shutterstock_1590551860.jpg
shutterstock_1010455657.jpg

Bouddhisme

Un tiers de la population de Singapour étant bouddhiste, les temples font partie du paysage urbain. L’un des principaux lieux de culte hindou de la ville date de 1855. Le Sri Srinivasa Perumal temple est dédié à Vishnou, qui se nomme aussi Perumal. La tour du lieu sacré, ajoutée en 1966, rassemble une foule de sculptures sur ses six niveaux montant à une hauteur de vingt mètres. Tous les ans, une procession part de ce temple et remonte jusqu’au temple de Sri Thendayuthapani. A cette occasion, les hommes portent les « kavadis », plateaux à pied richement ornés surplombant leur tête. Cette fête annuelle célèbre Murugan, dieu du courage, de la force, de la beauté et de la vertu.

En façade du Sri Senpaga Vinayagar temple, dédié à Ganesh, on peut admirer des sculptures de Shiva dansant. Reconnaissable à ses huit bras, Shiva est l’un des trois dieux primordiaux. Associé à la lune, il représente plus spécifiquement la création et son pendant, la destruction.

Nanyang mouvement

Théorisé dans les années 1970, le mouvement Nanyang ( « mer du sud » en mandarin) désigne un groupe de six artistes d’origine chinoise également enseignants : Lim Hak Tai (1893-1963) réunit autour de lui Cheng Soo Pieng, Chen Chong Swee, Liu Kang et la seule femme, Georgette Chen (1906-1993). Ensemble, ils contribuent à un courant, probablement marqué par l'Ecole de Paris. En effet, tous ont complété leur formation en France, et à leur retour, ont mélangé le modernisme occidental à la tradition chinoise. Le courant Nanyang ne se caractérise pas tant par un style que par cette fusion, occasionnant diverses propositions. Les thèmes restent attachés à la vie locale : scènes du quotidien, paysages, portraits. Leurs œuvres nous parlent du Singapour d’autrefois. Cependant, leur vision des années 1940 est grandement idéalisée. Leur mérite tient aussi à leur enseignement, qui jette les bases des innovations à venir.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la vague de nationalisme touche aussi le domaine des arts. Le réalisme social intéresse en particulier les artistes de Singapour. Après l’autonomie, acquise en 1959, les thématiques s’orientent vers la modernisation, et la quête identitaire du pays.

Swie Hian Tan

Swie Hian Tan est peut-être l’artiste le plus connu de Singapour. Né en 1943 en Indonésie, écrivain, sculpteur, et traducteur, il s’établit avec sa famille dans la ville-jardin à l'âge de six ans. Jeune adulte, il se fait connaître pour sa poésie. C’est en travaillant comme attaché de presse pour l’ambassade de France à Singapour que Swie Hian Tan s’initie aux courants artistiques et littéraires occidentaux. Il élabore ses premières sculptures en 1964 en utilisant la terre, le bois, les métaux et la résine en fonction du message à transmettre.

Sa première exposition, en 1973, présente ses peintures à l’huile. Toutes s’inspirent du bouddhisme. La vision et les figures bouddhiques, les sutras, le zen ne cesseront jamais d’imprégner son travail pictural. Plus tard, il s’ouvre aux maîtres européens comme Dalí ou Magritte. Il réalise au long de sa carrière une multitude de portraits, dont nombre de personnalités à l’encre de Chine. Si ce médium s’inscrit dans la pure tradition chinoise, il est novateur dans le genre du portrait.

En ville, ses œuvres sont visibles au Singapore Art Museum (SAM), en travaux jusqu’en 2026, mais aussi dans le métro, dans le centre commercial Raffles City, au Pan-Pacific Hotel et dans plusieurs banques.

Essor moderne

Fondé en 1990, The Substation a été le premier centre à bénéficier du programme national en faveur des arts. Devenu le premier lieu alternatif de Singapour, le centre propose désormais un programme pluridisciplinaire résolument expérimental. Il accueille les plasticiens, écrivains et intellectuels les plus prestigieux. Parmi ses invités, Amanda Hang fut la première artiste à évoquer le féminisme dans son travail. Elle est aussi la première à avoir présenté des performances dans sa ville natale. Née en 1951, Amanda Heng expose son travail photographique dans le monde entier. Dans ses photos et ses installations, Heng questionne la notion de genre, d’identité et de féminité avec beaucoup de grâce.

La vie culturelle à Singapour est en plein boom depuis une quinzaine d'années. Arrêt incontournable pour découvrir l’art moderne de cette partie du monde, le Singapore Museum of Art (SAM) abrite le plus riche fonds d’art moderne et contemporain du Sud-Est asiatique, mais il est malheureusement fermé pour travaux jusqu’en 2026.

Street-art

Dans des conditions relativement encadrées, l’art urbain s’épanouit à Singapour depuis 2015. S’il faut demander l’autorisation avant de peindre un mur, la créativité est la bienvenue dans le quartier de Kampong Glam. Plus particulièrement, autour d’Haji Lane, la rue aux façades colorées. Animée par les cafés, les boutiques et les galeries d’art, elle prête ses murs aux graffeurs. Des fresques se déploient tout au long de Bali Lane, d’Arab Street ou encore de Muscat Street.

