MONT QASSIOUN

Une sortie inoubliable, à condition de l’effectuer par temps clair. Une demi-heure avant la tombée de la nuit, prenez pull et coupe-vent, appelez un taxi et indiquez la direction du djebel Qassioun (200 LS l’aller simple). Après avoir traversé la colline dénudée et dépassé les bâtiments futuristes du palais présidentiel et du palais des hôtes, puis le monument aux morts, la voiture s’arrête sur la route en balcon qui domine Damas. Le dénivelé est tel qu’on a l’impression de survoler la ville. Minarets et immeubles modernes dépassent un premier plan formé par les habitations compactes. Au loin, une ceinture verte boucle la ville et semble la protéger. Alors que le jour fait brutalement place à la nuit, cent voix de muezzins s’élèvent dans les airs pour inviter les fidèles à la prière. La ville s’illumine de mille feux tandis que le froid qui gagne la montagne nous rappelle que Damas est fille du désert.

La vision qui s’offre au contemplatif en ce début de XXI^e siècle n’a toutefois plus grand-chose à voir avec les récits enflammés qu’en faisaient les écrivains, il y a un siècle.

« La ville apparaît de là, toute gracieuse et blanche, avec ses toits en terrasse et ses fins minarets, au milieu de l’abondante nappe de feuillage qui l’entoure comme une petite mer, ou un grand lac, d’un beau vert foncé, légèrement bleuâtre. Les derniers rayons de soleil l’empourprent délicatement ; elle ne semble pas très vaste, mais délicieusement fraîche et jolie au sein de ses bois et vergers. Les montagnes et les plaines dépouillées par l’automne, qui environnent l’oasis, donnent l’impression de désert ; c’est un cadre grandiose et splendide, surtout à cette heure de la journée où une brume rose voile les sommets de l’anti-Liban et de l’Hermon. » (Vega, Voyage en Syrie et en Galilée, 1912.)

Des dizaines de petits cafés accrochés à la colline proposent boisson, chicha et parfois quelques plats. Attention, les prix sont très élevés pour une qualité moindre. De plus, les arnaques sont fréquentes, un thé peut vite revenir à 200 LS, ici le paquet de mouchoir sur la table est payant ! Un conseil donc, admirez la vue à l'écart de ces échoppes et revenez étancher votre soif dans les ruelles de la vieille ville.