Le problème n° 1 : la fonte des glaciers

Rien n’inquiète plus le Kirghizistan que la disparition de sa principale réserve : l’eau, stockée dans les glaciers des Tian Shan et du Pamir. Des glaciers qui fournissent le pays en eau et en électricité, et qui sont au nombre de 6 500 à travers les montagnes kirghizes, dont le glacier Inylchek, l’un des plus grands du monde avec 54 km de longueur. Le signal d’alarme a été tiré en 2008, à travers une étude démontrant que les trente dernières années auraient vu fondre près de 15 % du volume des glaciers kirghizes, qui occupent aujourd’hui un peu plus de 5 % de la surface totale du pays. Plus inquiétant encore, si l’on se réfère à l’an 2000, ce ne sont pas moins de 30 % des glaciers qui ont disparu, d’après une étude de l’ADB (Banque asiatique pour le développement). Principal responsable : le réchauffement climatique et les 0,8 °C d’augmentation moyenne des températures dans le pays depuis l’an 2000. Une augmentation qui entraînera à terme des modifications sensibles des comportements des lacs, des cours d’eau et des écosystèmes qui y sont liés. En particulier l’effet de serre. Durant l’hiver 2019, Bichkek a connu des pics de pollution particulièrement inquiétants.

Sans solution locale

Le Kirghizistan n’a pas les moyens de lutter seul contre ce phénomène qui concerne pourtant tous les autres pays de la région : l’eau des glaciers kirghizes assure l’approvisionnement en eau de l’Ouzbékistan, du Kazakhstan et du Turkménistan, grands consommateurs en particulier pour la culture du coton. Dans la vallée de Ferghana, la zone la plus cultivée de la région, certaines récoltes ont déjà été mises en péril par manque d’eau en été, au Kirghizistan comme en Ouzbékistan. Le Kirghizistan a signé le protocole de Kyoto le 13 mai 2003, mais malheureusement le pays n’a pas forcément les moyens de respecter tous ses engagements. Le gouvernement multiplie donc les efforts pour créer de nouvelles réserves d’eau artificielles, diminuer le gaspillage, réduire l’impact carbone et augmenter la surface des parcs nationaux.

Une flore riche et variée

Les montagnes kirghizes sont particulièrement riches en fleurs, champignons et plantes médicinales. Dans les camps de base en montagne, vous mangerez souvent des champignons fraîchement cueillis, et la plupart du temps agrémentés de viande de marmotte. Jusqu’à 3 000 m, les massifs montagneux des Tian Shan et du Pamir sont couverts de prairies alternant avec des zones de forêts où cohabite une très grande variété d’arbres : trembles, pommiers, genévriers, mûriers, abricotiers… Les verdoyantes prairies d’altitude des Terskey Ala-Too sont les pâturages d’été des troupeaux d’ovins ou de chevaux. Au printemps, des milliers de fleurs sauvages envahissent leurs pentes : tulipes, iris, anémones, pivoines, etc. En sortant de votre yourte, à proximité des lacs Song Kul ou Ala Kul, vous n’aurez qu’à vous baisser pour cueillir de magnifiques edelweiss qui poussent par champs entiers en été. Les contreforts montagneux et la vallée de Ferghana, où coulent le Syr-Daria et le Zeravchan, abritent des forêts de noyers sauvages dont, selon la légende, Alexandre le Grand aurait fait rapporter des plants en Grèce. Sur les bazars du sud du pays, pistaches, amandes et noix témoignent de l’exceptionnelle richesse de la région. Les forêts de noyers et d’amandiers autour d’Arslanbob sont réputées pour être parmi les plus étendues au monde.

Une faune menacée, mais toujours vivace

Le Kirghizistan abrite une très grande variété d’animaux adaptés à l’altitude. Les alpages sont le domaine des marmottes dorées, dont les coups de sifflet résonnent dans toutes les vallées, des sousliks, des renards, des hermines, des coqs des neiges et des perdrix. La moindre randonnée à plus de 2 000 mètres vous mettra en contact avec cette paisible population animale. Au-delà de 3 500 mètres, on entre dans le domaine des plus gros mammifères et des prédateurs, avec en tête deux espèces spécifiques à l’Asie centrale : le marco polo, un mouton sauvage doté de grandes cornes en spirale et le léopard des neiges (également présent dans l’Himalaya et en Sibérie), qui peut vivre à plus de 5 000 mètres d’altitude. Tous deux sont évidemment beaucoup plus rares à observer, c’est même devenu quasiment mission impossible pour le léopard des neiges (voir ci-dessous). La faible densité humaine, l’abondance en eau et les vastes espaces ont aussi permis l’adaptation d’espèces animales venues des régions voisines : ibex venus de l’Himalaya, ours brun d’Eurasie du Nord, lynx, loups… Lors d’un voyage au Kirghizistan, probablement en été, vous n’aurez que très peu de chance d’être à leur contact, car ces prédateurs n’ont alors aucun mal à trouver leur nourriture dans les sommets. En hiver, ils investissent les vallées et il n’est pas rare d’en croiser rôdant autour des villages, en quête d’une bête égarée.

Une star en danger : le léopard des neiges

Le léopard des neiges vit essentiellement dans les zones montagneuses des chaînes de l’Altaï et du Khangaï en Mongolie, mais on le trouve présent dans une douzaine de pays au total. On estime sa population totale entre 5 et 8 000 individus, dont un peu plus de 500 vivraient au Kirghizistan. Il est recouvert d’une épaisse et longue fourrure blanche à taches noires qui lui permet de vivre jusqu’à 6 000 m d’altitude et de faire des incursions pour chasser même à 7 000 mètres. Pas assez loin des braconniers pourtant, qui le traquent pour revendre sa peau à prix d’or (on parle de plus de 15 000 à 20 000 US$ pièce). Raison pour laquelle le léopard des neiges fait partie des dix espèces les plus menacées d’extinction à travers le monde.

Des espaces protégés en expansion

Conscient de l’importance de son patrimoine naturel, surtout s’il souhaite jouer la carte du tourisme, le Kirghizistan a déployé, à la mesure de ses moyens, des efforts louables pour la protection de la nature. On dénombre ainsi 83 espaces protégés de statuts différents (réserves, parcs nationaux, parcs naturels) représentant près d’un million d’hectares. En outre, deux réserves de biosphère, dont celle du lac Issyk Kul, ont été ajoutées à la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Reste que les moyens de protéger ces réserves sont encore beaucoup trop limités pour être efficaces.