La Mythologie grecque

D’un lointain souvenir estudiantin, nous nous rappellerons que les Grecs étaient polythéistes et que les dieux vivaient à leurs côtés dans toutes les actions de leur vie. Sans aller jusqu’à imiter Paul Veyne, en nous demandant si Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? (éditions Points), nous pourrions tout au moins préciser que, à l’intersection où se rejoignent religion et littérature, cette civilisation ne connut pas de texte unique se voulant référence. Bien au contraire, plusieurs cosmogonies coexistèrent, expliquant tour à tour que le monde était fruit de Chaos, des divinités marines, peut-être de la nuit ou encore du temps, personnifié par Chronos qu’il ne faudra pas confondre avec le terrible Kronos… Dans cet ensemble harmonieux de mythes, les îles grecques prirent leur part pour justifier chacune les raisons de leur création. Ainsi, si tous s’accordent à penser que les dieux vivaient sur le mont Olympe, leurs péripéties les amenèrent à visiter nos paysages et à les remodeler au gré de leurs humeurs. Ne dit-on pas, par exemple, que l’irruption qui donna naissance à Santorin – dont certains murmurent qu’elle est l’ancienne cité engloutie d’Atlantide – fut la marque d’un coup d’éclat de Poséidon, fâché contre les hommes et leurs innombrables péchés ? Mais ce dieu, reconnaissable entre tous à son trident, n’en était pas moins capable d’amour, il est même possible que Corfou tienne son nom d’une nymphe dont Poséidon se serait épris et qu’il y aurait installée. À l’égal des humains, dont ils partageaient les traits, les dieux se livrèrent à des rivalités rimant avec guerres de territoires. L’enjeu était de taille puisque chaque cité possédait sa divinité tutélaire. Il se pourrait alors que l’immense Poséidon ait dû s’incliner à Naxos devant Dionysos… qui s’empressa d’y importer la culture de la vigne. La place manquera pour évoquer Délos, pourtant considérée comme l’île sacrée d’Apollon, le dieu des Arts, ou Rhodes dont le Colosse représente Hélios, personnification du Soleil, mais la mythologie demeure une bien belle façon de visiter les îles grecques.

Suivre les pas d’Ulysse en est une autre, bien que son voyage, décrit par Homère dans L’Odyssée, ait ouvert lieu à bien des interprétations géographiques. Quoi qu’il en soit, et même si Ithaque – dont le héros était roi – est en fait Céphalonie, une autre des îles Ioniennes, comme le suggèrent certains historiens, toujours est-il que l’archipel paraît être le point de départ – et le point d’arrivée ! – de son épopée. Celle-ci s’est, en tous les cas, montrée décisive pour la littérature mondiale car elle en est l’un des piliers majeurs, marquant en effet le passage de la tradition orale à la retranscription écrite. La « question homérique » a elle aussi occupé les esprits depuis, au bas mot, le XVIIIe siècle. Pourtant, même si le poète aveugle n’a finalement ni vraiment existé, ni vécu au VIIIe siècle avant J.-C., il lui est tout de même associé un lieu de naissance – le plus souvent Smyrne – situé sur la côte ionienne qu’il faudra veiller à ne pas confondre avec les îles éponymes, la première trouvant place en actuelle Turquie, tandis que les secondes émaillent l’ouest de la Grèce. Son travail poétique a en tous les cas permis de garder vivante cette mythologie qui continue d’irriguer nos imaginaires par-delà les siècles et les pays, et à travers elle les dieux dont les noms nous sont toujours si étrangement familiers.

De la poésie à la philosophie

Ainsi, pour les Grecs la fiction n’était pas rivale de la réalité, la question de leur séparation, de la frontière qui délimite les contes et les événements historiques, ne se posera que plus tard, il n’est donc pas surprenant que cette même nébulosité imprègne la biographie des auteurs, hommes et femmes, qui ont vécu plusieurs millénaires avant nous. La légende veut ainsi qu’Archiloque (env. 712 av. J.-C. - 664 av. J.-C.) devint poète tout jeune enfant, une nuit, à Paros, où les Muses se jouèrent de lui, lui volant la vache qu’il devait vendre au marché en ne lui laissant comme unique gage qu’une lyre qui scella son destin. Son nom nous est presque inconnu – on dit pourtant que sa réputation rivalisait avec celle d’Homère et qu’il fut le premier à mêler dans sa poésie élégiaque, lyrisme et cynisme –, mais il est vrai que son œuvre n’a survécu qu’à hauteur de quelques Fragments à découvrir sans tarder aux éditions des Belles Lettres. Une autre fable fait d’Arion de Méthymne, natif de Lesbos comme l’indique son nom, la victime de matelots en voulant à sa fortune. Il ne devra son salut qu’à un dauphin qu’il aura su charmer de ses chants et de sa cithare, et sa renommée qu’au dithyrambe – hymne religieux repris en chœur – dont il fut, dit-on, l’inventeur. La vie de Sappho, quant à elle née à Mytilène, également sur Lesbos, semble moins sujette à caution, même si sa biographie reste parcellaire. D’après Ménandre (dramaturge du IVe siècle) qui la mit en scène dans sa pièce Leukadia, c’est à Leucade qu’elle aurait trouvé la mort, sautant d’une falaise après avoir été abandonnée par son amant, Phaon. Le lieu et les mémoires ont conservé le souvenir de ce suicide amoureux, entraînant tradition dangereuse et leitmotiv artistique. Un autre des amours de Sappho, Alcée de Mytilène, se fit lui aussi poète, la puissance de leur passion n’aurait eu d’égale que leur rivalité artistique. Quoi qu’il en soit, il s’avère aujourd’hui difficile de lire Alcée dans notre langue, tandis que les poèmes rescapés de Sappho se découvrent chez plusieurs éditeurs (Rivages, Allia, Gallimard, Arléa…). Enfin, une autre poétesse a sombré dans l’oubli, au point que d’aucuns doutent même de son existence. Cléobuline serait pourtant née à Lindos (Rhodes) et son talent pour les énigmes aurait été aussi si grand que celui du Sphinx.

