Centre-ville
Split ne se réduit pas à sa vieille ville, mais le centre de la cité vous fait pénétrer au cœur d'un véritable palais ayant appartenu à l'empereur romain Dioclétien. Un inestimable patrimoine historique protégé depuis 1979 par l'Unesco. Au milieu des pierres anciennes et dans un espace piétonnier qui remonte à plus de mille sept cents ans, vous vous trouverez tour à tour face à un sphinx égyptien, un mausolée de la Rome impériale, avec des colonnes corinthiennes, ou des façades gothico-Renaissance. Pénétrer dans les ruelles étroites de cet immense quadrilatère de plus de 30 000 m2 n'a son pareil nulle part ailleurs. Un héritage que les 2 000 habitants de la ville intra-muros contemplent chaque jour avec émerveillement. Ne soyez pas surpris donc que les Splitois tiennent beaucoup à ce patrimoine qu'ils continuent de faire vivre été comme hiver.
Dans ce dédale de ruelles pavées, vous vous perdrez sûrement plusieurs fois. Pour s'y repérer, il faut s'appuyer sur la symétrie typique de l'architecture classique. La place principale du palais s'appelle le péristyle. L'été, il y a foule dans cette cour rectangulaire ouverte. Par quelques marches et un vestibule, elle donnait accès aux appartements impériaux. Orientée vers la loggia impériale, elle est encadrée de chaque côté par des arcades.
Quatre portes marquent l'entrée de l'ancien palais impérial : la porte d'Or pour le côté nord, la porte d'Argent pour le côté est, la porte de Fer à l'ouest et la porte de Bronze au sud. Deux artères principales perpendiculaires coupent le palais en deux. Le long decumanus, d'ouest en est, divise véritablement le palais ; d'un côté, les luxueux quartiers sud, de l'autre, les quartiers nord. Le cardo, quant à lui, remonte du sud au nord. Le côté sud est constitué par la promenade piétonne (riva) qui longe la mer, tandis qu'à l'ouest s'ouvre la Narodni Trg. Les côtés nord et est seront aussi facilement reconnaissables. Ils sont limités par deux grandes rues : la bruyante Ulica Kraja Tomislava au nord et la plus calme Hrvojeva ulica à l'est. Enfin, le centre du palais contient en son sein des monuments majeurs du Moyen Âge, comme la cathédrale ou la tour de l'Horloge.
Dans ce centre historique, l'impression du visiteur diffère selon qu'il s'y promène en haute ou basse saison. L'été, englouti par la foule de touristes parfois disproportionnée, il peut se sentir oppressé. Les cafés-bars-restaurants et les magasins sont pris d'assaut… Cette partie de la ville est en effet victime de sa beauté et de son succès. Hors saison, il retrouve le quartier apaisé mais s'il demeure actif autour du marché aux poissons particulièrement animé le vendredi, le marché aux puces très vivant le samedi, la riva ensoleillée. Certains commerces seront fermés. En résumé, l'authenticité dalmate se fera plus discrète en été, car les rares habitants du vieux palais quittent la terre ferme pour retrouver le calme sur les îles de l'archipel de Split. Pour goûter à l'essence même du vieux quartier, même en haute saison, il faut se lever tôt, s'attarder dans les ruelles plus secrètes, aller au marché pour faire vos courses chez les producteurs régionaux, par exemple.
Marjan et l’ouest
En dehors du noyau historique de Split, la presqu'île de Marjan située à l'ouest de la vieille ville constitue un quartier à part entière. On y accède facilement à pied en prenant le temps de faire quelques pauses, car ça monte ! Le parcours commence dans le faubourg de Veli Varoš, qui était anciennement le quartier des pêcheurs de Split et qui se présente aujourd'hui comme un enchevêtrement de ruelles en pierre, côtoyant des maisonnettes basses et des petits jardins. Prenez le temps de faire un tour, en cherchant notamment l'église de Sveti Križ (Sainte-Croix), datant du XVe siècle mais transformée durant la période baroque. Reposez-vous à l'ombre des bougainvilliers et sur les bancs récemment installés, ou rentrez dans les petits bars fréquentés par les locaux (si vous êtes des amateurs de football, ne manquez pas d'observer dans l'un de ces troquets les autographes et les photos accrochés aux murs des plus célèbres joueurs de l'équipe de Split, le Hajduk). Après cette pause, arpentez la ruelle piétonne qui vous conduira vers le mont Marjan, où vous découvrirez un parc forestier de plus de 300 ha.
Mais Marjan n'a pas toujours été l'immense « poumon vert » qu'on le connaît aujourd'hui. En effet, il a fallu attendre le milieu du XIXe siècle pour que les autorités austro-hongroises approuvent un vaste programme de reboisement de cette colline, qui à l'époque était aride et quasiment désertique. Les premiers sapins ont donc été plantés en 1852 et on y compte désormais près de 400 espèces de plantes. C'est l'endroit idéal pour faire du jogging sur 3,5 km de pistes. Dans la forêt, vous pourrez bénéficier de quelques aires équipées pour différents exercices de gymnastique.
Le côté sud de la presqu'île est très prisé par les amateurs du free climbing. Il accueille, chaque année, en avril, une compétition, connue sous le nom de Marjan Cup. Enfin, n'oubliez pas votre serviette, car l'accès à la mer est facile et si vous allez jusqu'à la pointe de la colline pour votre bain, vous aurez droit à un magnifique coucher de soleil.
