Richesse d’un paradis fragile…

Le printemps, qui commence dès début mars dans ces régions chaudes, offre des visions enchanteresses, notamment au mois de mai où environ 2 000 espèces de fleurs sauvages tapissent les quatre coins de l’archipel. Si cette richesse florale ne survit pas à la chaleur de l’été, on assiste à une sorte de second printemps avant l’hiver, avec la multiplication de fleurs automnales dont les lys des sables ou les orchidées, particulièrement à Rhodes. Concernant le monde des arbres, l’intérieur de Rhodes offre une succession de pins et de cyprès, la vallée de Vathi, à Kalymnos, fait la part belle aux agrumes, les oliveraies de Kos donnent une huile réputée tandis que la vallée d’Eristos, à Tilos, est remplie d’amandiers.

Mais ce qui fait la particularité du Dodécanèse, c’est la richesse de sa faune ornithologique. L’archipel est en effet un lieu de passage obligé pour plus de la moitié des oiseaux migrateurs connus en Europe. Ils sont particulièrement protégés à Tilos qui accueille chaque année 140 paires de faucons d'Eléonore ­sur les 3 000 recensés dans le monde : en provenance de Madagascar, ils nidifient sur l’île. Parmi les autres curiosités ornithologiques de Tilos, il faut noter trois couples d'aigles de Bonelli ­sur les 800 qui restent en Europe­, quelques aigles royaux et vautours fauves. L'interdiction de la chasse, depuis 1993, a favorisé la reproduction des espèces sur cette île-refuge.

Si des sites préservés Natura 2000 couvrent quasiment toutes les terres de l’archipel, ses eaux sont également très bien fréquentées. Cependant, la pression touristique affecte la fréquentation des mers par les dauphins en saison : vous aurez plus de chance de les observer hors saison, lorsque les ferries perturbent moins la mer Egée. Autre option : rendre visite au premier Centre mondial de réhabilitation de dauphins nés en captivité, ouvert en 2019 sur l’île de Lipsi.

…malheureusement en danger

L’archipel abrite les derniers phoques moines de Méditerranée, espèce en danger critique d’extinction. Il s’agit de l’un des mammifères les plus menacés de la planète, avec tout juste 300 à 400 individus recensés en mer Egée. Les îles du Dodécanèse abritent également une population non négligeable de tortues de mer, les Caretta caretta, en danger à cause de la raréfaction de leurs lieux de ponte, notamment sur l’île de Rhodes. Vous observerez sans difficulté ces grands reptiles marins dans le port de Kastellorizo.

Le réchauffement climatique est une menace constante sur la faune endémique, notamment marine. Avec le réchauffement des eaux, quelques espèces invasives considérées comme tropicales ont commencé à pulluler et à détruire l’équilibre marin local, véritable bombe à retardement écologique. Ce phénomène, s’il est commun à l’ensemble de la Méditerranée, est particulièrement frappant dans les eaux du Dodécanèse qui reçoivent les espèces de la mer Rouge, par le Canal de Suez, de manière accélérée depuis 30 ans. Parmi les espèces invasives les plus problématiques dans les eaux du Dodécanèse, on note le poisson-flûte, le poisson-ballon et le coquillage Conomurex persicus.

Enfin, la pression touristique déstabilise la vallée de Petaloudes, « vallée des papillons » à Rhodes, qui accueille un grand nombre de papillons Callimorphia quadripunctaria ou écaille chinée, pendant la saison estivale. A l’abri de sous-bois rafraîchissants, ces délicats papillons, qui s’agglutinent en grappes impressionnantes, sont devenus une attraction majeure et l’attitude de touristes irrespectueux détruit progressivement l’habitat naturel et le calme nécessaires à la bonne évolution de ces insectes.

On ne saurait trop le répéter : même en vacances, préservez votre environnement !