Avec le changement de siècle, la réalité s’invita, plus pressante que jamais auparavant. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si la pensée de Pythagore, qui serait né vers 580 av. J.-C. à Samos, se déploya alors dans toutes ses ramifications grâce à l’école qui portait son nom. Sans la restreindre au fameux « Théorème », rappelons qu’il était surtout question d’éthique et donc plus globalement de philosophie. À peine vingt ans plus tard, Simonide de Céos vit le jour. Poète lyrique, il s’intéressa à la mémoire, celle des hommes bien plus que celle des dieux, en inventant l’art de l’épigramme, entrant ainsi en parfaite résonance avec l’époque qui vit apparaître les premiers historiens. Son neveu, Bacchylide, composera quant à lui des hymnes, tant à la gloire des mortels que des immortels. Les temps changeaient rapidement et la mort d’Alexandre le Grand en 323 av. J.-C. mit fin à la période classique tout en sonnant le début de l’ère helléniste, qui elle-même préfigurait la domination romaine à venir. L’époque vit aussi naître, à Chalcis, sur l’île d’Eubée, le poète et dramaturge Lycophron qui, dit-on, s’expatria en Égypte où il devint, selon le « Canon alexandrin » (liste composée par Aristophane de Byzance et Aristarque de Samothrace), l’un des sept éminents membres de la Pléiade. De la vingtaine de tragédies qu’aurait écrit Lycophron ne restent parfois que quelques lignes, seul nous est miraculeusement parvenu en entier son poème Alexandra, l’autre nom donné à Cassandre qui avait reçu d’Apollon le don – tragique – de prédire l’avenir. Ce texte, moderne et complexe, a fait l’objet d’une traduction par Pascal Quignard aux éditions Poésie Gallimard.

En 322 av. J.-C., Chalcis vit également mourir un homme qui aura exploré tous les domaines de la connaissance, de la biologie à la rhétorique, de la poétique à la politique : Aristote, l’un des plus célèbres philosophes grecs, né à Stagire une soixantaine d’années auparavant. Si le maître n’est pas difficile à trouver dans notre langue, son élève Théophraste, quant à lui natif de l’île de Lesbos, se découvre également de nos jours, notamment aux éditions Les Belles Lettres (Métaphysique, Recherches sur les plantes). Il aura été le premier, en 322 av. J.-C. à être nommé scholarque – directeur – du « Lycée » fondé à Athènes par Aristote, une vie passionnante, à l’image d’une époque intellectuellement fertile. Dans ses pas s’inscrira Ariston de Céos – originaire de Kéa, dans les Cyclades –, philosophe de l’école péripatéticienne (« qui aime se promener »), qui occupera ce poste cent ans après lui. Pour en finir avec ce riche millénaire, citons encore Apollonios de Rhodes et Andronicos de Rhodes. Contrairement à ce que suggère son nom, le premier n’est pas né sur la plus grande île du Dodécanèse mais la choisit comme lieu d’exil au vu de sa réputation de centre intellectuel dont il devint rapidement le plus fervent représentant. D’Apollonios il faut lire La Conquête de la toison d’or ou L’Expédition des Argonautes, long poème épique et lyrique appelé aussi Les Argonautiques et consacré à Jason. Andronicos est pour sa part bien né à Rhodes où il vécut au siècle précédant notre ère, occupant le dernier le poste de scolarque et éditant, selon la rumeur, des textes inédits d’Aristote et de Théophraste. Enfin, Théophane de Mytilène (Lesbos) se fit historien et obtint la nationalité romaine en louant les campagnes du général Pompée. La domination romaine – effective depuis le sac de Corinthe – perdurera jusqu’à la reconstruction de Byzance, en 330 ap. J.-C.

