Découvrez les Açores : Population

On vient également aux Açores pour l’hospitalité et la gentillesse de ses habitants. Vous trouverez ici une population simple, bercée par des histoires de marins, de pirates et de dragons. Passionnément, ils vous feront découvrir ce diamant brut, ses légendes et ses moindres recoins. Grâce à vos hôtes et à vos guides, vous tomberez sous le charme de cette nature préservée, si bien conservée par leurs soins. Quelqu’un a dit un jour que les habitants de l’archipel étaient des « gens heureux avec les larmes aux yeux ». Aujourd’hui, les Açoriens sont des gens heureux qui domptent leur environnement, mais ils doivent être prudents avec l’apparition d’un tourisme de masse qui abîmerait les lents et magnifiques crépuscules de ces îles à la beauté étrange. La population n’est pas nombreuse, mais authentique. Elle est aussi légèrement métissée, Espagnols, Flamands, Anglais et même Français sont passés par ici…

En chiffres

Avec environ 242 000 habitants au total, la population des Açores est constituée d’environ 125 000 femmes et de 117 000 hommes. La population est en légère baisse depuis quelques années et très inégalement répartie sur les 9 îles : São Miguel concentre la plus grande partie des habitants avec pas moins 137 000 personnes, suit Terceira avec 54 000, puis Faial 14 000, Pico 13 600, São Jorge 8 200, Santa Maria 5 600, Graciosa 4 000, Flores 3 600, et 460 sur la petite dernière Corvo.

Le taux de natalité est de 8,7 % en 2020. Ce taux est en progression sur les îles de São Miguel et Santa Maria, et en baisse à Graciosa et surtout Corvo, où aucune naissance n'a été enregistrée en 2016 par exemple. Le taux de mortalité est de 10,1 % en moyenne régionale en 2020. Il présente des valeurs supérieures à cette moyenne dans presque toutes les îles, sauf São Miguel (8,8 %) et Santa Maria (9,1 %). Le taux le plus élevé concerne Corvo avec 15 %. Le taux de fécondité présente une tendance à la baisse depuis les années 2000 et s'affiche à environ 34,5 % en 2020.

Histoire de la population açorienne

Le peuplement açorien est un peuplement de colonisation issu de six siècles d'existence des îles au sein de l'Empire puis ex-Empire portugais. La majorité des habitants des îles descendent de colons portugais, venant notamment en nombre significatif des régions de l'Alentejo et de l'Algarve dans le sud du Portugal. Mais d'autres populations ont été appelées à s'y établir, notamment par la volonté de princes portugais qui organisaient le développement de leurs nouveaux territoires. Entre autres, de nombreux Flamands s'établissaient dès les années 1490 sur Terceira, Pico, Faial, São Jorge et Flores. Les Flandres étaient surpeuplées et les princes conquérants avaient besoin de défricheurs… Au cours de l'histoire, on appela parfois les Açores « îles Flamandes » ; on retrouve cet élément culturel aujourd'hui dans le fromage proche du gouda, les moulins à vents, très flamands, et peut-être aussi dans le sens de l'organisation des Açoriens, définitivement plus germaniques que leurs concitoyens du continent… D'autres populations, au fil des siècles, ont apporté leur contribution à la création de ce « melting-pot » açorien. Notamment celles victimes de persécutions : Juifs séfarades de la péninsule ibérique, Maures ou Espagnols, mais aussi Français, Italiens ou Anglais, ceux qui fuyaient alors la loi de leur pays… Le brassage de population a été parfait et on ne distingue aujourd'hui plus de groupes ethniques réellement séparés parmi la population des îles.

Être açorien : une insularité

Vitorino Nemésio, poète et écrivain açorien, a écrit que « les Açores […] sont une forte variété de la nation portugaise créée au long d’un demi-millénaire dans l’isolement nord-atlantique », et il forgeait en même temps le mot açorianidade (açorianité), en ajoutant qu’être Açorien était « une qualité ». Peut-on dire vraiment qu’il y a un « type » açorien, un esprit commun ? Les gens ne sont-ils pas les mêmes que sur le continent ?

