Art et sculpture antiques

Rhodes est une île majeure de l’art antique et a abrité d'excellents artistes qui y ont développé un style propre, notamment dans le domaine de la sculpture et de la mosaïque. On les reconnaît aujourd’hui comme les penchants « baroques » et « rococos » de l'art grec antique. Les sculpteurs rhodiens ont joué un rôle central dans le développement de nouvelles valeurs esthétiques et la tradition sculpturale rhodienne a rapidement été intégrée dans le reste de la région, en Grèce continentale puis par la Rome impériale. Pour admirer ces œuvres, on recommande bien évidemment le musée archéologique de Rhodes, doté d’une très belle collection qui rassemble les merveilles des îles de la région.

Une sculpture marque tout particulièrement l’histoire du Dodécanèse ; malheureusement, celle-ci a disparu depuis plusieurs siècles. La légende est intéressante et continue de hanter les esprits locaux, des projets de reconstitution sont même régulièrement discutés... Il s’agit du colosse de Rhodes, une statue du dieu grec Hélios, érigée par Charès de Lindos, sculpteur rhodien de l’école de Lysippe, au IIIe siècle av. J.-C. Considérée comme l’une des sept merveilles du monde antique, elle a été construite pour célébrer la victoire de Rhodes sur le général macédonien Démétrios Ier Poliorcète, et pour célébrer la prospérité économique de la ville. Selon les descriptions historiques, cette immense statue de bronze mesurait environ 33 mètres de haut, ce qui en fait la plus haute sculpture antique (pour comparaison, la statue de la Liberté actuelle en fait 46 sans son socle !). Sa construction dure douze ans (304-292 av. J.-C.). Elle s'est effondrée lors du séisme de 226 av. J.-C. Conformément aux dires de l’oracle de Delphes, les Rhodiens ne la reconstruisirent jamais.

La mosaïque est considérée comme l’une des formes d’art les plus anciennes du monde. Déjà populaire pour sa résistance dans le monde mésopotamien, plus que pour des raisons décoratives, cet art a démontré sa qualité durable en arrivant jusqu'à nous. C’est vers le VIIIe siècle avant notre ère que les Grecs s’emparent de cette technique et la modernisent en développant un processus de fabrication beaucoup plus élaboré. Rhodes devient l’un des foyers de cet art. L'utilisation d'unités très petites et l’introduction de la géométrie et de la symétrie permettent de faire apparaître des images complexes, véritables chefs-d’œuvre, le plus souvent réalisés au sol. Elles représentent principalement des dieux païens, des hommes ou des animaux, et nous en apprennent beaucoup sur la culture et les modes de vie locaux pendant l’Antiquité.

Art byzantin

L’art byzantin est essentiellement caractérisé par des œuvres et des édifices religieux orthodoxes (églises, monastères, basiliques, fresques, icônes…). Les églises byzantines répondent toujours aux mêmes formes architecturales : un plan en croix grecque avec une coupole centrale. Elles représentent l’univers, la création divine. Ces microcosmes sont ornés de fresques,  mosaïques et icônes. Dans la religion orthodoxe, l’icône est vénérée comme une image sacrée : plus qu’une simple représentation, elle incarne un saint ou une divinité. Dans les églises et les foyers, elle est sollicitée pour ses miracles et ses pouvoirs de guérison. De nombreuses églises et chapelles du Dodécanèse abritent des icônes dites miraculeuses, et sont vénérées avec passion. C'est le cas par exemple de l'icône de la Panagia tou Harou, à Lipsi, dont les lys séchés refleurissent miraculeusement tous les ans ; ou de l'icône miraculeuse du monastère Panormitis, à Symi. Pour découvrir l’art byzantin à Rhodes, rendez-vous à la cathédrale Notre-Dame du Château. Un temps transformée en mosquée, celle-ci conserve de magnifiques fresques mais surtout ne manquez pas de visiter les nombreux monastères de l'île byzantine par excellence : la sacro-sainte Patmos.

Un art moderne foisonnant et sous influence

Après la période des peintures religieuses datant de l’époque byzantine, les influences se sont multipliées. À partir du XIXe siècle, les artistes grecs, pourtant très attachés à leur culture et à leur héritage, s'intéressent aux mouvements artistiques venus d'ailleurs en Europe. Les peintres grecs des XIXe et XXe siècles sont ainsi fortement influencés par l'école de Munich puis, courant XXe siècle, laissent peu à peu plus de place et d'influence aux impressionnistes et aux modernes. Ils abandonnent pour un temps la représentation d'événements historiques pour préférer des paysages de Grèce remplis de couleurs et de lumière. Outre ces évolutions tournées vers l'Occident, les influences byzantines et orientales persistent, notamment dans les arts populaires. Après-guerre, des peintres grecs continuent de développer l’art moderne et permettent l’éclosion de styles originaux. Alekos Kontopoulos (1904-1975) est ainsi le premier artiste moderne ayant introduit l'abstraction dans la peinture grecque. À la fin du XXe siècle, Giorgio De Chirico (1888-1978), un Italien qui a grandi en Grèce, fonde l'art métaphysique, alors même que Giannis Kounellis (1936-2017) figure parmi les chefs du mouvement Arte Povera et que Takis s’impose comme le maître de l’art cinétique (1925-2019).

Pour découvrir l’art moderne grec dans le Dodécanèse, direction la ville de Rhodes et son musée d’art moderne grec réparti sur trois sites différents et proposant une collection assez variée, dont des œuvres de Nikos Hadjikyriakos-Ghikas (1906-1994), Konstantinos Maleas (1879-1929) et George Bouzianis (1885-1959).

Une scène contemporaine variée

Du point de vue de l’art contemporain, l’île de Nissiros abrite le très pointu Sterna Art Project. C'est un programme de résidence artistique qui soutient chaque année six diplômés des écoles grecques des Beaux-arts pour travailler à un projet sur l'île. De quoi mettre en valeur la jeune création, et de promouvoir les grands artistes nationaux de demain. Les résidents offrent habituellement une œuvre à la résidence, dans le but de créer une collection vivante et dynamique d'art contemporain sur l'île.

L’art contemporain s’expose aussi sur les murs, où l’on peut admirer des œuvres de street art, une pratique qui se développe largement en Grèce et qui, auparavant considérée comme du vandalisme, se normalise et se professionnalise peu à peu. C'est le cas bien évidemment dans les grands centres urbains de Grèce continentale, notamment à Athènes mais dans le Dodécanèse, certaines municipalités passent même des commandes pour égayer leurs rues, comme au port de Lipsi. Les peintures murales évoluent sans cesse : à vous de vous aventurer dans les ruelles des îles pour dénicher la perle !

Pour les férus de photographie, il est bon de savoir que le festival Photosphere prend place depuis quelques années à Patmos. Sa particularité : exposer en plein air des photographes professionnels et amateurs pendant une durée d’un mois. Des manifestations parallèles sont organisées pour un public de tout âge : séminaires de photographie, ateliers, soirées musicales, etc.