SANCTUAIRE SAINT-JEAN DE PODMILAČJE

Dominé par le clocher en spirale d’une église contemporaine, ce sanctuaire catholique (Svetište Svetog Ive Podmilačje) profite d’un beau cadre naturel. Il est situé 7,5 km au nord-est de Jajce, à l’entrée de la vallée de la Vrbas, au bord de la rivière et le long de la route M16 vers Banja Luka. En raison de guérisons « miraculeuses » attribuées aux sources des collines voisines, le site était considéré comme le « Lourdes de Bosnie », avant l’émergence de Međugorje (près de Mostar) dans les années 1980. Le sanctuaire et le village de Podmilačje (650 habitants, à 97 % bosno-croates) se sont développés à partir de 1416, quand le fondateur de Jajce, Hrvoje Vukčić Hrvatinić, fit ériger ici une église Saint-Jean-Baptiste en hommage à Johannes de Wildeshausen. Ce dominicain allemand s’était attiré la sympathie des populations locales en menant, dans les années 1230, une campagne de conversion pacifique des bogomiles de Bosnie, en rupture avec les croisades sanglantes lancées par le pape. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les franciscains ont donné un nouveau souffle au sanctuaire, en médiatisant des « guérisons inexpliquées ». Mais l’église médiévale fut rasée en 1992 par l’armée bosno-serbe. C’est dans le cadre de sa reconstruction qu’en 2003 fut lancé le projet d’un second édifice capable d’accueillir davantage de fidèles.

Béton et légèreté. Deux églises récentes se côtoient donc aujourd’hui. Toutes deux sont dédiées à saint Jean-Baptiste. L’une est la réplique de l’édifice en pierre du XV^e siècle (15,85 × 8,50 m) ; l’autre est une structure futuriste en béton brut. Cette dernière, achevée en 2010, est l’œuvre de l’architecte slovène Marko Mušič. Né en 1941, celui-ci a œuvré en Yougoslavie durant la période socialiste. Il a ici fait creuser une colline à la manière d’un théâtre grec pour assoir le bâtiment. L’élément central est le mur sud : largement ajouré, il laisse passer la lumière dans la nef de 3 000 m², puis monte progressivement pour s’enrouler en spirale et ainsi former le clocher qui atteint 62 m de hauteur. Deux fois plus haut que le clocher de l’église en pierre, il est le symbole d’une communauté en extension perpétuelle. La spirale qui ne semble jamais se terminer renforce cette idée. L’aménagement est aussi fonctionnel. Le sanctuaire est conçu pour accueillir plus de 100 000 fidèles à la Saint-Jean (autour du 21 juin), aussi bien dans l’église moderne que sur son grand parvis enherbé doté d’un autel en plein air.