Découvrez Japon : Environnement

Le lien qu'entretiennent les Japonais avec la nature est révélateur d'ambivalences. La sensibilité des habitants aux transformations éphémères de la nature est grande, notamment pour la floraison des cerisiers ou les parades amoureuses des lucioles (hotaru). Il s'agit d'une célébration de la vie et de l'impermanence, empreinte de shintoïsme et de bouddhisme. Elle fait aussi écho à la violence des aléas (séismes, tsunamis) qui peuvent tout ébranler. L'ère Meiji a marqué le début de l'industrialisation et d'une exploitation de la nature, qui a engendré pollutions et accidents, comme celui de Fukushima. Le Tōhoku est ainsi devenu un symbole de cette tension entre fragilité environnementale et résilience humaine. Aujourd'hui, le pays oscille toujours entre ménagement et prédation de la nature. Des villes tentent ainsi de développer des projets pilotes mêlant transition écologique, tourisme durable et réhabilitation des milieux naturels.

Apprécier le côté éphémère de la nature

Le milieu, la culture et l'économie ont influencé le rapport à la nature du pays. Le Japon, de par sa situation géographique et tectonique, sur « la ceinture du feu », est soumis à des risques naturels majeurs, notamment séisme et volcanisme. La violence de ces phénomènes a imprégné la culture du pays. Autrefois une légende attribuait les séismes au mouvement d'un poisson-chat, Namazu, vivant dans les profondeurs de la Terre. Certaines croyances populaires bien ancrées voient dans les catastrophes naturelles un châtiment des hommes. Pour mieux comprendre le rapport des Japonais à leur environnement, il faut aussi l'examiner à la lumière du shintoïsme et du bouddhisme. Le shintoïsme célèbre la communion avec la nature, les divinités vénérées qui ont pour habitats les sources, montagnes ou rochers. Dans le Tōhoku, les montagnes de la région d'Akita ou les sanctuaires isolés de Yamagata (Dewa Sanzan) incarnent ces lieux sacrés, où l'Homme se relie aux forces invisibles du paysage. Les fêtes du riz constituent des cérémoniaux communautaires qui perdurent depuis plus de 2000 ans, en hommage aux divinités de la fertilité. Le bouddhisme, quant à lui, enseigne de ne pas s'attacher aux choses, mettant en avant l'impermanence. Le hanami, coutume japonaise d'apprécier la beauté des arbres en fleurs au printemps, illustre cette attitude de contempler le côté éphémère de la vie, à l'image de cette extrême beauté que le moindre souffle de vent peut dissiper. Cet apprentissage du détachement permet d'accepter les aléas et d'aller de l'avant. Ainsi Tokyo a-t-elle été détruite et reconstruite à plusieurs reprises pendant son histoire. Dans le Tōhoku aussi, des villes comme Rikuzentakata ou Kesennuma ont été rebâties après le tsunami de 2011, reconstructions qui intègrent désormais des réflexions poussées sur la relation à la nature et aux risques.

Quand le développement brutalise la nature

L'économie a également contribué à façonner le rapport des Japonais à leur environnement. Avec l'ère Meiji, au XIXe siècle, se met en place une industrialisation qui se traduit par un rapport de destruction et de prédation de la nature, qui se poursuit de manière accélérée après la Seconde Guerre mondiale. Les littoraux sont aménagés pour de vastes complexes industriels. Tokyo a ainsi sacrifié son littoral au profit du développement de son port et de l'aéroport d'Haneda. Dans les villes, les cours d'eau sont bétonnés, l'air et les rivières souffrent de pollutions. En matière de pêche, la chasse commerciale à la baleine a repris en 2019 malgré la protestation de la communauté internationale. Les montagnes ont subi au cours des siècles des phénomènes de déforestation. L'érosion a entraîné la formation de sables et les résineux ont progressivement remplacé la forêt primaire, la laurisylve. Ainsi l'image traditionnelle de « pins bleus et sables blancs » résulte-t-elle d'une construction anthropique. Le déclin de la biodiversité peut s'illustrer avec la baisse des populations de lucioles. Mais, dans le Tōhoku, certains écosystèmes forestiers comme ceux du parc national de Towada-Hachimantai ont bénéficié d'efforts de conservation pour enrayer le déclin d'espèces locales.

Les jardins japonais ou la nature créée par l'Homme

Les jardins japonais relèvent d'une construction intellectuelle. La terre et l'eau constituent autant d'éléments symboliques, représentés par les étangs, que le visiteur peut contempler ou autour desquels il peut cheminer. Extrêmement travaillés, révélant une grande sensibilité et une esthétique à chaque saison, ils sont avant tout la projection d'un paradis. Les jardins zen ou jardins secs, presque exclusivement minéraux, sont des espaces qui invitent à la méditation. Bien que moins célèbres que ceux de Kyōto, certains jardins du Tōhoku, comme le jardin paysager du temple Entsu-in à Matsushima, sont de véritables havres de contemplation, agrémentés de mousse, d'érables et de symboles bouddhiques.

Parcs nationaux

Le pays comprend différents types d'aires protégées, dont 34 parcs nationaux, 56 parcs « quasi nationaux » ainsi que des parcs naturels préfectoraux. Ils ont pour vocation la préservation d'écosystèmes extrêmement variés. Dans le Tōhoku, le parc national de Bandai-Asahi offre une mosaïque de paysages entre montagnes, volcans et lacs, tandis que celui de Sanriku Fukko (littéralement « relèvement de Sanriku ») illustre la volonté de faire renaître une côte meurtrie par le tsunami à travers un tourisme tourné vers la nature et le travail de mémoire.

