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La savane africaine

La savane est le milieu végétal le plus emblématique du pays. Véritable royaume de l’herbe, les savanes sont parmi les paysages les plus remarquables de la planète. Il s’agit de zones de transition entre la forêt et le désert, des prairies d’herbes vivaces à perte de vue, parsemées d’arbres et d’arbustes, parfois regroupés en îlots forestiers, ou sous forme de bandes arborées le long des cours d’eau.
La répartition et l’abondance des pluies au cours de l’année expliquent la présence de ces savanes. D’une façon générale, on les trouve dans les régions où il tombe chaque année de 500 mm à 1 500 mm de pluies et où alternent saisons humides et périodes de sécheresse. Les couleurs des savanes passent ainsi du vert au jaune puis au brun roussi. La durée de la saison sèche caractérise la nature de la végétation. Dans le nord et l’est du pays, où les pluies sont rares, la savane prend l’aspect de steppe désertique ou semi-désertique, que l’on peut qualifier de brousse : seuls quelques arbres de 3 m à 5 m (généralement des acacias et des commiphores) se dressent au milieu de buissons épineux épais. Dans le Sud, notamment dans la région du Tsavo, la végétation devient plus dense et les baobabs sont très fréquents.
Le Centre et l’extrême Sud du Kenya se caractérisent par une savane composée d’herbes de moyenne hauteur (80 cm) et d’acacias parasols. Parfois, l’herbe, dite « herbe à éléphant », peut atteindre plusieurs mètres de hauteur. Lorsqu’une rivière serpente à travers la savane, ses rives sont recouvertes d’une forêt-galerie composée, entre autres, de grands acacias à tronc jaune, localement appelés arbres à fièvre. Dans les régions plus humides, la savane est constituée d’arbres plus hauts, plus nombreux et plus variés.
On peut y voir également des euphorbes candélabres (à Nakuru, par exemple) ou les étonnants arbres à saucisses (surtout à proximité des points d’eau). La plupart des touristes qui visitent le Kenya le font pendant la saison sèche, ils n’ont donc pas la chance de circuler au milieu d’une savane d’un vert éclatant couverte de fleurs multicolores et parfumées. Appréciant les saisons intermédiaires, celles-ci s’épanouissent juste après les grandes pluies ou au tout début de la période sèche.

L’acacia, arbre emblématique de la savane

Qui n’a pas en tête l’image vécue ou fantasmée du soleil rougeoyant qui se couche derrière un acacia solitaire dans l’immensité de la savane africaine ? Un cliché que tout voyageur qui se respecte rapporte obligatoirement dans ses photos-souvenirs. Assez espacés les uns des autres, les acacias ont la forme de parasols. Cette forme si caractéristique est le fait des grands herbivores (principalement les girafes) qui broutent continuellement les rameaux à leur portée.
Ces arbres se sont parfaitement adaptés à la sécheresse, leurs racines forment un réseau particulièrement étendu et s’enfoncent très profondément dans le sol (jusqu’à 45 m), afin d’aller chercher l’eau là où elle est disponible. Les acacias perdent leurs feuilles lorsque les conditions atmosphériques deviennent particulièrement défavorables : elles sont capables de résister à des températures de 40 °C, au-delà elles tombent. Il existe une autre espèce d’acacia, plus grand, au tronc jaune, qui pousse le long des rivières : le Yellow Fever Tree (Acacia Xanthophloea).

Des forêts à préserver

Une forêt pluviale subsiste à Kakamega, près du lac Victoria. Il s’agit en fait de la continuité de l’immense forêt équatoriale qui s’étend de la côte ouest-africaine jusqu’à l’Ouganda. La forêt pluviale a besoin d’une température annuelle moyenne de 25 °C et d’au moins 1 500 mm par an de précipitations. Elle se caractérise par une flore extrêmement variée. Les cimes des arbres forment un véritable couvercle qui laisse à peine pénétrer les rayons du soleil. Chaque arbre est recouvert d’une multitude d’épiphytes (orchidées, fougères...) et de lianes.
Sur les hauts plateaux, de chaque côté du fossé d’effondrement et sur les pentes des montagnes, la quantité d’humidité provenant des précipitations et du brouillard a permis aussi le développement de forêts très caractéristiques (Aberderes, Mau, Mont Kenya…). On les trouve essentiellement dans les hautes terres entre 1 500 m et 3 000 m d’altitude. Ces forêts sont des lieux tout à fait exceptionnels et très impressionnants.
Plus au nord, à 560 km de Nairobi, un îlot forestier montagneux, unique et spectaculaire, émerge au milieu du désert. C’est le Mont Marsabit. Il constitue une source d’eau permanente pour la région. Ici, comme dans toutes les zones où l’eau devient rare, la paix sociale, l’alimentation et l’abreuvement du bétail, les stocks de bois de chauffe, l’approvisionnement en eau des populations dépendent directement de la préservation et du bon fonctionnement de ces écosystèmes forestiers.
Malheureusement, ces forêts, essentielles à la vie humaine et animale, mais aussi en termes de biodiversité et de contribution à la séquestration du carbone, diminuent drastiquement et les efforts de reboisement peinent à compenser des années de déforestation intensive.

