TOUR CARBONNIÈRE

Avec sa silhouette massive posée au milieu des marais, la tour Carbonnière semble sortie d'un rêve d'histoire médiévale. Isolée, tranquille, elle évoque pourtant une époque bien plus agitée : construite au XIIIe siècle, elle était alors la gardienne de la cité royale d'Aigues-Mortes. Si les archives restent floues sur sa date exacte d'érection, on sait qu'elle avait une double fonction : point de contrôle stratégique sur l'unique voie d'accès terrestre vers Aigues-Mortes, et péage obligatoire pour tous ceux qui s'y rendaient. Il fallait passer par là (marchands, voyageurs, pèlerins, soldats) et payer. Sa position était donc essentielle : postée sur un ancien bras du Vistre, elle permettait de filtrer les entrées, mais aussi d'alerter la ville en cas de danger. Une garnison y résidait, appuyée par quatre pièces d'artillerie. Rénovée il y a une dizaine d'années, la tour est ouverte au public. Du haut de la terrasse on bénéficie d'un panorama remarquable : les étangs miroitants, les roselières, les pâturages de taureaux et de chevaux — un paysage typiquement camarguais à perte de vue. Pour prolonger l'expérience, un sentier de 12 km permet de rejoindre la tour depuis Saint-Laurent-d'Aigouze à pied ou à vélo. Une traversée des marais à faire au lever ou au coucher du soleil, quand la lumière rasante donne des allures dorées aux paysages. Moins fréquentée qu'Aigues-Mortes, plus sauvage aussi, la tour Carbonnière offre une parenthèse calme et authentique, loin de la foule mais au cœur de l'histoire et de la nature camarguaise.