La plupart des analystes évoquent une identité conditionnée par l’insularité et le climat toujours changeant ; il est aussi évident que les luttes continues avec les éléments naturels ont joué un rôle majeur dans l’affirmation d’une certaine « açorianité ». L’isolement a probablement encouragé une saudade plus intense encore, un caractère un peu austère ou renfermé, qui peut paraître indolent ou apathique ; la crainte des catastrophes naturelles a favorisé une conscience un brin fataliste face aux événements, en même temps qu’elle a flatté l’espérance. Pour décrire l’esprit de l’insulaire, on parle encore de mornaça, une nonchalance paisible, une bonhomie feutrée, une nostalgie patiente et mesurée. Il est clair que l’éloignement ou l’isolement forge un tempérament bien distinct, instinctivement conservateur pour préserver son identité, et naturellement tourné vers l’émigration comme seule façon de littéralement s'en sortir. Aussi la population açorienne affiche-t-elle, peu ou prou, ces deux qualités différentes, mais non antinomiques.

Pourtant, il existe bel et bien des spécificités sur chacune des îles, et même sur une île, entre chaque conselho (en témoignent les rivalités sur Pico ou à São Jorge, entre Velas et Calheta). Imperturbable, Nemésio définit trois différents types d’insulaires : le Micaelense (de São Miguel, travailleur, industrieux, rude) ; le Terceirense des îles rurales du centre (comme Terceira, affable, ouvert, festif) ; et le Picaroto (forte complexion, homme des mers et des durs labeurs de la terre, à Pico par exemple).

Au-delà de la poésie des mots, on peut comprendre en tout cas dans quelle mesure « l’açorianité » n’est pas une, mais multiple ; d’ailleurs le peuplement de l’archipel explique et reflète en même temps cette équivoque : les premiers habitants venaient du Portugal continental, de Beiras, de l’Algarve, de l’Alentejo, mais aussi des Flandres, de Bretagne, d’Espagne, d’Angleterre ou même du Morbihan ; des meuniers y ont été engagés au XVIIe siècle pour construire des moulins dans l’archipel. Vaste mosaïque de peuples soudés à l’image des grands camaïeux de vert et de bleu qui illuminent l’archipel, les Açores semblent, en apparence, divisées. Mais ces importantes différences que justifie une très forte insularité n’empêchent pas un fond culturel homogène : langage, gastronomie, religion, coutumes, etc.

L'émigration

Le concept d’insularité est indissociable de celui d’émigration. Mais pourquoi un tel exode ? Il est commun d’invoquer le surpeuplement, les catastrophes climatiques ou les mauvaises conditions de travail (comme la répartition des terres, sur São Miguel notamment, au profit des capitaines-donataires). Toutes ces causes ont certainement dû jouer un rôle important. Pourquoi, cependant, cette émigration intensive n’a-t-elle véritablement commencé qu’au XIXe siècle, alors que les conditions n’étaient pas pires qu’avant, au contraire ? On peut penser que ces mouvements de population sont allés de pair avec les mouvements industriels qui bouleversaient la donne économique. « Vivre mieux là-bas », sans pour autant qu’on vécût mal ici, tel était peut-être le mot d’ordre de tous ceux qui, clandestinement ou non, partaient sur de grands bateaux sans n’avoir jamais quitté leur village natal auparavant. Soulignons que le flux de personnes au XVIIIe siècle était plutôt dû à une politique de colonisation du Portugal, qui jugea bon d’envoyer des hommes au sud du Brésil pour assurer leurs territoires en face des Espagnols, alors que la colonie de Sacramento venait de leur être donnée (Colonia, aujourd’hui en Uruguay). De nos jours, il y a bien plus d’Açoriens dans le monde qu’aux Açores, et quelques nouveaux riches, de passage ou de retour au pays, modifient le paysage et les mentalités, à grands coups (et coûts) d'immenses maisons de style californien. Mais tous les émigrés ne sont pas ainsi, et les fêtes célébrées en leur honneur, comme celles de Flores en juillet, sont la démonstration de l’attachement porté à ces fils prodigues par ceux qui restent.