Parmi les pionniers de la scène urbaine, Slacsatu a apposé ses premiers graffitis en 1998. Cet autodidacte produit une série inspirée du batik, et affectionne les compositions abstraites. Autre Singapourien, ANTZ s’inspire de la mythologie chinoise. Colombien installé à Singapour, Didier Jaba Mathieu réalise des œuvres graphiques célèbres dans différents quartiers.

L’explosion du street-art est en réalité le résultat d’une décision politique. En 2015, le gouvernement invite 50 artistes internationaux à commémorer le cinquantenaire de l’Indépendance. Six ans plus tard, il valide la naissance du « Graffiti Hall of Fame » à Kampong Glam. Pour le constituer, 17 artistes locaux ont embelli 240 mètres de façades sans jamais s’écarter du politiquement correct. Sous peine d’emprisonnement.

Chaque quartier glorifie ses héros et leur participation à l’histoire nationale. Dans Tiong Bahru, la réalisation de peintures murales a été confiée à l’artiste Yip Yew Chong. Seule contrainte : illustrer le chant et la beauté des oiseaux (à voir à 71 Seng Poh Lane, 74 Tiong Poh Road/Eu Chin Street) ; il signe aussi le portrait d’une diseuse de bonne aventure au 73 Eng Watt Street.

Chinatown accueille le talent de Belinda Low  sur Banda Street. Les thèmes de sa fresque sont les bâtisseurs de la nation, les pêcheurs et les cultivateurs. Sur Amoy Street, une fresque longue de 40 mètres raconte l’histoire des premiers immigrants, en rappelant les espoirs et les sacrifices de la première génération de Singapouriens.

Dans Little India, repérez sur Hindoo Road le portrait de la star de cinéma tamoul,  Rajinikanth, peint par ZERO.  Les traditions indiennes sont présentées par Psyfool le long de Belilios Lane. Rien de contestataire, mais cela n’empêche pas la qualité.

Sculpture urbaine

Le paysage urbain se révèle en tant que territoire privilégié de la sculpture publique. Dans les multiples parcs et jardins de la ville, vous resterez sans doute en admiration devant une création de Sun Yu Li. L’artiste d’origine chinoise ponctue la ville-jardin de sculptures depuis 40 ans.

Arrivé à Singapour en 1981 pour travailler comme architecte, Sun Yu Li s’exerce à la peinture et à la sculpture à ses heures perdues. Petit à petit, il consacre de plus en plus de temps à l’élaboration d’un langage universel. Selon lui, ses créations aux formes simples émanent directement de l’esprit, de ses pensées,  de ses émotions. Il incorpore des symboles pour souligner l’union de la forme et du sens. A travers ses œuvres, l’artiste invite à s’ancrer dans l’existence tout en s’appuyant sur les lois mathématiques pour atteindre l’universalité. Chacune de ses sculptures est façonnée en relation avec la lumière naturelle, le vent, son environnement naturel ou urbain.

Reliant les principales sculptures et créations architecturales de la ville, le Marina Bay Art Trail se parcourt en 1h30 au bord de l’eau. La balade culturelle englobe des artistes locaux et des pointures mondiales comme Roy Lichtenstein et Lin Emery. Elle se termine au Merlion Park, après un détour shopping au Marina Square Shopping Mall.

Contemporain

Les talents de demain sont accueillis à la galerie Chen Hampe, au sein du Raffles Hotel (Unit 01-04, 328 North Bridge Road). Les artistes qui ont déjà fait leurs preuves sont représentés par la Galeries Artfolio et la Galerie Connoisseur. Juste en face de l’hôtel, la galerie Ode to Art met à l’honneur l’art contemporain chinois et la sculpture moderne.

Ne manquez pas de visiter Gillman Barracks. Ces anciens baraquements de l’armée britannique ont été reconvertis en galeries d’art comme Sundaram Tagore Gallery ou Pearl Lam.

La Foire artistique de Singapour s’impose comme le nouveau rendez-vous de la scène artistique mondiale. Elle est en tout cas la plus grande et la plus internationale des foires d’Asie du Sud-Est. Pas moins de 160 galeries se retrouvent à ART SG au mois de janvier, au cœur du quartier financier, à Marina Bay Sands Expo and Convention Centre pour exposer l’art le plus novateur et inspirant.

L’événement s’inscrit dans la volonté du SG Arts Plan. Ce programme, qui s’est tenu entre 2018 et 2022 a donné la priorité à la vie culturelle. Le but étant de faire de Singapour un centre attractif pour le milieu de l’art tout en valorisant le pluralisme de la population. Les habitants de tous horizons sont encouragés à exploiter leur créativité à travers l’enseignement, l’ouverture de lieux et de manifestations artistiques. Inspirant et réunificateur, l’art porte une lourde mission mais pour cela, Singapour lui déroule le tapis rouge.