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Représentation de Kagura©north-tail - Shutterstock.Com.jpg

La musique traditionnelle

Écrite au fil de l’Histoire du pays, la tradition musicale japonaise raconte à sa manière la construction et les mouvements de l’archipel. Ainsi que les influences – Ô combien importantes - des voisins. Il faut remonter à l’époque Asuka (592-710), marquée par l’introduction du bouddhisme dans le pays pour voir apparaître des danses rituelles masquées. Véhicule de la transmission de la sagesse, la musique devient reine et l’empereur Monmu (697-707) établit même un Ministère de la musique : gagaku-ryō. À l’époque Nara (710-793), brillante artistiquement, non seulement la musique chinoise (de la dynastie T’ang) pénètre massivement sur le territoire mais aussi celles d’Inde, de Perse et d’Asie centrale.

C’est à cette époque que s’officialise dans le pays le gagaku (« musique élégante »). Musique de cour officielle, pratiquée également dans les temples, le gagaku se base sur les théories musicales et instruments importés des royaumes de Chine et Corée à  l’époque. Jusqu'à la fin du Xe siècle, le gagaku a la faveur des classes nobles. En pleine expansion, son répertoire se garnit dès lors, se divisant en deux catégories : la musique ancienne – composée avant la dynastie T’ang – et la nouvelle musique, composée pendant ou après. Inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco, le gagaku n’est plus aujourd’hui (uniquement) une musique de cour mais continue d’être joué par de grands ensembles, appartenant souvent à la Maison impériale du Japon comme le Kunaichō Gakubu et Reigakusha (on ne peut mieux conseiller l’écoute de leurs enregistrements). Si le premier est visible lors des cérémonies publiques ou rituels privés, le second est souvent commissionné pour interpréter des œuvres contemporaines de gagaku. L’immense musicien britannique Brian Eno a eu la chance de collaborer avec eux. À l’instar de ce dernier, de nombreux grands compositeurs occidentaux un jour ou l’autre ont convié le gagaku dans leurs œuvres. On pense notamment à Henry Cowell (Ongaku, 1957), La Monte Young (Trio for Strings, 1958), Olivier Messiaen (Sept haïkaï, 1962), Benjamin Britten (Curlew River, 1964) ou plus récemment Tim Hecker (Konoyo, 2018). À noter que la danse qui accompagne le gagaku se nomme bugaku et brille par la grâce et la majesté de ses mouvements et l’élaboration de ses costumes.

À la même époque, durant l’ère Nara apparaît le shōmyō, originaire de l’Inde. Psalmodie bouddhiste, le style gagne rapidement la faveur des aristocrates et des fonctionnaires. C’est dans le shōmyō, chant et liturgie, que se constitue une unité fondamentale : la cellule mélodique. Durant l’ère Kamakura (1185 – 1333), période de renouveau religieux, se développe l’art du biwa (luth à quatre cordes) en même temps que les chants bouddhiques, renforcés par le développement des sectes Shingon et Tendaï. Durant le haut Moyen Âge (XIe-XVIe siècle) s’épanouissent des musiques dites « rustiques » comme le dengaku mêlant principalement musique et danse et le sarugaku (ou sangaku) équivalent très ludique du cirque moderne avec acrobaties, jongleries, farces, imitations, marionnettes et parfois danses. Ce sont ces derniers, dengaku et sarugaku que l’on considère souvent comme ancêtres du théâtre nō.

La musique japonaise va prendre un véritable essor durant l’époque Edo avec l’arrivée de l’emblématique shamisen, luth à long manche et trois cordes. À l’époque, une unité des instruments se développe avec le koto, la harpe horizontale, le luth biwa et la flûte de bambou shakuhachi, d’origine chinoise. Tandis que dans le Kyūshū se développent les musiques de koto dites sōkyoku, dans le Kansaï s’épanouissent les chants accompagnés du shamisen – le ji-uta. Lorsque ce dernier va se muer en accompagnement pour le kabuki, il changera de nom pour devenir le nagauta et le jōruri lorsqu’il accompagne le bonraku, traditionnel théâtre de marionnettes. De cette époque, tous les genres musicaux modernes japonais ont conservé des tempi élastiques.