Une faune bien représentée

La quasi-totalité des espèces attendues en Afrique vivent au Kenya en nombre impressionnant : lions, léopards, guépards, éléphants, buffles, singes, girafes, zèbres, crocodiles, antilopes, hippopotames, et plus de 1 000 espèces d’oiseaux répertoriées, pour ne citer que ceux-ci. En bref, il ne manque au Kenya que les grands singes (bonobos, gorilles et chimpanzés) pour avoir une panoplie complète de la foisonnante faune africaine vivant dans son milieu naturel.  Dans la savane, la grande famille des herbivores est particulièrement bien représentée (antilopes, gnous, girafes, zèbres, rhinocéros, buffles, éléphants…). Toutes ces espèces vivent en harmonie dans leur environnement naturel. Et forcément, elles s’accompagnent de leur lot d’espèces carnivores prédatrices qui fascinent par leur nombre et leur diversité.
Pour survivre, les uns ont développé des mécanismes de défense, les autres des techniques pour les contourner. Le guépard, par exemple, l’animal terrestre le plus rapide, mise sur des vitesses vertigineuses, pouvant atteindre 110 km/h sur de courtes distances. Ce grand félin élancé vit dans les vastes plaines et se place souvent sur de petits promontoires (arbre mort, termitière) pour observer les environs. Le guépard ne chasse pas à l’affût, mais s’approche doucement de sa proie puis la poursuit à toute vitesse sur une distance de 500 m maximum. Epuisé par sa course, il est régulièrement obligé d’abandonner sa proie aux lions et aux hyènes. Cette âpre compétition alimentaire est l’une des raisons de la disparition progressive de ces animaux.
Les lions, eux, enfin… surtout les lionnes, chassent le plus souvent seules, en utilisant des tactiques de diversion et en attaquant généralement les animaux les plus faibles dans un troupeau. Le crocodile, quant à lui, redoutable prédateur aux abords des fleuves et rivières, s’attaque à tous types de proies (sauf les hippos), en particulier aux gnous et aux zèbres lors de la grande migration. Sur la terre ferme, il est d’une étonnante rapidité.  Généralement, il noie sa proie en la maintenant sous l’eau grâce à ses puissantes mâchoires, puis laisse faisander le cadavre plusieurs jours sous un tronc ou un rocher, à l’abri des charognards.

1 001 noms d’oiseaux

La faune inclut aussi de nombreuses espèces d’oiseaux comme les autruches, le plus grand oiseau de la planète qui ne vole pas, mais peut courir à une vitesse de 50 km/h sur de très longues distances ; le calao à bec jaune, un oiseau au plumage brun ou gris foncé tacheté de blanc, facilement reconnaissable à son grand bec courbe de couleur jaune orangé, qui vit dans les zones plutôt humides et broussailleuses ; la grue couronnée ; l’ibis sacré ; le marabout, un charognard et  un prédateur redoutable pour les oisillons, les gros insectes et les bébés crocodiles ; le merle métallique, un superbe oiseau, dont les petits yeux ronds jaune vif se détachent sur sa tête noire ; plusieurs espèces d’aigles et de vautours. Pour n’en citer que quelques-uns.
Les passionnés d’oiseaux ne seront pas déçus. Avec plus de 1 100 espèces recensées (soit plus de 10 % des oiseaux de la planète), le Kenya est l'un des pays d’Afrique les plus riches sur le plan ornithologique. De la savane de Samburu à la forêt tropicale primaire de Kakamega, des contreforts du Mont Kenya aux lacs de Naivasha ou Oloïden, en passant par les lacs interconnectés de la vallée du Grand Rift (Bogoria, Nakuru, Elementaita – site inscrit au patrimoine de l’humanité et le plus important site de nourrissage de la planète pour les flamants nains), il y a de quoi observer une incroyable variété d’oiseaux.

Parcs nationaux, réserves nationales et conservancies

Toute cette faune peut être observée dans son habitat naturel. Les parcs et réserves du Kenya sont parmi les plus renommés d’Afrique. Le pays abrite plus de 26 parcs, 34 réserves et 5 sanctuaires. La nature y est donc bien représentée. Beaucoup moins vastes que ceux de Tanzanie, de Namibie ou du Botswana, ils abritent cependant les plus grandes variétés d’animaux et d’oiseaux. Les parcs nationaux sont des zones de protection absolue de la faune et de la flore, placées sous la responsabilité du gouvernement central qui les finance, les réserves nationales bénéficient d’un financement régional tout en conservant les mêmes objectifs et les mêmes règles. Parcs et réserves sont gardés par des rangers qui dépendent du Kenya Wildlife Service (KWS). Il existe également des conservancies (Ol Pejeta, Lewa, Mara Naboisho, Selenkay, Mount Kenya Wildlife, OlKinyei,...), des zones de protection où cohabitent animaux sauvages, domestiques et communautés locales. Ces sanctuaires bénéficient de la même faune (les animaux n’ont pas de frontières) et de paysages tout aussi somptueux que les réserves et parcs nationaux. Un safari dans une conservancy est la promesse d’une expérience unique, dans le respect des hommes et des animaux qui vivent sur ces terres sauvages protégées.

L’homme, cette menace pour la vie sauvage

Le Kenya a ceci d’incroyable qu’il rassemble sur son territoire tous les animaux de la savane, y compris les « Big Five », que le voyageur en safari aura la chance de découvrir. Toutefois, la principale menace pour toutes ces espèces sauvages reste l’homme. Si le Kenya fait figure d’exemple dans la lutte contre le braconnage et si désormais ce ne sont plus les chasseurs d’ivoire qui inquiètent, l’ennemi n’est pour autant pas vaincu, le braconnage de subsistance reste d’actualité (la pandémie de Covid-19 aura été un facteur aggravant) et les animaux sauvages entrent en conflit, avec les populations humaines croissantes. La rivalité pour l'accès aux ressources naturelles, en particulier la terre et l'eau​, étant renforcée par le changement climatique et les sécheresses répétées qui en découlent.