Centre de loisirs et lieu de promenade et de sport, Marjan est aussi riche en patrimoine et en culture. Plusieurs églises ont été édifiées sur cette colline, comme la petite église Saint-Nicolas « de Sérança » qui se trouve au début de la promenade Marangunić, peu après le belvédère, sur le versant sud. Un ancien cimetière juif se trouve également tout près de la première plateforme panoramique à côté du café Vidilica.
Sur le versant sud, une somptueuse résidence achetée en 1939 par le célèbre sculpteur croate Ivan Meštrović est devenue son atelier. En 1952, le sculpteur, parti aux États-Unis, légua l'établissement à la ville de Split, qui en a fait un lieu d'exposition, la Galerija Meštrović, abritant une grande partie de la production de l'artiste. Peu avant la galerie, au numéro 18 de la promenade (šetalište) dédiée à Meštrović, vous trouverez également le musée des Monuments archéologiques croates. Ce bâtiment cubiste et futuriste présente des statues et des sculptures, des armes et des objets de la vie quotidienne ainsi que de nombreux monuments épigraphiques. En tout, près de 3 000 pièces y sont exposées.
Côté sud toujours, la Vila Dalmacija, aujourd'hui célèbre restaurant spécialisé dans les cérémonies de mariage, raconte une autre partie de l'histoire de Marjan. Ce palais construit à quelques pas de la mer fut à partir de 1947 l'une des résidences d'été du maréchal Tito, qui y séjourna jusqu'à sa mort en 1980. Sur cette terrasse, où le leader yougoslave aimait boire son whisky, Winston Churchill ou encore Indira Gandhi y ont aussi été reçus. La célébrité de la colline Marjan se comprend mieux quand on atteint son sommet (178 m). La vue imprenable sur la ville, la Kaštelanski zaljev (la baie des Châteaux) porte jusqu'à l'île de Brač, et autres îles de l'archipel splitois.
Bačvice et l’est
Si, de prime abord, la partie est de Split semble n'offrir guère d'intérêt, ne vous arrêtez pas à cette première impression. Il est vrai que, passé le périmètre du palais de Dioclétien, il y a un air de ville active, industrielle, dans la deuxième métropole de Croatie, avec des quartiers sans monuments à visiter pour un touriste qui y vient pour la première fois. Pourtant, si vous restez plusieurs jours à Split, il peut être intéressant de se promener au cœur de ces immeubles barres HLM ponctués de grands centres commerciaux.
Dans les quartiers de Spinut, Split 3, Sućidar, Mertojak, Brda et Pujanke, vous aurez un exemple de l'urbanisation communiste, l'occasion de remonter aussi le temps. Car Split n'est pas seulement la cité de l'empereur romain Dioclétien, c'est aussi une ville qui a appartenu à la Yougoslavie du maréchal Tito. Ici, le visage est populaire, révélateur d'une société qui se débrouille, face à un quotidien parfois morose, où les jeunes peinent à trouver un travail. Il règne dans ces différentes parties de l'est un vrai esprit de quartier. Le matin, les locaux se retrouvent pour boire le café dans le troquet du coin, on s'y réunit le soir pour prendre un verre ou pour regarder les matchs de football ou de handball, les générations s'entremêlent sans complexe. Les Splitois sont par ailleurs très attachés à leur équipe locale, le Hajduk Split, qui rivalise avec le Dinamo Zagreb. On peut donc voir le logo du Hajduk, peint sur plusieurs murs de la capitale dalmate. Fondé en 1911, au temps de l'Empire austro-hongrois, le Hajduk devient un symbole de la Yougoslavie après la Seconde Guerre mondiale, quand ses joueurs rejoignent les partisans de Tito durant la guerre de libération. Aujourd'hui, l'équipe joue dans le stade de Poljud au nord de Split.
Symboliquement, cette partie de la ville fait écho au Novi Zagreb (Nouveau Zagreb), bien que l'appellation « Novi Split » n'existe pas. L'est de Split fait penser aux anciennes cités-dortoirs de l'époque du réalisme socialiste yougoslave issu du soviétique, que l'on trouve partout dans les Balkans, à Belgrade en Serbie notamment.
Si vous entrez dans un petit restaurant du coin, vous serez assuré de manger local et à petit prix. La cuisine ne sera pas des plus fines, mais pas nécessairement moins goûteuse. D'ailleurs, c'est dans l'est de Split que vous trouverez de très bonnes tables. Il faudra davantage se diriger vers la plage. En bord de mer, le restaurant Dvor sur la plage de Firule a très bonne réputation auprès des locaux. Le cadre est exquis, et la cuisine de même. Vers Bačvice, la Konoba Matoni ainsi que l'Oštarija u Viđakovi demeurent des adresses sûres où les habitants viennent s'y restaurer. Vous vous êtes rapprochés de la mer et cela tombe bien, car Bačvice demeure la plage la plus populaire de Split. Hors saison, elle est un endroit romantique où il fait bon se promener sous un ciel aux couleurs automnales. Si la bura ne souffle pas trop fort, les cafés qui restent ouverts toute l'année donnent envie de flâner dans l'après-midi en compagnie des retraités qui se retrouvent pour un jeu d'échecs. L'été, le spectacle vaut le coup d'œil. Les filles en bikini arpentent le bord de mer et sur fond de musique électro. L'ambiance est fébrile, bruyante. Quand les uns s'adonnent au picigin, le sport local, qui consiste à faire les plus belles acrobaties pour rattraper une balle à l'eau, les autres sirotent des cocktails. Les familles avec leurs enfants y viennent pour profiter de cette plage de sable où l'eau est peu profonde. Au bout du port se dresse un immense phare. En continuant vers l'est, sur la rue Vukovarska, le quartier universitaire de Split compte plus de 20 000 étudiants.