Arica, " la porte de l'Altiplano " en Aymara, est à la croisée des routes du Chili, de la Bolivie et du Pérou, entre littoral et Altiplano. Cette région, parmi les plus reculées du pays, est une goutte perdue dans l'immensité andine australe. Assez méconnue des touristes, elle est pourtant un joyau hors des sentiers battus qu'il serait dommage de ne pas explorer. C'est ici qu'ont été découvertes les momies les plus anciennes du monde, dont certaines ont 7 000 ans, donnant un coup de jeunesse de 2 000 ans aux premières momies égyptiennes ! D'autres lieux d'exception méritent un détour, comme le Parc national Lauca et ses volcans actifs aux paysages de toute beauté.

 

Arica, surf et farniente... et héritage français

Vibrante, moderne et cosmopolite, la ville d'Arica, connue pour son carnaval (le troisième plus important du continent derrière celui de Rio de Janeiro au Brésil et Oruro en Bolivie) est surnommée la cité de l'éternel printemps, car le climat y est toujours clément. Ses plages y sont recherchées, surtout par les Boliviens qui n'ont pas d'accès à la mer et trouvent ici le passage le plus court, mais aussi par les Chiliens et Péruviens, qui y passent des vacances familiales. Les côtes d'Arica sont connues pour la puissance de l'océan qui gronde ici : des compétitions mondiales de surf attirent de plus en plus de sportifs de haut niveau, mais aussi des novices qui veulent s'y essayer. Des auberges de jeunesse et clubs de surf ont ouvert un peu partout sur la côte et donnent une nouvelle impulsion au tourisme. L'été, la ville est animée jour et nuit grâce à de nombreux événements culturels et une multitude de bars, restaurants, clubs et casinos populaires.

Le centre historique d'Arica en contrebas est avenant, avec sa végétation tropicale, ses quelques rues piétonnes et deux édifices phare classés Monuments nationaux, dont l'architecture semblera familière aux Français de passage, car ils ont été construits par... Gustave Eiffel !   L'actuelle maison de la Culture à l'allure toute parisienne, est aménagée dans l'ancien office des Douanes du port. Mais comment notre célèbre architecte tricolore s'est-il retrouvé à planifier des monuments pour cette région perdue d'Amérique latine ? Gustave avait un fervent admirateur, le président péruvien José Balta, qui s'est intéressé au génie du maître en matière de constructions métalliques résistantes aux secousses sismiques. Après le terrible tremblement de terre de 1868 qui détruisit quasiment toute la ville, il légua à la ville orpheline de son église Matriz de Arica vieille de 200 ans, une nouvelle cathédrale néogothique conçue par le maître français. Sept ans plus tard était inauguré un nouveau bâtiment commandé aux ateliers Eiffel & Cie : l'office des Douanes.

 

Oasis dans le désert et sanctuaire de momies

Mais la ville d'Arica, aussi plaisante soit-elle, n'est pas l'attrait principal de la région. La situation, entre chemins andins et littoral, a attiré les premiers peuplements il y a près de 11 000 ans à la recherche d'un climat agréable et de terres fertiles bien irriguées. À quelques kilomètres d'Arica, la vallée d'Azapa contraste avec le désert blanc et aride environnant par de jolis paysages tropicaux. S'il n'y pleut pratiquement jamais, l'irrigation par des rivières naturelles alimente en eau les cultures de goyaves, mangues, bananes, papayes et surtout olives - spécialité gastronomique locale -, qui abondent ici. On traverse cet écrin de verdure rafraîchissant pour visiter le musée anthropologique du pittoresque village de San Miguel de Azapa, l'un des plus remarquables du pays, qui renferme une spectaculaire collection de momies. Certaines sont exposées dans les musées nationaux d'histoire de Santiago et Valparaiso, car elles sont d'une importance capitale dans l'histoire de l'humanité.

