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Une population catholique et très croyante

Catholique à 99 %, ce culte laisse très peu de place aux autres pratiques. Le paysage religieux n’est pas diversifié. Ici, les églises sont présentes partout, pas de mosquée, de synagogue ou de temple. La foi se pratique et s’exprime avec une immense ferveur frôlant parfois le mysticisme lors de certaines fêtes religieuses. Les églises sont pleines tous les dimanches et l’atmosphère qui y règne est indescriptible. Tout le monde revêt ses plus beaux vêtements et c’est chaque semaine un moment de partage à ne pas manquer. Les croyances et les marques de la religion s’étendent bien au-delà de cette sphère : le stade national et l’aéroport de Ponta Delgada portent le nom de Jean Paul II ! D’autre part, aux fêtes classiques du calendrier religieux s’ajoutent de nombreuses autres manifestations tout au long de l’année. Le catholicisme est partout et tout le temps et les Açoriens s’y remettent à de nombreuses occasions. On en profite d’ailleurs pour vous mettre en garde : les festivals religieux et les églises ne sont pas des objets touristiques ! Veillez à respecter ces traditions, ces lieux de culte et ces rites. Soyez modéré sur la prise de photos et revêtez une tenue correcte si vous souhaitez participer un l'un de ces événements.

Les églises remarquables

Il semblerait que pour les portugais, toute occasion était bonne pour construire une église. Quand ils partaient à la découverte du monde, chaque fois qu’ils posaient pied à terre surgissait une église. Quand ils survivaient à une tempête, une église. Pour remercier la Très Sainte Vierge de les avoir sauvés des pirates, une église. Pour se faire pardonner de n’avoir pas eu pitié des pirates, une église. Vous aurez compris qu’aux Açores, particulièrement, les églises ne manquent pas. Quelques-unes sont particulièrement remarquables et valent le détour. Les églises São Sebastião et São Pedro à Ponta Delgada, l’une gothique, l’autre baroque, sont de magnifiques exemples des trésors architecturaux religieux de l’archipel. A Vila Franca do Campo, la chapelle de Nossa Senhora da Paz est connue pour sa localisation. Construite à flanc de montagne, elle domine toute la région. A Angra do Heroismo, l’église de São Gonçalo regorge de jacarandas sculptés et d’azulejos. Nossa Senhora de Ajuda est une chapelle insolite juchée sur le volcan de Graciosa. Le site est vraiment pittoresque et deux autres chapelles se dressent à ses côtés. Enfin, l’église de Nossa Senhora de Conceiçao à Santa Cruz est certainement l’une des plus imposantes et des plus impressionnantes de tout l’archipel.

Le culte de la mort

Ne soyez pas étonnés si vous croisez des femmes vêtues de noir… Cette tradition se perpétue et est encore fortement ancrée dans les habitudes religieuses açoriennes, notamment chez les générations les plus anciennes. A Ponta Delgada, sur l'île de São Miguel, il n’est pas rare que les veuves portent des vêtements noirs longtemps après la mort de leur mari. Plus qu’une simple pratique, cela montre bien que la société açorienne est très proche de la religion et que les cultes et habitudes catholiques se retranscrivent dans la vie de tous les jours. Le noir est ici la couleur portée lors de l’enterrement, mais aussi bien au-delà, parfois jusqu’à la fin des jours de la veuve. Un signe très remarquable et très fort.

Le culte du Saint-Esprit

On attribue au Saint-Esprit divers miracles : en 1761, une forte coulée de lave lors de l'éruption d'un volcan sur l'île de Terceira, vers la Serra de Santa Bárbara, aurait été déviée par une couronne posée sur le chemin ; lors de l'éruption de 1808 à São Jorge qui détruisit Urzelina, une petite maison aurait été préservée, alors qu'elle abritait le vin qui devait être distribué le jour de la Pentecôte. Le plus curieux, c'est que la foi en l'Esprit Saint va de pair avec une intime croyance aux châtiments divins, si on ne respecte pas ses volontés. Au cours des siècles, l'Église a toujours cherché à interdire certaines fêtes profanes en vue de les « moraliser » ; elle menaçait d'excommunication ou imposait des amendes financières. Ces censures mirent fin aux fêtes pendant toute la première moitié du XVIIe siècle. Il fallut attendre 1655 pour qu'elles soient de nouveau autorisées, sous l'égide du comte de Ribeira Grande, dom Manuel da Câmara.

Aujourd’hui le culte du Saint-Esprit garde une place prépondérante dans la vie des Açoriens. Il est répandu dans tout l’archipel et constitue un élément essentiel de la culture religieuse. Pendant 8 semaines, entre le dimanche de Pâques et la Trinité, ces fêtes sont célébrées sur toutes les îles, de manière différente. Les rituels et les festivités sont propres à chacune et attirent les foules, mais elles ont pour point commun d’être un évènement considérable que l’on prépare des mois (voire des années !) à l’avance. Chaque ville et chaque village possède son « imperio » : petite chapelle gothique ou romane aux murs souvent colorés dédiée au culte de l’Esprit Saint. L’architecture est variable selon les îles et les couleurs changent selon les quartiers et les restes de peinture. Ces lieux de culte ne s’ouvrent que pendant les semaines de festivité en été et abritent des images pieuses, des objets culturels et la fameuse couronne de l’empereur. A noter : même si cette célébration est splendide sur chaque île, c’est à Terceira qu’elle est la plus pittoresque.

Superstitions, fatalité et destin

Les Açores, jardins perdus de l’Atlantique, îles peuplées par l’imaginaire… L’éloignement a par le passé accentué les mythes. Terres de légendes, les superstitions et la présence de sorcières sont souvent suggérées. Les vestiges de l’Atlantide y auraient même flotté… De nombreuses légendes et anecdotes étaient rapportées par les marins. Dépendant d’une nature plutôt hostile, les couches de peinture accumulées sur les maisons ne servent-elles pas à exorciser tous les maléfices que Neptune fait peser sur ces terres ? Plutôt fatalistes et du genre à s’en remettre à leur destin, il y a quand même des sacrilèges à ne pas commettre comme ne pas reconstruire une église après un tremblement de terre. C’est avec ces croyances, ces superstitions et les caprices de la terre sur laquelle ils vivent que les Açoriens composent.