Pour écouter de la musique traditionnelle japonaise, se diriger vers les albums des frères Yoshida (Yoshida Kyōdai), excellent duo de shamisenistes, est une bonne idée. Très populaires dans le pays, leurs albums mélangent airs traditionnels et compositions propres (inspirées par le folklore japonais). Un brin plus confidentiel mais fabuleux, Kimio Eto (1924 2012) fut un des grands artistes du koto et chacun de ses enregistrements un petit bijou.

Autrement, à Tokyo, beaucoup de théâtres du quartier de Ginza proposent régulièrement de la musique traditionnelle. Cela dit, une vraie opportunité de goûter dans un même élan à toutes les saveurs de la tradition musicale japonaise est d’assister à un matsuri. Riches en musique et folklore local, ces fêtes populaires, souvent organisées autour des sanctuaires shintō ou temples bouddhiques, sont célébrées un peu partout dans le pays tout au long de l’année. Parmi les principales, on trouve en février, à Okayama l’Hadaka Matsuri, un « festival de l’homme nu » tandis qu’à Sapporo, le Yuki Matsuri célèbre la neige – un évènement incontournable de l’hiver japonais qui attire chaque année plus de deux millions de visiteurs. En mars, le pays célèbre Hina Matsuri, la fête des poupées et en avril Hana Matsuri, la fête des fleurs - commémorant la naissance de Bouddha. À Kyoto, Aoi Matsuri, le 15 mai, est une fête des roses tandis que Gion Matsuri, durant tout le mois de juillet, s’inspire d’un rite du IXe siècle pour lutter contre la peste. Juillet toujours, on trouve à Osaka, un des plus anciens festivals d’été du Japon, le TenJin Matsuri, célébrissime festival sur les bords de la rivière avec bateaux et rameurs au rythme des tambours et à Fukuoka, le Yamagasa Matsuri, l’un des plus impressionnants festivals du Japon. Pour un concentré de traditions musicales japonaises, le Gion Corner de Kyoto peut s’avérer une bonne idée. Bien que très touristique, ce théâtre a le mérite de proposer aussi bien des démonstrations d’ikebana que du bunraku (théâtre de marionnettes) ou du gagaku.

Musique classique

Cent-cinquante ans après son introduction dans le pays, la musique classique - selon l’acception occidentale - file toujours le parfait amour avec les Japonais. Arrivé au début de l’ère Meiji (1868 – 1912) – période de modernisation et d’ouverture du pays – le genre doit énormément à Shuji Isawa (1851-1917), un observateur envoyé aux États-Unis pour étudier l’enseignement, la pratique et la diffusion de la musique. Dès son retour, et sous son impulsion, le gouvernement Meiji fait le choix radical de rendre obligatoire l’instruction de la musique occidentale à l’école primaire et secondaire. Autre événement contribuant à la propagation de la musique classique sur le territoire, l’occupation américaine à l’issue de la Seconde Guerre mondiale (1945 – 1952) popularise énormément le genre dans le pays.

Aujourd’hui, dès l’école primaire, les enfants apprennent la musique, une matière aussi importante que les mathématiques ou l'Histoire. La plupart des écoles possèdent d’ailleurs leur propre orchestre. Mais ce qui explique le fantastique essor du classique au Japon est sans aucun doute le miracle économique qu’a connu le pays dans les années 1960. Depuis, le pays est une destination très prisée des plus grands noms internationaux, attirés par la qualité des salles et la générosité du public. Cela dit, si le Japon est toujours, à l’heure du streaming, l’un des marchés les plus dynamiques au monde, les orchestres japonais - bien qu’excellents - peinent à établir une réputation internationale et à s’exporter.

Outre Toru Takemitsu (1930 – 1996) – un point de jonction entre Cage, Debussy et la tradition japonaise - souvent désigné à juste titre comme le chef de file de la musique classique japonaise, la liste de compositeurs excellant dans le domaine est longue. Citons Teizō Matsumura (1929 – 2007) à l’œuvre influencée par Ravel et Stravinsky, Toshio Hosokawa qui pensait ses compositions comme une « calligraphie sonore » ou encore Yasushi Akutagawa (1925 – 1989) proche de Dmitri Chostakovitch et Aram Khatchatourian qui fut le seul compositeur japonais dont les œuvres ont été officiellement publiées en Union soviétique. Le pays compte aussi un géant de la direction d’orchestre, Seiji Ozawa, chef de file de l’école japonaise et un des plus grands spécialistes de la musique française du XXe siècle. Dans ses pas, marchent Kazushi Ōno, connu en France pour avoir dirigé l’orchestre de l'Opéra national de Lyon à en 2008/09 et surtout Kazuki Yamada, figure montante nommé à la tête de l’Orchestre symphonique de Birmingham à  partir de 2023.

Côté interprètes, impossible de ne pas mentionner Yōko Watanabe (1953 – 2004), soprano japonaise dont l'essentiel de la carrière a été consacrée au rôle-titre de Madame Butterfly dans toute l'Europe, Mitsuko Uchida, pianiste virtuose réputée pour ses interprétations de Schubert, Chopin et Debussy, Nobuyuki Tsuji, pianiste star au Japon et étoile montante sur la scène internationale et bien entendu Ryuichi Sakamoto. Figure majeure de la création musicale contemporaine, Sakamoto était à la fois un pionnier de la musique électronique – il fut autrefois membre du Yellow Magical Orchestra, les Kraftwerk japonais – et une sorte d’Erik Satie du classique contemporain. Il a également composé les très belles BO de films comme Le Dernier Empereur, Furyo, The Revenant ou Talons aiguilles.

Quand on aime, on ne compte pas. Et le pays aime tellement le classique que dans sa capitale seule, on dénombre seize orchestres professionnels (trente-trois dans le pays) et cinq grandes salles de plus de 2 000 places. Et si la qualité est au rendez-vous partout, chaque salle propose une acoustique parfaite, certaines institutions sortent du lot. C’est notamment le cas de l’Orchestre symphonique de la NHK, le meilleur du pays (de l’avis de tous) dont le prestige continue d’être alimenté par la direction de l’excellent chef estonien Paavo Järvi. L’ensemble se produit au NHK Hall, au Suntory Hall et au Tokyo Opera City Concert Hall. Moins côté mais très bon aussi, l’Orchestre symphonique de Tokyo, dirigé par le Britannique Jonathan Nott, joue dans cet énorme édifice consacré aux arts de la scène qu’est le Nouveau théâtre national de Tokyo. Ce dernier n’est pas à confondre avec l’Orchestre philharmonique de Tokyo, le plus ancien ensemble philharmonique japonais dont le Directeur musical n’est autre que le grand Coréen Chung Myung-whun. Citons également l’Orchestre symphonique Yomiuri, un des plus prestigieux du pays, qui a pour spécificité d’appartenir à une entreprise de presse, le quotidien Yomiuri Shimbun.

Les musiques actuelles

Au pays du Soleil Levant, aujourd’hui, tous les styles occidentaux modernes semblent avoir trouvé leur traduction. Rap, rock, pop, variété... la musique japonaise a assimilé beaucoup de genres aux codes du pays. Fond sonore omniprésent à Tokyo, la musique japonaise se confond souvent avec la J-pop, un genre musical devenu dominant à la fin des années 1990 et désignant le grand nombre de girls et boys band se produisant au Japon. Elle fait suite à la city pop des années 1980, mélange de disco-funk typiquement japonais (à redécouvrir sur les compilations Pacific Breeze) et au shibuya-kei des années 1990, fusion kitch de pop sixties occidentale (Beach Boys, Phil Spector et Serge Gainsbourg) et de variété locale. Aujourd’hui, le genre est invariablement une mine d’or, porté par des groupes comme AKB48, un collectif de 130 membres (!) ayant vendus plus de soixante millions d’albums au Japon ou Kyary Pamyu Pamyu, une Lady Gaga locale intimement liée à  l'esthétique kawaii et à Harajuku. Quartier des jeunes Tokyoïtes par excellence, Harajuku est le berceau et le point de rencontre de cette culture J-pop. Autrefois niche de la contre-culture, il est toujours très animé mais aujourd’hui plus excentrique qu’anticonformiste. Un autre Tokyo, à voir absolument.

L’ambient au Japon est une musique particulièrement prisée et respectée. Souvent dénommée kankyō ongaku, pour « musique environnementale », elle n’est pas pour autant comparable à ce que Satie appelait de la musique d’ameublement. Elle ne fait pas partie du décor ni des meubles, mais elle est conçue pour habiter l’espace intérieur. Satoshi Ashikawa est un pionnier du genre au Japon, fils spirituel de Brian Eno. Citons également Jun Fukamachi, autre figure culte pour son travail pour la marque Nicole dans les années 1980 que l’on retrouve dans l’album du même nom. Autre figure culte redécouvert récemment en Occident grâce au travail du label américain Light In The Attic, Hiroshi Yoshimura est un fabuleux peintre sonore, auteur de compositions où triomphent la paix et l’harmonie.

L’ambient japonais n’est jamais loin de la musique minimaliste ou de l’avant-garde comme le montre à merveille la musique de la fabuleuse Midori Takada, épique et belle ou celles de Yoshi Wada et Yumiko Morioka – grandes figures des années 1980, dont la musique bien qu’environnementale est aussi conceptuelle. On ne peut mieux conseiller l’écoute de Kankyō Ongaku: Japanese Ambient, Environmental & New Age Music 1980-1990, véritable trésor sous forme de compilation.

Depuis The Ventures dans les années 1960, groupe américain de Rock & Roll qui a connu un culte au Japon, le pays est amoureux de rock. Cela dit, c’est surtout aux extrémités du genre que le Japon produit les groupes les plus appréciés comme Merzbow ou Boris, respectivement maîtres de la noise et du drone. Hormis ces deux entités quasi cultes, citons le très bon groupe féminin de krautrock Nisennenmondai ou encore OOIOO, groupe de rock expérimental.

Dernière pépite locale : le jazz. Si le genre américain est proscrit dans le pays pendant la Seconde Guerre mondiale, les auditeurs l'adoptent en secret. Au cours des décennies suivantes, le jazz devient une obsession des musiciens japonais, le pays en produisant des fabuleux. Citons la pianiste et chef d'orchestre Toshiko Akiyoshi, fille spirituelle de Bud Powell qui eut une carrière très riche aux États-Unis, les trompettistes Terumasa Hino, Shunzo Ohno et Tiger Okoshi à la réputation internationale, le plus brésilien des saxophonistes japonais Sadao Watanabe ; les pianistes très free, Yosuke Yamashita et Masabumi Kikuchi ou encore la pianiste Satoko Fujii, réputée pour sa créativité. Plus niches, mais adorés des mélomanes ici, n’oublions pas de mentionner Tohru Aizawa Quartet, Kosuke Mine ou Hiromasa Suzuki, des perles du jazz japonais que tout fan du genre digne de ce nom se doit d’écouter (voir posséder dans sa discothèque).

Le cas du hip-hop est au Japon un brin particulier. La langue japonaise, dans sa construction grammaticale, rendait de prime abord impossible l’idée d’un rap japonais. Et si les premiers MCs se sont d’abord tournées vers l’anglais pour s’exprimer, les rappeurs locaux ont vite trouvé des astuces pour adapter le japonais au genre. Et comme partout ailleurs sur la planète, le hip-hop a pris d’assaut la culture locale. C’est ainsi que dès les années 1990 s’imposent des entités comme Rhymester, groupe aux textes conscients et positifs ou King Giddra, les pionniers du hip-hop japonais qui ont largement contribué à faire du rap japonais ce qu’il est aujourd’hui. N’oublions pas de mentionner non plus Dabo ou Hime qui ont énormément compté dans la culture hip-hop locale. Barrière de la langue faisant, hors des frontières japonaises, c’est surtout les producteurs hip-hop qui ont été célèbres ici. On pense notamment à DJ Nujabes, le père de ce que l’on appelle aujourd’hui le « hip-hop lo-fi », productions instrumentales atmosphériques gorgées de jazz et de soul. L’autre grand nom de la discipline est DJ Krush. Elle aussi pleine de jazz et de soul, sa musique a longtemps flirté avec le trip-hop ce qui en a fait une figure de la musique électronique des années 1990-2000.

La danse et le théâtre

La musique, la danse et le théâtre ne font souvent qu’un dans la tradition japonaise, chaque art jouant un rôle important chez l’autre. Dans l’ensemble, le théâtre japonais renvoie aux grands mythes shintō et aux légendes séculaires. C’est particulièrement visible dans le kagura, la forme la plus ancienne de danse théâtrale au Japon. Pouvant se traduire et se comprendre comme « ritualisation sacrée d’un lieu » et associé au culte shintō, le kagura est souvent joué à l’occasion des matsuri ou des rites saisonniers. Ils mettent en scène des mythes ou des évènements historiques, et chaque sanctuaire, local ou national, possède sa variante propre. Il existe des kagura impériaux, ou mi-kagura, datés du IXe siècle, des danses édulcorées des servantes de temples, dites miko-kagura ou miko-mai, des danses rustiques appelées sato-kagura ou ta-mai, imitant les travaux agraires. Dans l’ensemble, les kagura sont des rituels dansés propitiatoires et de purification. Ils sont exécutés pour éloigner les épidémies et le feu et assurer de bonnes récoltes.

On peut voir du kagura lors du festival Reitaisai se déroulant en septembre au sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu de Kamakura et qui comporte différentes cérémonies. Autrement on peut en voir tous les quinze jours dans le village de Chu-Sha (dans les environs de Nagano) ou encore au village de Kagura Monzen Tojimura, où, chaque semaine des spectacles de kagura sont donnés sur scène.

Le gigaku a possiblement été introduit au Japon au VIIe siècle, pendant la période Asuka. Accompagnant à l’origine les rites bouddhiques, il consiste en un défilé de danseurs portant d’immenses masques, lors de danses rituelles exécutées au temple, et parfois accompagnées de mimes pour amuser le public.

Bien que le nō ait gardé de lointains liens avec la religion bouddhique et les rites shintō, il est avant tout une danse profane. Si certaines voix affirment que ses racines sont à chercher du côté du Tibet ou de la Chine, il semblerait pourtant qu’elle descende du kagura.

Drame lyrique costumé et masqué datant des XIVe et XVe siècles, le nō est caractérisé par son jeu épuré, codifié et tout en symboliques, ne racontant pas une intrigue mais exprimant une émotion ou une atmosphère. Forme d'art dramatique très singulière, le nō fut une des premières à être inscrites (en 2008) sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco. Le répertoire compte quelque 250 pièces à l’heure actuelle. Intermèdes permettant de tirer le spectateur de la transe immobile dans laquelle le nō l’a plongé, les kyōgen (bouffonneries ou farces) sont souvent dénigrés et rangés dans le registre des arts mineurs. Et pourtant… Interprétés avec grand talent, ces sortes de petits sketchs servant à mettre en valeur les situations burlesques de la vie quotidienne ont une valeur dramaturgique à part entière. Voir une représentation de nō est un incontournable lors d’un séjour au Japon. A Tokyo, Kanze No Gaku-Do est considéré comme le principal théâtre de nō du quartier de Shibuya tandis que le Théâtre National de Nō figure parmi les plus belles scènes nationales avec son bois de cyprès et ses jardins. À Kyoto le Kanze Kaikan, donne des représentations de nō et kyōgen presque tous les week-ends et à Osaka, c’est au Théâtre Yamamoto Noh qu’il faut se rendre, notamment parce que ce lieu de représentation est le plus vieux théâtre de nō du Japon.

Signifiant « exubérant et marginal », le kabuki désigne sans doute à l’origine un théâtre d’avant-garde - tandis qu’il est désormais la forme de théâtre traditionnel la plus populaire. Datant de l’époque Edo, au début du XVIIe siècle, cette dramaturgie épique illustre des événements historiques ou des conflits moraux. Les acteurs s’y expriment d’une voix monotone et sont accompagnés d’instruments traditionnels comme le shamisen. Les acteurs jouissent d’une grande notoriété et apparaissent souvent dans des films ou à la télévision.

Évidemment, l’adresse toute indiquée pour assister à une représentation de kabuki est le théâtre Kabuki-za à Tokyo, la référence (inter)nationale dans le domaine. Autrement à Kotohira, on trouve le Kanamaru-Za, le plus ancien théâtre kabuki du Japon (1835). Il est toujours en activité et propose des représentations d’avril à mai.

Dernière forme très populaire de théâtre japonais, le bunraku est exécuté avec des marionnettes de grande taille, manipulées à vue tandis qu’un seul et même récitant joue tous les rôles.