Une île de l’Atlantique
Cette île aux confins de l’Europe est baignée par l'océan Atlantique et séparée de la Grande-Bretagne par la mer d'Irlande et du continent européen par la mer Celtique. L'île d'Irlande entière a une superficie totale de 84 421 km². L’Irlande est composée de 4 provinces : l’Ulster, le Connacht, le Munster et le Leinster. Chaque province est divisée en comtés ; 32 sur l’ensemble de l’île, politiquement de la République d'Irlande (26 comtés) et de l'Irlande du Nord (6 comtés d’Ulster).
L'île d'Irlande possède un littoral de 7 500 km, dont 3 164 km sont classés comme étant mous et susceptibles d'être soumis à des processus érosifs à court terme. L’océan a sculpté son littoral accidenté. Le long de ses côtes, véritables dentelles de pierre, se trouvent de nombreuses îles, péninsules et promontoires. Des paysages époustouflants comme les falaises de Moher (Cliffs of Moher) ou la Chaussée des Géants (Giant's Causeway), mais aussi de petites criques accessibles à pied ou des paysages de côtes découpées comme ceux de la péninsule de Dingle. Pour explorer cela plus aisément, il y a une route totalement balisée de Cork (Sud) à Derry (Nord) de 2 600 km avec des must à voir, pour découvrir toute la côte Ouest, c’est le Wild Atlantic Way.
Un océan omniprésent, mais un pays d’eaux douces
Si l’océan est omniprésent, l’Irlande est aussi un pays d’eaux douces. Comme le dit poétiquement la chanson, l’Irlande, « ce sont des lacs, des rivières… » Les rivières serpentent de lac en lac. On en dénombre 12 000 en Irlande. Le Lough Neagh est le plus grand lac des îles Anglo-Celtes (aussi appelées îles britanniques ou encore Grande-Bretagne et d’Irlande). Il fait 30 km de long et 15 km de large, sa profondeur est de 25 m. C’est aussi le lieu de pêche des anguilles sauvages à l’appellation européenne contrôlée : les eels of Neagh, un mets particulier qu’il faut savourer avec parcimonie puisque le cycle de reproductions des anguilles est particulièrement long et délicat.
Ce poisson fait des milliers de kilomètres pour aller se reproduire dans la mer des Sargasses. Ce que l’on en sait jusqu’à présent : les larves d’anguilles se laisseraient porter le Gulf Stream mais on constate qu’avec le changement de température de la planète, le Gulf Stream se modifie aussi. Ce changement pourrait modifier la trajectoire des anguilles, voire empêcher leur croissance. Qu’adviendra-t-il du climat de l’Irlande ?
Il y a autant de paysages qu’il y a de lacs. Un lieu particulier, le lac de Gougane Barra avec sur sa berge son oratoire. Au fil de la journée, le lac change d’atmosphère : sa brume matinale mystérieuse, son miroir limpide en plein soleil et ses couchers de soleils flamboyants. C’est d’un autre lac qu’un torrent vif s’évade pour devenir le plus petit fleuve d’Irlande.
Le Shannon, un long fleuve tranquille et le Corrib, un petit tumultueux ?
L’île est traversée par un long fleuve tranquille ou pour le moins navigable. Le Shannon, avec 286 km dont un estuaire de 113 km, est le plus long fleuve d’Irlande et des îles Anglo-Celtes. Le Shannon coule vers le sud depuis le comté de Cavan où il prend sa source au Shannon Pot ou Legnashinna. C’est un bassin naturellement fluctuant du paysage karstique à Derrylahan près du mont Cuilcagh. Le Shannon se jette lentement dans l'Atlantique juste au sud de Limerick. Naviguer sur le fleuve est très agréable et la navigation de loisir y est parfaitement organisée.
