MONASTÈRE AGIOS NEOPHYTOS

Installé au pied d’une falaise, dans une vallée verdoyante, ce monastère orthodoxe grec (Ιερά Μονή Αγίου Νεοφύτου/Iera Moni Agiou Neofitou) est l'un des plus réputés de Chypre. Dédié à la Sainte Croix, il a été fondé en 1170 par le saint chypriote Néophyte le Reclus. Celui-ci a creusé pendant soixante ans la roche, d’abord seul, à partir de 1159, puis avec des disciples, pour créer l’Enklistra. Cette étonnante structure troglodyte accueille une chapelle décorée de fresques réalisées par le grand peintre byzantin Theodoros Apsevdis au XII^e siècle. Toujours occupé par des moines, le complexe abrite une église du XVI^e siècle et un riche musée ecclésiastique. À la fois moine et ermite, saint Néophyte le Reclus (1134-1219) a été canonisé par la plupart des Églises orthodoxes en tant que « grand ascète ». Il est le saint chypriote le plus important avec saint Barnabé. C’est aussi l’un des principaux chroniqueurs de la conquête de l’île par les croisés à partir de 1191.

Enklistra et musée. La partie la plus spectaculaire est bien entendu l’Enklistra. Accessible par un escalier, cet ermitage abrite le tombeau de saint Néophyte et une église troglodyte décorée par Apsevdis entre 1183 et 1187. Certaines fresques ont été repeintes au XV^e siècle. Ensuite, au sein du musée, vous découvrirez une superbe collection d’icônes, notamment celle de la Panagia Éléousa peinte par Apsevdis sous la férule de saint Néophyte : sur un fond doré, l’artiste s’est affranchi de la représentation classique de l’Éléousa (« Mère de Tendresse »), puisque la Vierge est ici sans l’Enfant. Le peintre a suivi le modèle de l’Ecténie (« Supplication »), avec Marie en prière, les mains ouvertes, tout en inscrivant le terme « Éléousa ». Tout dans la tendre gestuelle évoque la présence invisible du Christ. Dans la troisième salle, remarquez l’icône de la Panagia de l’Enklistra. Datant du début du XVI^e siècle et encadrée de son trône en bois sculpté, elle appartient au genre Vrefokratousa (« tenant l’Enfant »). Il s’agit de l’œuvre de Theophylactos, à qui l’on doit aussi les fresques de l’église de la Panagia Theotokos de Kalopetria (1514), dans le Troodos. La cinquième salle accueille quant à elle des amphores et poteries des X^e-VI^e siècles av. J.-C. qui proviennent de la nécropole d’Anatolikon, près de l’aéroport de Paphos. L’une des plus anciennes pièces est un magnifique vase à bandes rouges et noires et à cercles concentriques typiques de l’art géométrique chypriote.