Immensité d'eau, de végétaux et de sable, modelée par mille nuances de lumière, la Baie de Somme forme un trait d'union majestueux entre ciel, terre et mer. Autour de cet estuaire se déploie un paysage varié tissé de dunes, de falaises, de galets, de prairies et de marais. La beauté de la Baie, la richesse de son patrimoine, mais aussi l'engagement de ses acteurs pour la préserver et en transmettre les valeurs lui ont valu une reconnaissance nationale : le label Grand Site de France.

En bordure de Manche, la Baie de Somme dessine dans le littoral picard une vaste échancrure d'eau, de sable et d'herbes sauvages. Celle que l'on nomme Baie est en réalité un estuaire, qui s'étend sur environ 7 200 hectares. Au sud s'y déversent les eaux de la Somme, canalisées depuis Abbeville. Au nord, elle est irriguée par la Maye. À vol d'oiseau, on rejoindrait Paris ou Bruxelles en 206 km et Londres en 189 km. En ce point où s'unissent la terre et la mer, l'immensité est l'échelle du regard. Il s'y abreuve d'une lumière changeante qui décline, au gré des heures et des marées, l'éclat de l'ocre, du vert et de l'azur, ou les nuances d'un gris vibrant.

Un paysage aux mille visages

Derrière le terme de " Baie de Somme ", s'entend non seulement l'estuaire, mais aussi tout le pays qui l'entoure. On découvre ainsi que ce paysage contient une myriade de facettes. Commençons par longer le littoral picard du nord au sud, au fil de ses soixante-douze kilomètres, dont seuls 15 % sont urbanisés. Cette promenade débute en Baie d'Authie, petite soeur sauvage de sa célèbre voisine. On parcourt ensuite le massif dunaire du Marquenterre, classé au titre de la législation sur la protection des monuments naturels et des sites, avant d'arriver en Baie par la pointe de Saint-Quentin-en-Tourmont. Cinq kilomètres ouvrent l'estuaire sur la Manche. De l'autre côté, la pointe du Hourdel est également classée avec le Cap Hornu au titre de la même législation sur les sites naturels. Depuis le Hourdel s'étire un cordon de galets. À Ault, il laisse place à la falaise vive qui surplombe la mer. On la suivra sur six kilomètres jusqu'à Mers-les-Bains, où la Bresle s'écoule à la frontière de la Normandie.

Mais le pays n'est pas qu'une côte... S'enfonçant dans les terres au nord de la Baie, on gravit la dune blanche, la dune grise couverte de mousses, puis la dune boisée. On arrive ensuite dans les Bas-Champs, puis dans les marais arrière-littoraux, avant de remonter sur le plateau agricole. Au sud, le cordon de galets était autrefois ouvert, abritant une lagune. Aujourd'hui fermé, il sépare la mer des Bas-Champs. Traversant ceux-ci, on butte ensuite sur la falaise morte, qui marque l'ancien littoral et le début du plateau crayeux. La Baie, le littoral qui l'encadre, et son arrière-pays... tant de paysages s'unissent pour dessiner ce Grand Site de France qui rassemble 38 000 hectares, 25 communes et 20 000 habitants, et que parcourent chaque année de nombreux visiteurs.

La Baie de Somme n'est pas une terre figée : chaque jour, la marée lui offre un visage changeant, de nouvelles lumières la révèlent, au gré de la succession des saisons. La nature y est ardente, et modèle sans cesse le paysage. La mer rappelle sa puissance, érodant peu à peu la falaise vive en modifiant le trait de côte. C'est elle qui déplace les galets ; nés de l'effritement des falaises normandes, ils remontent la côte jusqu'à l'entrée de la Baie de Somme, formant des crochons qui s'allongent au fil des ans.

Un territoire habité

La lecture de ces vastes étendues ne pourrait être complète sans celle des traces que les bâtisseurs y ont laissées, témoins de leur manière d'habiter les lieux au fil des siècles. Le Moyen Âge laissa une emprise précieuse, que l'on découvre par exemple à Rue. Difficile d'imaginer que cette bourgade de pleine terre était alors une place fortifiée, et un port actif ! En 1101, la mer y déposa miraculeusement un crucifix. Il fut vénéré jusqu'à la Révolution dans la chapelle du Saint-Esprit, joyau gothique flamboyant finement ciselé. Quant au beffroi, il témoigne de l'autonomie qu'obtint la cité dès le XVe siècle.

