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Franz Liszt, l’autre enfant du siècle (1811-1886)

Ce citoyen du monde a marqué l’Europe des années 1830 à 1840 par ses qualités exceptionnelles de compositeur et de pianiste. Fier de ses origines, il a œuvré, durant toute sa vie, pour le développement de la vie musicale hongroise. Né à Doborján en 1811, il incarne l’essence même du romantisme musical. Virtuose intelligent et influent, la curiosité de Liszt le pousse à s’intéresser à toutes les formes de la musique en particulier et à l’art en général. En 1842, il est nommé chef d’orchestre de la cour de Weimar et débute alors une période de quinze ans durant laquelle le compositeur parcourt l’Europe à plusieurs reprises. C’est à Weimar que Liszt compose un grand nombre de ses œuvres majeures telles que la Messe de Gran ou encore la Faust-Symphonie. Il se rapproche de Richard Wagner, dont il admire le travail, puis met en scène Tannhauser et Lohengrin au théâtre de Weimar. En 1864, Franz Liszt prend une décision inattendue et entre dans l'ordre des Franciscains, devenant l’abbé Liszt. L'église franciscaine située le long du Danube, près du pont de la Liberté, sera son refuge où prier et jouer de l'orgue. En 1886, sentant la mort approcher, il reprend la route une dernière fois, traversant l’Italie, la Belgique, la France avant de terminer son voyage à Bayreuth, où il est enterré. Par sa conception de l’harmonie, Liszt a ouvert une nouvelle voie. Les pages pour piano, composées pour les dix-neuf Rhapsodies hongroises, sont des œuvres inspirées, dans lesquelles le compositeur a su retranscrire parfaitement ses sensations et ses émotions. Pour retrouver un peu de l’esprit du musicien, rendez-vous au musée Franz Liszt, installé dans l’appartement que Liszt habita à la fin de sa vie, au premier étage de l'ancienne Académie de musique. La collection du musée contient des instruments de musique originaux, mais aussi le mobilier et les tableaux d’époque, les livres et les partitions de Liszt. Vous éprouverez nécessairement une certaine émotion face au piano Bösendorfer, l’instrument préféré du compositeur.

Créée par Franz Liszt en 1875, l’Académie de musique est un lieu de mise en valeur du patrimoine musical hongrois. Il s’agit d’un lieu d’apprentissage de la musique, qui comprend une université internationale, mais aussi des salles de spectacle. Tout en restant fidèle à son credo d’origine, la défense de la musique nationale et l’interprétation des grandes œuvres des compositeurs hongrois, l’académie axe son développement sur la créativité et l’innovation. Certains avancent aussi que la Grande Galerie posséderait la meilleure acoustique au monde. Si vous venez prendre votre billet assez tôt dans la journée, profitez-en pour vérifier si une répétition n’est pas en cours dans la grande salle et y découvrir ainsi le travail si important du chef d’orchestre dans la réussite d’une interprétation. L’académie intègre aussi dans ses locaux le musée et l'institut Kodály ainsi que le centre de recherche Franz Liszt.

Béla Bartók, le folkloriste moderne (1881-1945)

Avec sa synthèse de la musique moderne et des traditions musicales hongroises, Béla Bartók est considéré comme l’une des plus grandes figures de l’histoire de la musique. Jeune, il débuta sa carrière comme pianiste virtuose au talent précoce. Deux influences marquent nettement cette première période créatrice du musicien : celle des verbunkos et celle de Richard Strauss. Son intérêt s’oriente rapidement vers la musique folklorique, ce qui l’incite à entreprendre des voyages d’exploration. Tout l’enjeu de cette époque sera de trouver à intégrer ces apports dans son mouvement vers l’avant-garde. Il a ainsi créé un style unique en se nourrissant des thèmes et rythmes des traditions populaires. Il est désormais considéré à ce titre comme l’un des pères fondateurs de l’ethnomusicologie. Chaque période va enrichir la pensée musicale de Bartók d’éléments complémentaires. La troisième période l’amène au dodécaphonisme, puis il s’essaiera à l’écriture contrapuntique. En réalité Bartók respecte et suit les formes traditionnelles de la musique savante dans chacune de ses œuvres (sonate, rondo, rhapsodie, lied…), mais il leur apporte à chaque fois des nuances variées. 

