SANCTUAIRE DE BEL
Les dimensions du sanctuaire, vaste enceinte carrée de 175 m de côté, et l’état de conservation de la cella placée en son centre font de ce monument l’un des plus fabuleux du Proche-Orient romain après Baalbek.
Une telle merveille n’est évidemment pas née en un jour. C’est sur l’emplacement d’un temple hellénistique qu’en 32 apr. J.-C. la cella fut dédiée à trois divinités : Bêl, Yarhibôl et Aglibôl, toutes trois du panthéon palmyrénien. Cette édification marque sans doute l’affirmation de la souveraineté romaine à Palmyre. Il faudra ensuite attendre le début du IIe siècle pour que le péribole soit agrandi et enceint de deux rangées de colonnes. Le portique d’entrée (celui qui enferme les guichets actuels) ne fut achevé qu’à la fin du IIe siècle. Ce dernier mur comportait une entrée monumentale (avec escalier) qui a beaucoup souffert de la transformation du sanctuaire en place forte au XIIe siècle par les Mamelouks. Le spectacle de ses éléments de remploi insérés dans le désordre prouve l’état de délabrement de la ville de l’époque.
Dans la vaste cour du sanctuaire, l’œil est immédiatement attiré par la cella légèrement décentrée vers le nord-est. Elle est encore en partie entourée des colonnes de son péristyle, en particulier sur le côté est. Le péristyle était couvert de dalles portées par des poutres également de pierre. Le portail, dont la base a été restaurée, est d’une taille impressionnante. La griffe syrienne sur cet édifice apparaît nettement dans la richesse de la décoration (palmettes, guirlandes de fruits, feuillages...). Dans l’axe de ce portail s’ouvre la cella, vaste pièce de 10 m sur 30 m qui constituait le cœur du temple. Se faisant face, deux thalamos, la partie la plus sacrée du temple, qui abritaient les statues des divinités.
Le thalamos de gauche possédait un escalier et une chambre annexe. Le plafond richement décoré porte en son centre l’effigie de Jupiter (l’astre associé à Bêl), entourée d’un premier cercle représentant les six planètes et d’un deuxième portant les douze signes du zodiaque. Le thalamos sud est également surmonté d’un bloc monolithe pesant plusieurs dizaines de tonnes, à la décoration purement géométrique et florale.
La volée d’escaliers qui y conduisait est bien conservée. Deux autres escaliers placés à l’intérieur de la chambre sacrée conduisaient au toit de l’édifice. La chambre comporte un mihrab qui atteste la transformation de la cella en mosquée. En sortant de la cella, on notera dans la cour du sanctuaire, à gauche, les traces d’un bassin de lustration et, à droite, celles d’un autel. Derrière l’autel ont été identifiées les fondations d’une salle de banquet près d’une voie processionnaire bordée de gradins qui servait à conduire les animaux au sacrifice et qui monte en pente douce depuis le mur d’enceinte ouest.