Little India & Kampong Glam

Le quartier de Bugis tire son nom de ses premiers habitants, les bugis, des pirates originaires de Sulawesi en Indonésie et arrivés à Singapour bien avant l'époque coloniale. Plus tard, une petite communauté chinoise originaire de Hainan s'est installée à l'emplacement actuel de Bugis Junction avant de partir sur Beach Road au début du XXe siècle. Avant la Seconde Guerre mondiale, c'est la communauté japonaise qui s'implante à Bugis. De nombreuses jeunes filles venues des régions pauvres du Japon viennent y travailler comme prostituées. Après la Seconde Guerre mondiale, les Japonais furent chassés de Singapour par les Anglais et le quartier devint, quelques années plus tard, le quartier rouge de Singapour. Des années 1950 à 1980, Bugis était connu dans le monde entier pour son ambiance haute en couleur et sa population de travestis qui venait rejoindre les marins de passage. Difficile d'imaginer que Singapour faisait sa réputation non pas sur sa finance ou ses quartiers policés, mais sur ses travestis et ses transsexuels ! A partir des années 1980, le quartier a fait l'objet d'une vaste réhabilitation. Les bars et travestis ont depuis laissé la place à un bazar où l'on peut acheter toutes sortes de souvenirs.

Le quartier de Kampong Glam qui signifie « le village des arbres gelam » en malais n'était qu'un petit village de pêcheurs malais avant l'arrivée de Raffles à Singapour en 1819. Lorsque Raffles édicta en 1822 le plan de la ville, divisée en différents quartiers ethniques, il laissa aux Malais leur quartier d'origine. Au-delà des Malais, les marchands musulmans venus d'Indonésie ou du Moyen-Orient s'étaient établis dans ce quartier, ouvrant commerces et restaurants. Le nom des rues témoigne de leur présence : Arab Street, Haji Lane, Baghdad Street, Kandahar Street ou encore Muscat Street. La journée, on peut visiter la mosquée du Sultan, construite en 1825, et le centre du patrimoine malais, ancien palais construit pour le dernier sultan de Singapour. C'est un quartier très agréable pour flâner, faire du shopping dans les petites boutiques branchées de Haji Lane et le soir pour prendre un verre ou fumer un narguilé.

Selon le plan de Raffles, le premier Little India se trouvait au sud de la rivière, à Chulia Street, dans l'actuel quartier des affaires. Après le départ de Raffles, les Indiens sont partis vers le Rochor Canal, ayant besoin d'eau pour leurs cultures. Autour de la rivière, il n'y avait alors que des marécages et les tigres rôdaient. Les fermiers indiens devinrent alors des chasseurs de tigres réputés. Le Little India actuel s'est développé autour de l'élevage de buffles par les tamouls. Petit à petit, d'autres activités économiques ont commencé à voir le jour. Aujourd'hui, de nombreux ouvriers venus d'Inde, du Bangladesh, du Sri Lanka ou du Pakistan, véritable main-d'œuvre de la croissance singapourienne, viennent se retrouver à Little India. Profitez du week-end pour découvrir l'animation toute particulière de ce quartier. Temples indiens, étals de fruits et légumes, odeur de jasmin et d'épices sur fond de musique Bollywood : bienvenue à Little India !

De Fort Canning à Marina Bay

De Fort Canning à Marina Bay, deux lieux pour une même ville. Le premier, Fort Canning, est chargé d'histoire, premier foyer de peuplement dès les XIIIe et XIVe siècles ; l'autre, Marina Bay Sands, est le nouveau symbole d'une ville qui se tourne vers l'avenir. Entre les deux, le quartier colonial où les nombreux édifices comme le Parlement, l'Hôtel de Ville, la Cour suprême, le Padang, le Singapore Cricket Club ou encore les églises (Saint-Andrew, Bon-Pasteur, couvent de l'Enfant-Jésus, Saint-Grégoire-l’Illuminateur), les musées (le musée d'Histoire de Singapour, le musée des Civilisations asiatiques), sans oublier le mythique hôtel Raffles, sont autant de vestiges de la grandeur passée de l'Empire britannique. La plupart de ces édifices ont été conservés après 1965 et restaurés.

Chinatown et le CBD

Le centre névralgique du Central Business District (CBD) est le Raffles Place, jadis appelé Commercial Square. Dans les années 1850, il abritait essentiellement les bureaux des propriétaires de navires. Les marchands pouvaient observer les chargements et déchargements à Collyer Quay. Les activités commerciales ont donc commencé dans ce quartier grâce à sa proximité de la rivière. Depuis, les grandes tours des banques ont remplacé les bureaux de commerce. Parmi les tours emblématiques du quartier, on trouve le OUB Centre, construit par l'architecte japonais Kenzo Tange en 1986. Quelques bâtiments coloniaux subsistent comme le Fullerton Hotel, ancienne poste centrale, le Boathouse, ancien siège de l'autorité portuaire de Singapour, ainsi que le Clifford Pier et le Collyer Quay, qui ont été réaménagés. Plus au sud, Lau Pa Sat est l'un des hawker centres les plus célèbres de Singapour, sous son élégante structure de fer forgé peinte en blanc, importée de Glasgow en 1894. Toujours vers le sud, au milieu des buildings, on trouve le temple taoïste Wak Hai Cheng Bio, le « temple de la mer calme », date de 1826, petit espace de tranquillité au cœur de l'agitation. La tour CapitaSpring, 88 Market Street, est incontournable, haute de ses 280 mètres, elle abrite de la verdure en son sein et il est possible de la visiter (rooftop et 17ᵉ au 2ᵉ étage), la vue sur Singapour est à couper le souffle. En continuant sur Church Street, on sent rapidement l'ambiance chinoise. Les rénovations ont malheureusement un peu tué la vie de quartier de Chinatown, et les rues sont maintenant plutôt animées par les touristes. Après avoir été voué à la destruction, le quartier l’a été à la restauration ou, mieux, à la reconstruction.

