Un simple atoll, le seul des îles du Vent, parfait portrait de carte postale avec sable blanc immaculé et lagon cristallin. À 42 km au nord-est de Tahiti, 12 motus vierges cerclent un lagon de 7 km de large et 30 m de fond, pour former une parcelle de paradis terrestre. L'île, qui littéralement " se tient à distance ", s'appelait jadis Teturoa ou Tetuaroa (la haute mer) ; elle servait de cachette aux trésors royaux et l'on y cultivait le taro.

Autrefois résidence secondaire de la famille Pomare qui y venait pour fuir la capitale, l'atoll fut offert en 1904 au seul dentiste de Tahiti de l'époque, le Dr Williams, qui y exploita le coprah. Puis en 1966, lors du tournage hollywoodien des Révoltés du Bounty, la passion de Marlon Brando pour la Polynésie le poussa à se porter acquéreur de l'atoll, ou plutôt locataire pour 99 ans (bail emphytéotique), peut-être en souvenir des quelques mutins qui y avaient vécu un temps. Souhaitant initialement faire de ce coin de paradis un centre pour la recherche et l'éducation à la protection de l'environnement et un modèle de développement durable, il y fit construire le Tetiaora Village, un petit hôtel de 14 fare discrètement implantés sur le motu Onetahi. Mais à la suite du décès de l'acteur en 2004, le Tetiaora Village ferma ses portes, l'exploitation de l'atoll fut rachetée par le groupe Pacific Beachcomber - les héritiers Brando l'ont acceptée en contrepartie de 5 % du chiffre d'affaires -, et des travaux considérables pour ériger quai, ponton, et somptueuses villas d'un luxe extrême débutèrent en 2008. La présence d'engins lourds sur le récif fit polémique, pour ne pas dire scandale : en quelques mois, l'ambition écologique de Brando partit en fumée.