Saint-Valery-sur-Somme est aussi riche d'histoire : en 1066, son port accueillit la flotte de Guillaume le Conquérant, avant son départ à la conquête du trône d'Angleterre. Retour du sort, en 1431, la ville verra passer Jeanne d'Arc prisonnière des Anglais. Aujourd'hui encore, la ville haute est fortifiée. On y observe quelques maisons à colombages, et l'église dans son bel écrin polychrome : un damier de craie blanche et de silex anthracite forme ses murs. Plus haut, on retrouve cette harmonie sur les murs de la Chapelle des Marins qui domine la Baie.

De l'autre côté de la Baie, au Crotoy, les rues dessinent l'histoire authentique d'un village de pêcheurs. S'il était, au XVIIe siècle, l'un des ports les plus importants de la Manche, aujourd'hui l'ensablement de la baie a contraint les bateaux de pêche à aller s'amarrer au Tréport. Mais au Crotoy les maisons de pêcheurs se mêlent aux demeures de vacances. Le village connut son heure de gloire au début du XXe siècle avec le parfumeur Guerlain, qui attira sur les bords de la baie de Somme le Tout-Paris mondain de la Belle Époque. Les peintres ont également immortalisé ces paysages, de Degas à Toulouse-Lautrec, en passant par Seurat ou Manessier.

On retrouve non loin, dans la valleuse du Bois de Cise, des villégiatures rivalisant de faste et d'originalité. Cayeux-sur-Mer détient, dans un ancien hangar, le premier canot de sauvetage en mer que des chevaux de trait halaient jusqu'au rivage. L'été, la plage se pare encore de charmantes rangées de cabines. Enfin, en sillonnant l'arrière-pays, on rencontre la vie rurale qui a façonné le terroir : les pittoresques fermes chaulées s'étirent le long de routes étroites où l'on aime à se perdre. À Lanchères, dans une seigneurie du XVe siècle aujourd'hui ruinée, vécut le vice-roi du Canada Jean de Poutrincourt (1557-1615). Plus loin, dans la commune de Noyelles-sur-Mer, le cimetière chinois de Nolette est un étrange et douloureux vestige de la Première Guerre mondiale, qui dévasta la Picardie.

De la baie à l'homme, traditions et ressources

En Baie, la nature offre à l'homme mille richesses dont il a su disposer avec intelligence et respect. Les traditions se transmettent, et les savoir-faire perdurent. L'économie locale s'est adaptée à l'évolution du paysage autant qu'à l'essor du tourisme.

La pêche à pied est l'une des activités traditionnelles de la Baie de Somme. À marée basse, les pêcheurs ramassent les coques dans le sable à l'aide d'un tamis, les vers de sable prisés des pêcheurs à la ligne, ou encore la salicorne. On cueille cette dernière plus qu'on ne la pêche, puisqu'il s'agit d'une petite plante, qui pousse sur le sable, les pieds dans l'eau de mer. Croquante, salée, la salicorne se déguste fraîche en saison, en salade ou pour accompagner un poisson, et en bocaux le reste de l'année. Les gourmets cueilleront également des " oreilles de cochon " - l'aster maritime -, autre plante typique du milieu.

La Baie accueille en outre un savoureux mollusque : la moule de bouchot. Le site de mytiliculture, au nord de la Baie, compte 100 000 bouchots, ces piquets alignés sur lesquels la moule met un an pour arriver à maturation. Les tracteurs des mytiliculteurs, indispensables à leur travail, sont d'ailleurs les seuls engins motorisés autorisés à traverser la Réserve naturelle. La bouchot d'excellente qualité qui sort de la production est écoulée localement, pour le bonheur des habitués comme des touristes. Un régal de première fraîcheur assuré !

 

Infos futées

 

Quand ? Dès l'arrivée des beaux jours pour s'offrir balades et déjeuners au soleil.

 

S'y rendre. En train (gares d'Abbeville, Noyelles-sur-Mer et Rue) ou en voiture.

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Utile. Pour préparer au mieux son escapade.

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