À l'heure où notre dernier voyage commence à dater et le prochain n'est malheureusement plus à l'ordre du jour, se replonger dans les aventures des grands explorateurs permet de voyager depuis son canapé. Après être parti sur les traces de Marco Polo de Venise jusqu'à l'Extrême-Orient, on vous propose aujourd'hui de suivre Vasco de Gama dans son périple sur les mers entre le Portugal et l'Inde. Une aventure inédite à l'époque puisqu'il fut le premier à rallier le continent indien en contournant l'Afrique par le cap Bonne-Espérance.

L'enfance portugaise

Vasco da Gama, en portugais, est né à Sines au Portugal, dans la superbe région de l'Alentejo, supposément en 1469. Ce grand navigateur portugais est mondialement connu, car considéré comme le premier Européen à arriver aux Indes par la mer. Issu de la petite noblesse, son enfance est bercée par les histoires de croisades et de la Reconquista.

Il faut dire que la ville de naissance de Vasco de Gama a toujours été orientée vers le large. Terre d'accueil des anciennes colonies portugaises, Sines est une ville, une vraie, mais aussi un port, avec ses bars qui ne ferment qu'au lever du soleil, ses marins et ses pêcheurs. L'une des populations les plus métissées dans le plus grand port du Portugal. Par moments, cette petite ville rappelle Hambourg ou Anvers. Elle est rude, et l'infrastructure touristique y est pratiquement inexistante. Mais après avoir arpenté les ruelles de la vieille ville et vu le château et la statue de Vasco de Gama qui surplombent la ville, après avoir bu quelques verres au comptoir et écouté les histoires des pêcheurs, on imagine aisément l'enfance de l'explorateur. On peut d'ailleurs y visiter sa maison, à côté du musée de la ville au château de Sines. Elle retrace la vie du navigateur, sa contribution en tant que pionnier des voyages autour du monde, et l'on découvre l'espace où il habitait dans le château. Si l'on connaît peu d'autres choses de son enfance, quelques historiens suggèrent qu'il aurait fait des études de sciences de la navigation et de mathématiques à Évora, à un peu plus de 100 km de Sines dans les terres. En tout cas, il devint officiellement officier de la marine en 1492.

Premières découvertes

Cinq ans auparavant, Bartolomeu Dias a passé le cap des Tempêtes à la pointe de l'Afrique du Sud, mais dut rebrousser chemin afin d'éviter une mutinerie de l'équipage. Il ouvrit du même coup la voie des Indes et le roi du Portugal Jean II rebaptisa ce cap et lui donna son célèbre nom actuel : le cap de Bonne-Espérance.

Dix ans plus tard, en juillet 1497, Vasco de Gama embarque pour sa première expédition, commandée par le roi. Il part à la tête de plusieurs navires et environ 200 hommes. Non sans mal, il réussit à passer le cap de Bonne-Espérance. Et commence à remonter l'océan Indien pour toucher les côtes du Mozambique à Inhambane. À l'époque, Arabes et Portugais se disputent le monopole du commerce dans la région. Il y reste seulement cinq ou six jours, a priori, mais le Mozambique va alors devenir une colonie portugaise jusqu'à son indépendance en juin 1975. La statue du navigateur, érigée à l'entrée du port, a finalement été remplacée aujourd'hui par celle de Samora Machel, le président de l'indépendance du Mozambique.  

Après son escale africaine, Vasco de Gama va finalement reprendre la mer pour atteindre la côte de Malabâr et Calicut (aujourd'hui Kozhikode), port des Indes et d'une grande effervescence commerciale. On est ici dans l'État du Kerala à l'extrême sud du pays. Vasco de Gama accoste le 20 mai 1498, sur la plage du village de pêcheurs de Kappad, à quelque 15 km au nord de Calicut. Il était accompagné alors de 170 marins, comme l'indique la colonne commémorative que l'on peut voir aujourd'hui non loin de la plage. Mais rapidement déçu par la tournure des événements et le refus de l'Inde de lui accorder des avantages commerciaux, il repart trois mois plus tard. La légende dit que sur le retour, il s'arrêta à Zanzibar, paradisiaque bout de terre qui fait face à la Tanzanie. Mais selon bon nombre d'historiens, les imprécisions et les exagérations de ses écrits sur l'île et ses habitants laissent à penser qu'il n'y a, en fait, jamais mis les pieds ! Mystère...

Retour en héros et nouvelles expéditions

De retour au Portugal, il est accueilli en héros, malgré l'échec des négociations indiennes. Il est alors nommé " amiral des Indes " et prend le contrôle d'une grande partie du commerce avec l'Inde. Il fait ensuite un second voyage entre 1502 et 1503, d'où il revient chargé d'épices et de pierres précieuses, et établit alors définitivement une nouvelle voie maritime. Il se réinstalle ensuite à Évora en préretraite, avant d'entreprendre un ultime voyage, après sa nomination comme vice-roi des Indes en 1524. Son but est alors de lutter contre la corruption qui règne dans les comptoirs. Il meurt finalement un an après son arrivée en Inde à Cochin (Kochi à l'heure actuelle). Une ville passionnante du sud du pays où l'on ressent encore aujourd'hui les influences portugaises, mais aussi hollandaises, chinoises, chrétiennes, musulmanes, juives et bien sûr malabares. Le fort Manuel a d'ailleurs été construit par les Portugais à l'époque de Vasco de Gama pour assurer la protection de leurs intérêts commerciaux. Et surtout, aujourd'hui encore, on peut visiter l'église Saint-Francis, construite au XVIe siècle et monument majeur de la ville. Il faut dire que c'est là, dans la plus vieille église européenne d'Inde, que Vasco de Gama a été enterré en 1526. Pourtant ce ne fut qu'un lieu de repos provisoire pour le navigateur, car, seize ans plus tard, son fils Pedro da Silva de Gama ramena la dépouille de son père au Portugal. Elle repose aujourd'hui dans un couvent de carmélites près du village de Vidigueira.