Orchard Road et ses environs

Lorsqu'on pense Orchard Road, on pense shopping, hôtels et restaurants. Et pourtant, orchard signifie « verger ». Lorsque Raffles arriva à Singapour, les environs de l'actuelle Orchard Road étaient plantés de palmiers à noix de bétel et de gambiers appartenant à quelques riches familles chinoises et malaises. Plus tard, on y développa aussi des plantations de noix de muscade et de poivre ainsi que des vergers, d'où le nom d'Orchard Road. Dès 1870, les européens qui étaient plutôt installés vers Beach Road (autour du Raffles) vinrent s'installer autour d'Orchard Road, dans le quartier de Tanglin, pour chercher un peu de verdure. Lors de votre balade sur Orchard Road, n'oubliez pas d'aller à Emerald Hill pour admirer les magnifiques shophouses construites au début du siècle dernier par les riches familles Peranakan. Plus bas sur Orchard se trouve l'Istana, le palais présidentiel construit en 1869 pour le gouverneur. Ouvert au public quatre fois par an, le domaine comprend des bâtiments administratifs et d'habitation, un large bassin, un terrain de golf et même un cimetière. Enfin, tout au bout de la rue se trouve l'immeuble Cathay, construit en 1935 et qui abritait les studios de cinéma de la British Malaya Broadcasting Corporation, aujourd'hui transformés en centre commercial après avoir été occupé par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale.

Les Réserves naturelles et le Nord

Singapour est le deuxième pays le plus densément peuplé derrière Monaco, et pourtant en allant dans le centre et dans le nord, on pourrait se croire sur une île presque sauvage. Véritable poumon de l'île, on y trouve encore des étendues de forêts primaires et secondaires, des lacs artificiels, des réserves… Peut-être tomberez-vous nez à nez avec un animal sauvage ? Pour mettre toutes les chances de votre côté, allez plutôt au zoo.

Changi et la côte Est

A la fin du XIXe siècle, les malais commencèrent à quitter Kampong Glam pour s'installer dans le quartier de Geylang. Certains y étaient déjà installés alors pour la proximité de la mer à l'époque. On y trouvait des plantations de cocotiers, d'hévéa et de manioc. Selon l’architecture malaise, les maisons étaient alors construites en bois, légèrement surélevées et constituées en villages appelés kampung. Mais après l'indépendance, l'urbanisation eut raison de ces habitations traditionnelles qui laissèrent la place à des zones résidentielles plus modernes. Aujourd'hui, le quartier de Geylang est un quartier populaire et sûrement l'un des plus animés de l'île. Autre quartier : Katong et sa rue principale Joo Chiat. Au XIXe siècle, le quartier était aussi recouvert de plantations et Joo Chiat n'était alors qu'un chemin boueux reliant Geylang Serai à la mer. Cette rue tient son nom d'un riche Chinois, Chew Joo Chiat, qui possédait les plantations et qui accepta que ce chemin soit transformé en route. Après la Première Guerre mondiale, il vendit ses terres et les plantations furent transformées en habitations. Les riches Chinois peranakan affluèrent et firent construire de superbes shophouses dans les années 1920. Les européens également s'étaient fait construire de belles villas coloniales, le long de Mountbatten Road qui à l'époque longeait la mer. Aujourd'hui, le quartier de Katong/Joo Chiat offre un charme inégalé à Singapour. On s'y promène le nez au vent pour admirer les façades colorées des shophouses restaurées. Mais l'embourgeoisement guette : profitez-en tant que ce quartier conserve son authenticité.

Jurong et la côte Ouest

Cette partie de l'île a été développée sur la mer à partir des années 1970. La partie la plus occidentale est industrielle alors que la partie plus orientale et centrale est constituée de zones d'habitations HDB ainsi que de différents parcs d'attractions comme le Jurong Bird Park. Le parc du Mount Faber au sud est relié au parc Kent Ridge par la chaîne des Southern Ridges, qui constitue une promenade très agréable de 9 km avec une vue sur l'île de Jurong, en face ; cette île artificielle, sur laquelle est concentrée l’industrie pétrochimique à Singapour, est l’un des 10 plus grands complexes pétrochimiques au monde. Shell y a inauguré en 2010 son plus grand centre de raffinage. L'accès à l'île est strictement interdit.