hommes, femmes et enfants venus du Burkina Faso et du Mali, qui triment dans des conditions de travail hostiles, violentes et parfois létales, pour l’équivalent d’environ une trentaine d’euros par mois. Tous cherchent LA pierre qui fera basculer leur existence, bien que statistiquement ce type de pierre ne sort qu’une fois tous les vingt ans. Ils trouvent parfois des diamants plus ou moins gros, plus ou moins purs, qu’un grossiste leur paiera à peine 30 % du prix estimé.Mise en garde. Il règne un peu une ambiance de western dans cette ville champignon surgie de nulle part, qui a connu un essor fulgurant et un abandon brutal, et continue d’alimenter les fantasmes et convoitises d’aventuriers plus ou moins scrupuleux. Les conditions de sécurité y sont relatives.

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Les galeries sont creusées fébrilement, et les chercheurs ne sont pas à l'abri d'un effondrement. Elodie VERMEIL
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