Le peuple Chinchorro, qui vivait avant l'arrivée des Incas sur les côtes chilienne depuis Ino (Pérou) jusqu'à Angostafa (Chili) entre 5000 et 1500 ans av. J.-C., reste une énigme pour les historiens. Comment ont-ils développé si précocement des rites funéraires aussi aboutis ? À quelles croyances ce peuple faisait-il référence ? Mystère. Leur particularité tient surtout dans leur spiritualité très précoce et de leur savoir-faire élaboré dans l'embaumement des corps. Si les techniques ont évolué au fil des siècles, les corps impressionnent par leur état de conservation.

 

Des géoglyphes incas

Après les Chinchorros, les Tiwakanus y prospérèrent entre le Ve et le IXe siècle, puis les Incas Quechuas profitèrent de ce climat tropical pour s'installer ici et développer un commerce de troc élaboré. Grâce aux caravanes de lamas, ils apportèrent l'aji, du maïs, poisson et des fruits de mer produits ici sur l'Altiplano, et importèrent viande et quinoa des Andes. Ils étaient eux aussi empreints d'une spiritualité toute mystérieuse, comme en témoigne les géoglyphes et les pétroglyphes dessinés sur les reliefs de la région de La Tropilla et du Cerro Sagrado (le Mont Sacré) entre 1500 à 1000 ans ap. J.-C. dans la Vallée de Lluta. Ces gravures géantes sur pierre illustrent la vie quotidienne de l'époque. Le village de San Pedro de Ataza est encore aujourd'hui au centre d'une spiritualité intense, mais de ferveur toute syncrétique aujourd'hui, entre rite andin et catholicisme. Un peu plus loin, en direction de la frontière bolivienne et de l'Altiplano, des paysages spectaculaires s'offrent aux voyageurs qui poussent l'expédition sur ces terres perdues.

 

Une biosphère préservée

Au bout de cette route tortueuse, le Parc national Lauca se dévoile enfin. Il est situé à la frontière bolivo-chilienne, et jumelé avec le Parc national de Sajama côté bolivien. Préparez-vous à des paysages d'une grande beauté, une scénographie spectaculaire de lacs de montagnes limpides reflétant des cônes enneigés des volcans. Ces lacs, lagunes et marécages constituent une réserve mondiale de biosphère, grâce à une faune et flore exceptionnelles. Dans cette aridité de haute montagne, se trouve une réserve naturelle de vigognes (sorte de lamas) et un désert de sel, le salar de Surire, perché à 4 200 m d'altitude.

Le Parc national Lauca compte dans ses zones frontalières les plus reculées deux volcans jumeaux et actifs de la cordillère andine, le Parinacota (6 432 m) et le Pomerape (6 282 m). Des stratovolcans vertigineux  baptisés les Nevados de Payachatas, anciens dieux pour les habitants de l'Altiplano chilien et bolivien. On peut gravir le volcan Parinacota jusqu'à environ 5 000 m mais c'est une véritable expédition de 40 km. Simplement pour la visite, on peut pousser l'expédition jusqu'à Parinacota, petit village éponyme au pied du volcan éponyme. Un lieu pittoresque déclaré monument historique qui semble arrêté dans le temps. Les plus aventureux pourront basculer de l'autre côté de la frontière, pour gravir l'Altiplano bolivien à l'intérieur des terres. Et quitter la terre d'Arica vers d'autres horizons.

 

Infos futées

 

Quand ? La région d'Arica est ensoleillée toute l'année, et profite d'un climat sec et tempéré. Mais on évitera le plein été en janvier-février si on doit passer par le désert d'Atacama, brûlant à cette époque.

 

S'y rendre. Arica est loin de tout, aussi comptez 11h à 12h de bus en venant de San Pedro de Atacama au Chili ou de la Paz en Bolivie et plus de 20h en venant de Lima.

AIR FRANCE - Plus d'informations sur le site

AMERICAN AIRLINES - Plus d'informations sur le site

 

Utile. Pour préparer au mieux son voyage.

OFFICE DE TOURISME D'ARICA - Plus d'informations sur le site