Ce fleuve n’est pas le seul de l’île ; il y a 70 000 km de voies navigables en république d'Irlande, qui se répartissent en plus de 3 000 cours d'eau, dont des rivières, des ruisseaux et des affluents. Quelques-unes des autres grandes rivières d’Irlande : la Liffey qui se jette dans l’Irish Sea à Dublin ; le fleuve Lagan qui donne un grand estuaire à Belfast en se jetant dans l’Atlantique ; la Lee à Cork, qui est née du vif torrent s’échappant du Gougane Barra Lough. La rivière Foyle, qui traverse Derry, est le fleuve au débit le plus rapide d'Europe compte tenu de sa taille. Elle se jette dans l’océan par l’intermédiaire du lac Foyle : un paysage féerique au coucher de soleil. Le plus petit fleuve d’Irlande, le Corrib, traverse impétueusement Galway avant de se jeter en seulement 6 km dans l’océan. Petit, mais puissant, il suffit de le voir rouler après un jour de pluie. Il accueille aussi un grand nombre de saumons sauvages qui reviennent dans les lacs du Connemara dont il est la porte d’entrée pour ces poissons singuliers.
Un cœur de plaine entourée de montagnes
Un autre paysage caractéristique d'Irlande, ce sont ces grandes plaines centrales basses gorgées d’eau, les tourbières, le bogland, les peatlands, entourées de montagnes. Un paysage très particulier qui s’est créé très lentement et qui conserve toute l’histoire géologique de l’Irlande ainsi que des objets qui permettent de raconter son histoire.
Le plus haut sommet, le Carrauntuohill (en irlandais : Corrán Tuathail), culmine à 1 041 m dans le Kerry (Killarney, Kenmare). Il est quelquefois un peu ignoré au profit d’un autre sommet irlandais, bien moins haut, 764 m seulement, mais légendaire : Croagh Patrick, surnommé localement the Reek, et qui fait l’objet d’un pèlerinage. Le lieu est sacré, car sur ce mont, saint Patrick aurait fait un jeûne de 40 jours en 441. Environ 40 000 pèlerins, pour la plupart irlandais, font la randonnée jusqu’au sommet chaque année. La randonnée du dernier dimanche de juillet est plus religieuse. Ceux qui viennent se recueillir sur les flancs de cette montagne et dans la chapelle au sommet sont encore très nombreux.
Depuis Murrisk, l’ascension est assez difficile, surtout la dernière étape à l’arrivée. Il faut être bien équipé et compter au moins 5 heures pour faire l’aller-retour. Attention au climat, on peut s’y perdre dans le brouillard. Au sommet, la vue sur le Connemara et l’île d’Achill est à couper le souffle.
Une longue histoire géologique
C’est au cours de cinq ères géologiques que s’est sculpté le paysage de l’Irlande. Slieve League, la falaise de 606 m qui plonge dans l’océan, dans le Donegal, est un bel exemple de formation rocheuse irlandaise précoce. La plus ancienne roche irlandaise connue a environ 1,7 milliard d'années et se trouve sur l'île d’Inishtrahull. En étudiant les roches et les fossiles, les scientifiques ont pu établir une carte géologique de l'île.
Il y a 600 millions d'années, à la fin de l'ère précambrienne, l’île continentale a été divisée en deux, et les fossiles découverts à Bray Head prouvent que l'Irlande se trouvait sous le niveau de la mer à cette époque.
Durant les 50 millions d'années suivantes, ces deux parties ont dérivé l'une vers l’autre, pour enfin se réunir, il y a environ 440 millions d'années. C’est encore en comparant les fossiles découverts près de Clogher Head, Lough, que fut constatée la ressemblance de la faune des deux côtés de l’océan qui s’étaient auparavant séparés. C’est au moment du bouleversement et du plissement provoqués par la réunion des deux parties que se soulevèrent les montagnes du nord-ouest de l'Irlande, ainsi que le granit que l'on remarque dans le Donegal et de Wicklow.
L’Irlande se retrouve de nouveau au-dessus du niveau de la mer et près de l’équateur. Des fossiles témoignant de la vie comme les arbres fossilisés à Kiltorcan, dans le comté de Kilkenny, les fossiles de poissons osseux et de moules d'eau douce très répandus, et des empreintes d'un amphibien à quatre pattes conservées dans l'ardoise de l'île de Valentia, dans le comté de Kerry. Le grès rouge ancien s'est également formé à cette époque.