Il faut aussi parler de ces Açoriens expulsés des États-Unis ou du Canada, suite à des délits qu'ils ont commis sur place, ces dernières années… Ils sont environ 1 000 sur tout l'archipel et vivent dans des centres d'accueil spécialisés. Ayant fondé leur famille dans le pays où ils avaient émigré, ils n'ont le plus souvent aucune attache sur l'archipel et vivent très mal cet exil forcé. C'est pour eux la double peine. Sans oublier la mauvaise image qu'ils ont auprès des locaux pour lesquels ils sont responsables de tous les maux. Ils ne sont pas les bienvenus et beaucoup pensent qu'ils auraient dû rester dans leur prison à l'étranger, que c'est créer de la délinquance dans les Açores en les y renvoyant. La droite açorienne essaie d'ailleurs de politiser ce débat pour gagner des électeurs en prônant une politique plus sécuritaire que celle qui est proposée par la gauche. La délinquance n'est pas devenue l'apanage des Açores pour autant ! Le taux de criminalité est toujours aussi bas, et ces émigrants de seconde classe font plus de bruit que de mal…

Les îles des Açores sont au nombre de neuf, comme les fées de l’île d’Avalon, et offrent autant de façons d’être et de penser. Mais une chose est sûre au moins : bien que tourné vers les Amériques, l’archipel est en Europe, ce qui augure peut-être d’une nouvelle identité commune plus riche.

Un « Portugais açorien »

Le portugais parlé aux Açores est différent de celui du continent. L’isolement géographique, le climat, la lutte continuelle contre les éléments naturels et le niveau social, plutôt bas au cours des siècles, ont préservé dans l’archipel un parler archaïque. Ainsi, dês au lieu de desde (depuis), conhecença au lieu de conhecer (connaître), etc. Certains mots sont même parfaitement inconnus à Lisbonne. São Jorge est l’île qui a su le mieux préserver son insularité avec les archaïsmes linguistiques des premiers habitants.

Mais, caractéristique bien propre à la culture de l’archipel, il existe presque autant de parlers aux Açores que d’îles. Pour être tout à fait exact, on peut distinguer trois types de parlers : celui de São Miguel, proche de l’Algarve ou de l’Alentejo, celui de Terceira, et celui des autres îles. Par exemple, caçoila signifie caçarola (casserole, marmite) à Terceira mais guisado de carne (ragoût de viande) à São Miguel ; si le son « ei » se prononce à Ponta Delgada comme un « ê », à Terceira la diphtongue est plus marquée, et à Faial encore plus (presque comme un « ai »). Concernant la phonétique, le parler de São Miguel est vraiment particulier : les sons sont « francisés », avec des « ou » et des « ü ».

Certains y voient l’influence des Bretons qui gagnèrent les côtes du nord-ouest au XVIe siècle ; mais en Algarve aussi le son « ü » apparaît, tout comme le son « an », très répandu sur cette île. L'influence française n'a donc peut-être pas été si déterminante. Curieusement, on ne repère presque aucune influence des Flamands dans le parler des Açores malgré l’immigration importante et le rôle joué par les premiers habitants dans le développement politique, économique et culturel de l’archipel. On l’explique souvent par le fait que beaucoup de Flamands se marièrent à des Portugaises ; les enfants baignèrent aussitôt dans le parler de leur mère, chargée de les élever, occultant ainsi rapidement la langue d’origine du père. L’émigration massive a bien sûr considérablement modifié la façon de parler des Açoriens, en important également des mots plus ou moins traduits de l’anglais, comme au Brésil...

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