De la destruction de la nature aux mouvements écologistes

Au cours de son histoire, le Japon a connu plusieurs accidents graves qui ont suscité des réactions et fait naître les premiers mouvements que l'on pourrait qualifier d'écologistes. À la fin du XIXe siècle, le déversement d'effluents issus de la mine de cuivre d'Ashio a contaminé les rivières et rendu des terres infertiles, suscitant des mouvements de révolte. Cet événement a alimenté en 1910 un discours prononcé par Shōzō Tanaka, prônant la réappropriation de « l'harmonie naturelle », s'appuyant sur le confucianisme et le bouddhisme. Il est d'ailleurs aujourd'hui considéré comme un ancêtre des mouvements écologistes. Le Japon a également connu en 1973 un très grave accident industriel, à Minamata, qui s'est soldé par le déversement de mercure, polluant les milieux naturels et contaminant l'ensemble de la chaîne alimentaire, provoquant décès et maladies graves. Il fit l'objet de vives contestations, comme ce fut le cas pour l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, lorsqu'il apparut que les systèmes de sécurité avaient été sous-dimensionnés face au risque de submersion. On vit ainsi des manifestations de citoyens arborant des tournesols en papier, symbole de cette volonté de restaurer les équilibres avec la nature. Les années 1970 virent aussi éclore une autre vision de l'agriculture, fondée sur des méthodes d'agroécologie. C'est ainsi que Masanobu Fukuoka publia La Révolution d'un seul brin de paille, dont s'inspire aujourd'hui la permaculture. Cependant l'agriculture biologique est très peu développée au Japon et vous trouverez très peu de magasins bio. La raison en est la mainmise des coopératives, l'absence d'aides de l'État, et le goût des consommateurs pour des produits calibrés et emballés. La société civile est cependant mobilisée autour de l'environnement. Ainsi certains habitants de Tokyo ont-ils décidé de nettoyer le littoral de la ville. Grâce à leurs efforts, une plage est désormais accessible aux baigneurs, ce qui n'était plus le cas depuis les années 1970 pour cause de pollution. Le 24 août 2023, le Japon entame les opérations de rejet des eaux traitées de la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi. Il est prévu que ces opérations s'étalent sur les 30 prochaines années. Les pays voisins du Japon (la Chine, la Corée du Sud, Taïwan, la Russie et les Philippines notamment) étaient opposés à ce projet, tout comme des pêcheurs japonais et certains organismes de protection de l'environnement. Le Tōhoku reste au cœur du débat énergétique et environnemental japonais, entre exigence de transparence, de confiance et de volonté d'avancer.

Vers le zéro déchet

Certaines valeurs ancestrales font partie de la culture japonaise, comme la lutte contre le gaspillage et le fait de vivre avec simplicité, sans superflu. Cet art de vivre inspiré du « wabi-sabi » facilite le déploiement de la démarche « zéro déchet » promue dans le pays. Ajoutez à cela une réglementation (collecte sélective), de la sensibilisation, et vous verrez fleurir de jolies initiatives. Parmi celles-ci citons le furoshiki ou l'art d'emballer avec des tissus récupérés, le tawashi, une éponge en tissus usagés, ou l'oriculi, un cure-oreille en bambou. Le journal Mainichi Shimbun est fait d'un papier recyclé composé d'eau et de graines ; une fois la lecture terminée, il suffit de le planter... pour avoir des fleurs. La réutilisation d'objets cassés est également rendue possible avec la technique kintsugi. Dans certaines villes du Tōhoku comme Morioka ou Aizu-Wakamatsu, des ateliers communautaires de réparation ou de revalorisation de déchets se développent, souvent liés à des traditions artisanales.

Climat et qualité de l'air : des questions brûlantes

La ville de Tokyo s'était engagée à la fin des années 1990 dans une politique anti-diesel. La campagne fut axée sur la santé et fondée sur des mesures visant à réduire le nombre de véhicules diesel. Le Gouvernement prit au même moment une réglementation contraignante allant dans ce sens. Entre 2001 et 2011, la concentration de particules fines a diminué de 55 % à Tokyo. Or, en 2010, le gouvernement a fait volte-face... au nom de la lutte contre l'effet de serre (le diesel étant considéré comme moins émissif que l'essence). Les ventes de voitures diesel auraient augmenté de 80 % entre 2012 et 2014 dans le pays ! La question de la transition énergétique reste un défi d'actualité au Japon, où les objectifs du gouvernement ne sont pas à la hauteur des enjeux climatiques, à savoir la neutralité carbone à l'horizon 2050. La part des énergies fossiles reste en effet prégnante dans le mix énergétique du pays. De grands industriels, poussés par leurs clients et portés par un puissant lobby patronal, ont demandé en 2020 au Gouvernement de revoir à la hausse la part d'énergies renouvelables du pays à l'horizon 2030. Côté transports, les mobilités actives, dont le vélo, se développent au Japon, notamment dans les grandes villes, associées à l'intermodalité (vélo et train). Les zones rurales du Tōhoku, qui subissent un vieillissement démographique, pourraient jouer un rôle pilote dans le développement d'énergies renouvelables locales, comme l'éolien ou la biomasse, déjà testées dans certaines vallées de la préfecture d'Akita.

Organisez votre voyage avec nos partenaires au Japon
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse