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Le secteur agricole

L’agriculture a toujours été la principale ressource de l’île. Au total les Crétois cultivent 30 % de leur sol et doivent, depuis 1981 et l’année de l’entrée de la Grèce dans l’Union européenne, faire face aux régulations de Bruxelles concernant la politique agricole commune. Or, les habitants de l’île acceptent assez difficilement que les directives concernant une de leurs plus importantes sources de revenus soient décidées à plusieurs milliers de kilomètres de la Crète. On ne change pas des cultures ancestrales aussi facilement même si cela ne permet pas d’obtenir des rendements aussi importants qu’en Europe occidentale. Et d'ailleurs, cette permanence de la tradition garantit à coup sûr la bonne qualité des aliments produits en Crète.

Si les Crétois ne suivent pas à la lettre les directives européennes dictant les rythmes de la productivité, ce n’est pas pour autant que le développement du secteur agricole se fait dans le respect total des ressources naturelles et de la protection de l’environnement. En effet, le problème qui touche l’irrigation est assez sérieux. Grâce aux sommets montagneux, les zones cultivables sont irriguées par de nombreuses sources. Dans les autres régions, les Crétois ont depuis longtemps trouvé le moyen de pomper l’eau des nappes phréatiques en installant des éoliennes dans les plaines. Pourtant, ce n’est pas rare, en été, lorsque les besoins en irrigation sont très importants, que plusieurs régions se trouvent avec des coupures d’eau ou que les champs soient arrosés à tour de rôle. Par ailleurs, la consommation irréfléchie d’eau puisée atteint sérieusement les réserves des couches phréatiques, ce qui aggrave encore plus la situation.

D’autre part, les pesticides et les engrais utilisés intensément pour les cultures ont déjà endommagé la flore et surtout la faune de l’île. Dans la course vers le développement et la modernisation du secteur agricole, moins effrénée qu’ailleurs mais au galop, les Crétois se trouvent à la deuxième place des régions grecques utilisant le plus les pesticides et engrais, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. La lueur d’espoir vient de l’agriculture biologique qui se développe progressivement sur toute l'île et pourrait constituer une alternative intéressante et pleine de promesses pour les agriculteurs crétois et leur environnement.

Le tourisme

La Crète est l’une des régions les plus touristiques du pays, et la deuxième île la plus visitée, après l'indétrônable Santorin. Dans certaines régions, toutes situées sur la côte nord de l’île, cet afflux touristique est particulièrement visible et envahissant. L’activité touristique a d’abord profité aux propriétaires de grands complexes hôteliers sur la côte nord, la plupart du temps grecs ou étrangers, mais plus rarement crétois. Petit à petit, les bénéfices de cette frénésie touristique se sont étendus à toute la population qui a su y trouver, aussi, son compte. D’abord les infrastructures se sont développées sur l’ensemble de l’île, et ce ne sont plus aujourd’hui uniquement quelques pôles qui en profitent. Petits restaurants, pensions familiales et magasins touristiques se sont ouverts un peu partout sur l’île, auxquels il faut ajouter les locations de véhicules, les excursions organisées et toutes les activités qui gravitent autour pour comprendre que le tourisme est aujourd’hui indispensable à l’économie crétoise en tant que tout premier secteur d’activité. Entre les grandes villes du nord, complexes hôteliers et résidences de vacances se succèdent pour attirer la majeure partie des visiteurs qui choisissent des formules « tout compris » pour leurs vacances. C’est donc dans ces régions que vous aurez le moins de chances de découvrir la Crète authentique. En d’autres termes, cela veut dire que l’investissement effréné dans le secteur touristique apporte énormément de fonds aux Crétois mais cela risque de transfigurer davantage le paysage de l’île. Si cette tendance se maintient, le pays ne pourrait que subir, dans les années à venir, les effets négatifs d'un trop-plein touristique, et ce en dépit des revenus générés, évidemment bienvenus après la pire crise économique que le pays ait connu depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. C’est la raison pour laquelle le tourisme alternatif doit se développer afin de préserver et mettre durablement en valeur les ressources naturelles, culturelles et sociales de la Crète.

Le grand enjeu actuel

En 2009, la crise économique la plus grave de l’histoire moderne grecque frappe le pays : les plans de rigueur successifs s’imposent. En 2010, les pays de la zone euro lancent des plans de sauvetage internationaux afin d’éviter la faillite de la Grèce. En 2018, le dernier plan d’aide prend fin et la reprise économique s’amorce.

Au départ, la Crète résiste bien à cette crise : le taux de chômage est plus bas que dans le reste du pays, principalement grâce au développement du secteur touristique. Mais, à partir de 2012 et alors que le tourisme en Crète connaît une hausse spectaculaire sans précédent, le taux de chômage flambe : pour la première fois, le secteur touristique ne semble pas capable d’absorber les secousses provoquées par la crise économique. Selon les statistiques officielles récentes, cela est dû à la baisse des revenus par visiteur, à la dispersion géographique des établissements et entreprises touristiques ainsi qu’au manque de liens entre le tourisme et les autres secteurs économiques crétois, tels que le commerce ou l’agriculture.

Cela est révélateur du fait que le tourisme n’est pas encore appréhendé comme un des piliers pouvant contribuer de manière globale, directement ou indirectement, à la réalisation des objectifs fixés par le Programme du Développement Durable à l’horizon 2030. Ce programme, adopté en 2015 par les gouvernements membres de l’ONU (dont la Grèce), vise à mettre fin à la pauvreté, à combattre les inégalités et les injustices et à remédier au changement climatique. En d’autres termes, le pari pour le développement touristique crétois est de faire en sorte qu’il se poursuive en tenant compte de ses retombées économiques, sociales et environnementales actuelles et futures, tout en répondant pleinement aux besoins des visiteurs, des professionnels, et des communautés d’accueil.