Au cours de l’ère suivante, il y a 400 et 300 millions d'années, l’Irlande s'est enfoncé sous une mer chaude et riche en calcium et fut recouverte de grands récifs coralliens qui constituent le calcaire qui aujourd’hui représente toujours environ 65 % du manteau rocheux de l'île. Des forêts tropicales et des marécages ont prospéré lorsque l’eau s’est retirée et les restes des végétaux constituèrent du charbon. Cette période, connue sous le nom d'ère carbonifère, se solda par un nouveau mouvement et l'Irlande dériva plus au nord, provocant une nouvelle pression qui fit naître la chaîne de montagnes et de collines irlandaises qui s'étend du nord-est au sud-ouest.
Le temps a façonné des paysages de Géants
C'est à cette époque que la plus grande partie du charbon et du grès a été érodée, ainsi que les couches plus minces de calcaire du sud du pays.
Rapidement après cette période, les débris organiques présents dans les mers entourant l'Irlande se décomposèrent jusqu’à former les gisements de gaz et de pétrole qui jouent aujourd'hui un rôle important dans l'économie de l'île. Puis, il y a environ 150 millions d'années, l'Irlande a de nouveau été submergée, cette fois dans une mer calcaire, ce qui a entraîné la formation de craie sur une grande partie de sa surface. Des traces de celle-ci subsistent sous la lave basaltique que l'on trouve dans certaines parties du nord.
Il y a environ 65 millions d'années, l'activité volcanique a commencé, provocant alors la formation des Mourne Mountains et d'autres montagnes du nord de l'île. À cette époque, les conditions climatiques étaient chaudes et la végétation prospérait. Les débris végétaux dans la dépression d'Antrim ont formé des dépôts de lignite ou de charbon brun qui restent intacts jusqu'à aujourd'hui. Les conditions chaudes ont produit des précipitations importantes qui ont accéléré les processus d'érosion et la formation de paysages karstiques ainsi que le paysage étonnant de la Chaussée des Géants (Giant's Causeway). Le basalte fondu a jailli à travers la craie fragilisée et a formé un lac de lave. C’est la perte régulière de chaleur et d'humidité provoquant les craquelures étrangement régulières de la matière volcanique qui est à l’origine du très spectaculaire site.
Il y a 25 millions d’années, la longue période d'érosion favorise la formation de sols recouvrant en grande partie le socle rocheux. Dans les zones bien drainées, la couverture s’enrichit de sols bruns ou gris, tandis que dans les zones mal drainées, c’est l'argile noire qui domine. Lorsque le climat s'est refroidi, la formation du sol a ralenti, et une flore et une faune qui, des millions d'années plus tard, seraient familières aux premiers habitants humains, ont commencé à apparaître. Il y a environ trois millions d'années, le paysage de l'Irlande était à peu près celui d'aujourd'hui.
Et au milieu coulait un glacier !
On admire toujours les impacts évidents de la glace sur le paysage. On lui doit les grandes vallées telles que Glendalough à Wicklow, les corries, majestueux cirques, les lacs, les drumlins, les eskers, autant de caractéristiques particulières du paysage irlandais. Le dépôt de monticules de débris sous la glace fondante a créé des drumlins. Des cours d'eau se sont également formés sous la glace et les matériaux déposés par ceux-ci ont formé des eskers.
Le plus grand d'entre eux, l'Esker Riada, qui coupe littéralement les moitiés nord et sud de l'île, fut de tout temps une voie de communication. Sa crête servait autrefois de route principale reliant les côtes est et ouest et est parfois appelée par les historiens et les guides, l’autoroute du Moyen Âge. L'Esker Riada est un ensemble d'eskers qui traverse les comtés de Dublin, Meath, Kildare, Westmeath, Offaly, Leitrim, Longford, Roscommon et Galway. Un vaste vestige d'esker existe dans la région de Teernacreeve, à Westmeath, et s'étend de Kilbeggan à Tyrrellspass offrant des paysages singuliers. C'est l'un des plus beaux et des plus longs (5 km) exemples d'esker boisé en Irlande et la faune y est exceptionnelle. Comme le chante Moustaki, « L’Irlande, […] c’est un chemin qui chemine, une pierre, c’est le souffle du vent au sommet des collines, c'est la pie qui jacasse, c'est l'averse qui verse des torrents d’allégresse… »