ALKEN-MAES

Ciney, Cristal, Grimbergen, Hapkin, Judas, Maes, Mort Subite, Postel, Affligem. Alken-Maes, numéro deux sur le marché belge de la bière avec une part de marché dépassant les 10 %, a son siège à Malines. Le site de Waarloos, établi quelques kilomètres plus au nord et qui ne comptait déjà plus d'activité brassicole depuis 2003, a été définitivement abandonné en 2010. Outre son siège social malinois, Alken-Maes possède deux brasseries implantées à Alken (Cristal/Maes) et Kobbegem (Mort Subite) et trois plates-formes de distribution installées à Grimbergen, Wellen et Middelkerke. A ce jour, la brasserie Alken-Maes est la seule entité brassicole à détenir le titre de « Fournisseur breveté de la Cour de Belgique ».

Au fil du temps, Maes a connu bien des péripéties dont les plus marquantes pour son avenir auront été le départ en 1993 du dernier membre de la famille fondatrice, Theo Maes, et l'intégration en 2008 dans le géant brassicole néerlandais Heineken. Entre-temps, Maes a aussi repris nombre d'autres brasseries et notamment la reine des limbourgeoises, Alken et sa célèbre pils Cristal. Les brasseries de l'Union à Jumet (avec la Cuvée de l'Ermitage, une bière un temps ajoutée par le groupe à la gamme Grimbergen mais dont la production a été arrêtée en 2010), Louwaege (Hapkin) ou encore Mort Subite (fermentations spontanées) ont suivi. Ainsi, à côté de son étendard Maes Pils, le groupe présente un large portefeuille de bières. Depuis juin 2011, le groupe est devenu propriétaire de la marque et distributeur de Desperados pour le marché belge. Cette bière aromatisée à la tequila, brassée en Alsace, appartient à la maison mère Heineken. Alken-Maes a encore intégré la cidrerie Stassen d'Aubel, en région liégeoise, et la malterie Albert de Ruisbroek (Anvers) au printemps 2019.

Maes. Si les origines de la brasserie Maes sont plus anciennes, son développement a été l'initiative d'Egide Maes, premier de la lignée. Nous sommes alors en 1880. Ses fils, Ferdinand et Théophile, reprennent les rênes de l'entreprise en 1901 et y apportent des modernisations significatives, notamment en introduisant la machine à vapeur. La brasserie prend alors pour nom Brasserie-Malterie à vapeur St-Michaël – Frères Maes. Sous leur direction débute la production de bières de basse fermentation. En 1930, la Prima Maezenbier voit le jour, à l'occasion de l'Exposition Universelle d'Anvers. Celle que nous connaissons depuis 1946 sous le nom de Maes Pils commence alors la carrière qu'on lui connaît. Elle figure depuis longtemps sur le podium des pils belges les plus produites, aux côtés de Stella et Jupiler. La marque la plus célèbre du groupe a connu un profond lifting en 2009. La recette a été légèrement revue pour lui apporter plus de malt et de houblon et le volume d'alcool de la bière est venu rejoindre celui affiché par ses consœurs d'AB InBev (5,2 % vol.). Le logo et la bouteille ont également été redessinés pour l'occasion.

Alors que les dernières innovations dans le paysage brassicole belge font la part belle à l'amertume, Alken-Maes a opté en parallèle pour un rafraîchissement du marché en pariant sur deux nouveaux produits estivaux. En 2013, la Maes Radler voit le jour, soit une Maes pils classique coupée avec du jus de citron. La bière affiche seulement 2 % vol. et a été accompagnée par la suite de trois versions sans alcool (Citron, Mojito et Agrum).