Comme pianiste de renommée mondiale, il effectua des tournées  en Hongrie, mais aussi à travers toute l’Europe et même aux États-Unis. Ce génie, à la capacité de travail incroyable, trouva le temps de compiler les mélodies populaires de la campagne hongroise, à raison de huit à dix heures par semaine, de se produire régulièrement en concert, mais aussi de composer des œuvres importantes. Grâce aux schémas rythmiques des chants populaires, il trouva de nouveaux principes d’agencement musical. Parmi ses compositions les plus célèbres, trois pièces destinées à la scène (un opéra intitulé Le Château de Barbe-Bleue, qui aurait inspiré John Williams lorsqu’il a composé la musique du film La Guerre des étoiles, le ballet Le Prince de bois et une pantomime, Le Mandarin merveilleux), des cycles  symphoniques, six quatuors à cordes, la Cantata profana, trois concertos pour piano, un concerto pour violon, une Musique pour cordes, percussion et célesta, la série d’exercices pour piano Microcosme et le Divertimento pour orchestre à cordes. La maison que le musicien a occupée de 1932 à 1940, avant son exil aux États-Unis, a été transformée en musée Béla Bartók et expose sur deux étages des photographies, des meubles et des objets ayant appartenu au compositeur. Il retrace aussi la vie et l’œuvre du musicien.

Zoltán Kodály, une pensée musicale originale (1882-1967)

« Pour former une nation, il faut d’abord redevenir peuple » affirmera Kodály dans l’un de ses ouvrages. Celui-ci va se pencher vers le passé hongrois pour le faire revivre dans sa musique. À l’opposé de Bartók qui s’est tourné vers l’avant-garde, Kodály a beaucoup insisté dans sa carrière sur l’importance de la musique dans l’éducation et est connu pour ses méthodes d’enseignement. Celui-ci avait remarqué que, malgré l’existence d’un opéra et de musiciens de niveau international dans son pays, cela ne s’accompagnait pas d’un nombre approprié de professeurs de musique qualifiés dans les écoles, surtout en province. Il va s’efforcer d’y remédier par un prosélytisme musical à travers tout le pays, tout en travaillant à la collecte et à l’étude du patrimoine folklorique hongrois. Comme compositeur, Kodály associe la tradition postromantique avec le répertoire des chansons folkloriques. Il a composé surtout des œuvres vocales, ainsi que deux oratorios (Psalmus Hungaricus, Te Deum de Buda), deux opéras (János Háry, Veillée sicule) et de nombreux morceaux pour solistes. Le musée Zoltán Kodály, situé dans l’appartement du compositeur à Budapest, propose de découvrir l’environnement créatif du musicien.

Ouvert en 1894, le cimetière de Farkasrét à Budapest comprend de nombreuses tombes de personnalités hongroises. C’est là que Zoltán Kodály repose et que l’on a transféré les restes de Béla Bartók en 1988. Ce dernier avait été initialement inhumé au Ferncliff Cemetery de Hartsdale, près de New York. Une promenade dans le cimetière de Farkasrét vous permettra aussi de profiter d’une magnifique vue sur la ville.

György Ligeti, le chercheur d’absolu (1923-2006)

Les œuvres de György Ligeti font la synthèse entre les recherches acoustiques les plus élaborées et un univers musical parfaitement traditionnel. Partant de l’influence de Bartók, dont il a hérité la « tonalité chromatique », et du langage issu des folklores les plus divers, il va chercher sa propre voie. Il expliquait parfaitement sa vision de la musique : « Je m’imagine la musique comme quelque chose de très loin dans l’espace, qui existe depuis toujours, et qui existera toujours, et dont nous n’entendons qu’un petit fragment. » Considéré comme un des pionniers de la musique du XXe siècle, Ligeti est né en 1923 dans une famille juive hongroise de Transylvanie. Son père et son frère ont été assassinés par les nazis et de 1943 à 1945, il a lui-même été astreint au travail forcé. Alors que ses premières œuvres ont été largement censurées par le régime stalinien hongrois, son départ pour Vienne en 1956, où il croise les représentants de l'avant-garde musicale occidentale, lui a ouvert de nouveaux horizons. Il a ainsi développé une technique qui n’appartient qu’à lui, la « micropolyphonie », comme il l’avait baptisée, qui intercale couleurs et textures musicales dans des compositions qui transcendent les frontières traditionnelles de la mélodie, de l'harmonie et du rythme. Ligeti a acquis une renommée mondiale pour son opéra Le Grand Macabre en 1978, ainsi que pour sa contribution à la bande originale des films de Stanley Kubrick, dont 2001 : l’odyssée de l'espace.