Départ pour Ilulissat ce matin. Le vol est retardé mais finalement nous partons. Les gens font  la queue pour entrer dans l'avion et sont prêts à courir pour avoir le meilleur siège avec hublot. On a l'impression d'être chez Harrods, à Londres, le premier jour des soldes. Je dois reconnaître que la vue est superbe et Harrods ne peut pas rivaliser avec ça ! Pour observer les icebergs, visez le hublot de gauche, pour apercevoir la ville, optez pour le hublot de droite. Et si vous voulez embrasser le pilote, eh bien, soyez créatif et n'oubliez pas de nous envoyer la photo !

 

Ouah. Puis-je dire qu'Ilulissat est un véritable choc ? Non pas en raison de sa beauté, je mentirais en écrivant cela. Première impression : bondée ! Je n'aurais jamais cru dire une chose aussi absurde au sujet d'une ville de 4 530 habitants quand on pense que je travaille à Paris, une ville de 10 millions d'habitants ! Mais comparée à Kangerlussuaq, c'est comme entrer dans une mégalopole. Beaucoup de voitures et de gens se promenant sur les routes ! Le port est rempli de bateaux. Il y a même un soupçon de stress urbain. Ah ah ah ! Deux jours passés à Kangerlussuaq furent suffisants pour me faire perdre la tête.

 

Avec le groupe, nous arrivons à l'hôtel Hvide Falk. Un vrai bijou. J'aime sa décoration : une peau d'ours accrochée au mur, un petit kayak suspendu au plafond, un piano dans la salle du petit déjeuner... Accueillant et chaleureux.

Lorsque j'ouvre la porte de ma chambre, je suis estomaquée par la vue. Une grande baie vitrée et un balcon donnent sur le fjord et ses icebergs. Une carte postale onirique. Mais il est temps d'aller dehors et de faire connaissance avec cette " ville immense " grâce à  une visite guidée. A chaque passage devant le port d'Ilulissat, j'aurai ce désir irrépressible de partir faire un tour de bateau avec un pêcheur pour l'observer travailler... J'aime le parfum de la mer, le vent qui vous gèle lorsque vous êtes à bord. Et j'adore le poisson. Les marins ont une relation intime avec la mer, ils sont proches de la nature et des choses simples de la vie. J'adorerais discuter avec eux et connaître leur vie.

 

Notre guide Christian nous montre tout : le célèbre musée de Knud Rasmussen, l'église, les bars, les cafés, les nombreuses écoles maternelles, le traîneau du Père Noël avec sa boîte aux lettres géante (oh oui, le Père Noël ne vient pas de Finlande mais du Groenland, tu devrais savoir cela sinon ta liste de voeux ne parviendra pas à la bonne adresse. Ce serait dommage de n'avoir aucun cadeau le soir de Noël... Penses-y pour l'hiver prochain).

 