Cristal. Le groupe malinois détient une seconde pils, la Cristal, née en 1928 et très populaire dans le Limbourg. Historiquement première pils brassée en Belgique et inspirée des pionnières tchèques, elle présente une amertume plus prononcée que le trio de tête (Stella, Jupiler et Maes). Jusqu'en 2017, la distribution de cette pils était essentiellement provinciale, mais le groupe opte alors pour un déploiement national en la rendant visible dans les supermarchés et les établissements horeca du pays. L'opération semble réussie et la blonde s'attire les faveurs d'un public souhaitant une bière différente (amertume plus prononcée) de celle proposée par le sempiternel concurrent d'InBev ! Le caractère historique de cette pils ne freine pas les responsables d'Alken-Maes dans leur quête d'innovation. Au travers de la variante Cristal Xtra, ils lancent en 2021 une bière produite avec presque exclusivement des ingrédients belges.

Ciney. Également dans le portefeuille d'Alken-Maes et souvent assimilée à une bière d'abbaye, la Ciney n'a pourtant rien d'ecclésiastique. Le clocher représenté sur l'étiquette est tout simplement celui de la collégiale de la petite cité du Condroz. Née en 1978 à l'initiative de Roger Demarche, négociant en bières à Ciney, la Ciney était produite à la brasserie de l'Union (Jumet). Elle a aujourd'hui rejoint le centre de production d'Alken depuis la fermeture du site carolorégien en 2007.

Affligem. Des bières d'abbayes « reconnues », Alken-Maes en a tout de même trois à mettre en vitrine. La Grimbergen, évoquée plus loin dans ce guide, est certainement la plus célèbre, mais l'Affligem a plus que son mot à dire, surtout à l'échelle internationale. C'est bien simple : la croissance de ce produit est telle que la hiérarchie du groupe a renoncé à rénover le site historique d'Opwijk, devenu trop énergivore. Cruel dilemme entre les considérations environnementales et la sauvegarde du patrimoine industriel. Les moines bénédictins d'Affligem brassèrent leur bière pendant presque mille ans. Après la Seconde Guerre mondiale et le démantèlement de la brasserie par les Allemands, ils continuèrent tout de même à brasser une bière réservée à leur propre consommation. La production commerciale a alors été confiée à des spécialistes du genre : la toute proche brasserie De Smedt à Opwijk. Comme pour la plupart des bières d'abbaye, l'Affligem est proposée en blonde, brune et triple. De plus en plus présente sur la scène internationale par le biais de sa marque Affligem, la brasserie De Smedt a été reprise en 2000 par le géant néerlandais Heineken. Son nom change alors, pour devenir la brasserie Affligem, référence évidente à son produit phare et à sa monacale voisine. C'est en 2010 qu'Heineken a rapproché les activités d'Affligem de celles d'Alken-Maes.

En Europe, et plus particulièrement en France, le groupe batave est en passe de réussir son pari : positionner la gamme Affligem parmi les bières d'abbaye les plus en vue dans les cafés et restaurants, convoitant ainsi le terrain de chasse de Leffe ou de… Grimbergen. Ces dernières années, le trio classique (blonde, brune et triple) est accompagné d'une blonde 0,0 % vol. Depuis 2013, la maison mère Heineken a racheté la licence d'Affligem à l'exportation. La bouteille, l'étiquette et le verre ont en outre été complètement redessinés pour la scène internationale avec des variantes propres à certains pays comme une blanche aux Pays-Bas et en France ou une Fruits Rouges en France.

Postel. Tapie dans l'ombre d'Affligem, la Postel renvoie à une abbaye norbertine fondée au XII^e siècle avec l'aide des Prémontrés de Floreffe. Situé à la croisée des chemins, entre Lommel, Turnhout et la frontière néerlandaise, le lieu accueillait les voyageurs en détresse. Les moines réconfortaient leurs hôtes, conformément à l'enseignement du fondateur de l'ordre, grâce à une bonne bière de leur fabrication. Jusqu'au moment où la Révolution…

Bref, on restaure (les bâtiments étaient restés presque intacts) et l'abbaye est à nouveau occupée en 1847, mais on met de côté le brassage. Il faut attendre 1953 pour que la communauté de Norbertins ne sollicite la brasserie Campina à Dessel afin de brasser une Postel. Campina allait atterrir dans le giron de Maes à la fin des années 1980. Malgré sa rare présence sur les cartes des bistrots, la Postel n'est pas démunie de qualités. Elle accompagne évidemment le fromage du même nom.