Il est déjà 14h. Avec Julia et Gabriel, nous sommes affamés et sommes impatients de déjeuner au restaurant de l'hôtel Hvide Falk. J'opte pour le poisson, bien sûr. Mes amis me demandent de choisir la bouteille de vin blanc alors je sélectionne avec un certain plaisir du Pouilly Fumé. La nourriture est délicieuse. Nous trinquons au Groenland. Une fois terminé, nous organisons notre propre tour : direction le supermarché pour voir les produit locaux. Julia et Gabriel plongent dans les étals du magasin... quand je file droit vers les biscuits. De retour à l'hôtel, ils m'invitent dans leur chambre pour partager une bouteille de vin blanc. Ce couple sait profiter de la vie, ils sont si amicaux. Alors me voici avec eux, tenant dans la main un verre de vin doré tandis que mon regard se pose sur les icebergs flottants dans le fjord. N'est-ce pas fou ? Suis-je dans un rêve ? Nous discutons assis sur les lits ou dans les fauteuils. Ils me racontent leur vie au Brésil et me parlent notamment de l'insécurité. Cette violence et angoisse qu'ils doivent affronter au quotidien. Être en vacances à l'étranger est un véritable soulagement pour eux. Le jour fait lentement place à la nuit et nous ouvrons une nouvelle bouteille. Les aurores boréales font, bien sûr, partie de la conversation puisque Gabriel est venu ici pour réaliser son plus grand rêve : les photographier. Quelles sont les chances, ce soir ? Et le meilleur endroit pour les observer ? Je remarque Søren et Marie-Louise, le couple danois, sur le balcon. Ils scrutent le ciel. Søren est, lui aussi, au Groenland pour les aurores boréales. J'ouvre la porte-fenêtre et les effleure par surprise. " Ça vous dirait de nous rejoindre à l'intérieur, on a une bonne bouteille de vin ? " Nous sommes maintenant 5 dans la chambre. Gabriel et Julia disposent leurs trouvailles du supermarché sur la table et je cours vers ma chambre pour amener le dessert : biscuits et bonbons. Gabriel ouvre une nouvelle bouteille et nous rions de plus belle. Je parle de ma passion/ fascination pour le Danemark et la langue danoise (l'un de mes sujets préférés avec la gastronomie). Les rires résonnent,  les verres se remplissent de nouveau. Julia aborde la politique. C'est une si belle soirée. Nous ne nous connaissions pas avant notre arrivée au Groenland et nous sommes soudainement si proches. Cet échange international est passionnant : à quoi ressemble la vie au Brésil, au Danemark et en France ? Qu'est-ce qui nous différencie ou nous unit ?... La nuit est tombée sur Ilulissat et je sens mes amis tomber aussi mais de sommeil. Il fait chaud à l'intérieur alors j'essaye de motiver les troupes pour une chasse aux aurores boréales. J'ai besoin de sentir l'air froid. Marie-Louise est trop fatiguée pour nous suivre cette fois-ci. Elle part se coucher. Mais je n'abandonne pas pour autant : " Allez,  ça vous dis ? " Julia interloquée me demande comment je fais pour être tout le temps de bonne humeur : " Tu n'es jamais fatiguée ? "  " Hé, nous sommes au Groenland ! J'veux danser avec les aurores boréales ! Venez avec moi ! "  J'ajoute en murmurant " ... et le vin blanc ne me donne jamais sommeil, jamais ! " Ils rient. C'est le début de la victoire contre l'assoupissement. Gabriel finit par enfiler ses vêtements en peau de phoque et Julia essaye d'ouvrir les yeux pour sortir de la pièce. Søren était plus facile à réveiller, il est déjà dans le couloir avec moi à attendre le couple Brésilien pour notre expédition spéciale Nordlys. Yiiiiiiiiiiiihhhhhhaaaaaaaaaaah !! Nous sommes dehors  et nous nous dirigeons vers le vieil héliport. Les garçons sont si rapides maintenant, que se passe-t-il ? Julia et moi avançons bien plus lentement. Il faut dire que Julia transporte le trépied de Gabriel. Une fois en haut de la colline, Søren et Gabriel continuent en grimpant la montagne. Avec Julia, nous nous étendons sur les rochers, les yeux fixés sur le ciel. Nous discutons quand subitement, la voici : l'aurore boréale ! Julia appelle Gabriel mais aucune réponse. Après plusieurs tentatives, nous décidons d'escalader la montagne pour retrouver l'équipe masculine. L'aurore boréale est assez pâle et de couleur verte mais elle est bien là ! Puis elle disparaît. Nous attendons mais il fait de plus en plus froid. Gabriel et Julia sont allongés sur la structure en bois du vieil héliport scrutant le ciel pendant que Søren et moi nous nous tenons debout l'un à côté de l'autre. Je tente de déceler une nouvelle aurore boréale mais non, rien de plus. Søren tend le bras dans les airs et me montre les étoiles, il me parle des constellations. Petit à petit,  la voûte céleste  s'anime  sous mes yeux. Des figures venant des temps anciens prennent vie. J'étais venu chasser quelque chose de très précis et j'ai trouvé autre chose de tout aussi magique. Merci Søren pour ce moment. ☺ Il est temps de revenir à l'hôtel, je suis frigorifiée. Julia et Gabriel sont les plus courageux, ils restent en espérant l'arrivée d'une nouvelle aurore boréale.

 

Vous aussi, vous avez envie de partir au Groenland ? Découvrez les offres de Nord Espaces.