De voyages en voyages

Les débuts de l’ère chrétienne, vers le IIe ou le IIIe siècle, sont marqués par Daphnis et Chloé, un roman attribué à Longus qui le situera à Lesbos, sans que l’on sache si c’est parce qu’il en était originaire ou parce qu’il voulait ainsi rendre hommage à Sappho. Inspiré de la poésie bucolique, ce texte influencera à son tour le roman pastoral. D’un propos très simple, il décrit l’amour naissant entre deux orphelins, un jeune chevrier et une petite bergère, et se lit toujours avec un plaisir non dissimulé dans la traduction de Jacques Amyot aux éditions Libretto. Il nous faut ensuite nous accorder un saut temporel considérable et laisser derrière nous l’empire byzantin où Constantinople se fait capitale impériale et intellectuelle, pour rejoindre la longue période durant laquelle la Grèce est sous domination ottomane et où, pourtant, Corfou jouit d’un statut particulier. Placée sous la protection de Venise, l’île devient en effet le dernier bastion chrétien, son Académie littéraire ouvre quant à elle ses portes à Nicolas Voulgaris (1634-1684), érudit ayant gagné sa postérité avec ses écrits principalement religieux. Il rédigera ainsi des offices en l’honneur de saint Jason et de saint Sosipatre, qui avaient évangélisé l’île au Ier siècle, et s’attellera à Une relation du transfert des reliques de saint Spydridon à Constantinople, célébrant l’ancien évêque devenu patron de Corfou. L’arbre généalogique qui le relie à Eugène (né en 1716) garde ses secrets mais la descendance est honorablement assurée par celui qui deviendra le digne représentant corfiote de l’Esprit des Lumières. Eugène Voulgaris a en effet laissé une œuvre éclectique et foisonnante – traités philosophiques ou mathématiques, correspondance et poèmes, et son goût immodéré des voyages l’aura amené à marquer de son empreinte tous les territoires où il aura vécu, jusqu’à la lointaine Russie où il terminera ses jours en 1806. De deux ou trois ans son aîné, Constantin Dapontès devient Késarios quand il endosse l’habit ecclésiastique à la quarantaine, après une vie déjà bien mouvementée. Étrangement très peu traduit en français, ce natif de Skópelos est pourtant considéré comme l’un des écrivains grecs les plus importants du XVIIIe siècle, tant pour ses vers religieux que pour ses chroniques historiques particulièrement fiables.

C’est ensuite à Zante que nous mène cette promenade littéraire, une île de la mer Ionienne qui voit naître successivement Nicolas Chiefala (vers 1770-vers 1850), Ugo Foscolo (1778-1827), Andreas Calvos (1792-1869), Dionysios Solomós (1798-1857) et Elizabeth Moutzan-Martinegou (1801-1832). Si le premier se fait marin – et combattant à l’heure de l’indépendance – avant de prendre la plume pour raconter ses nombreux voyages, tous ses successeurs font leurs armes dans les lettres. Ainsi, Ugo Foscolo – dont le nom et la nationalité rappellent que l’île est alors possession des Vénitiens – composera des Odes à Luigia Pallavicini en peaufinant son roman épistolaire Ultime lettere di Jacopo Ortis (Les Dernières lettres de Jacopo Ortis, éditions Ombres). Bien que féru de politique, il est l’un des précurseurs italiens du romantisme, un destin légendaire que ne contrediront ni ses dernières années où il se fera clandestin à Londres pour échapper à ses créanciers avant de succomber à la tuberculose, ni le fait que sa dépouille ait été rapatriée à Florence, 44 ans après sa mort, pour être inhumée au sein de la basilique de Santa Croce, le « Panthéon italien ». Avant cela, il aura eu pour secrétaire un compatriote, Andreas Calvos, qui sera tout aussi fantasque dans sa vie, et tout autant novateur dans son style. Il est en effet reconnu comme l’un des grands initiateurs de la poésie moderne car il avait su s’affranchir du carcan des rimes et de celui de la métrique antique, notamment dans son recueil Elpis Patridos et dans ses Odes nouvelles. Autre poète national vénéré dans le mausolée de Zante qui leur est dédié, Dionysios Solomós est fils de son époque : il écrira en italien ses Rime improvvisate mais en grec son Hymne à la Liberté et son inclassable La Femme de Zante à se procurer sans attendre en édition bilingue aux belles éditions Le Bruit du temps. Enfin, Elizabeth Moutzan-Martinegou trouvera, dans son désir d’écrire contrarié par ses parents qui voulaient la marier, source d’inspiration pour ses écrits féministes. Morte à 31 ans, deux semaines après son premier accouchement, elle aura tout juste eu le temps de produire une vingtaine de pièces de théâtre et de composer quelques poèmes.

Aristotélis Valaorítis, quant à lui, verra le jour en 1824 sur l’île de Leucade et c’est peut-être de l’illustre philosophe dont il tenait son prénom qu’il hérita d’un fort penchant pour la politique qui le fera député. Épique à ses heures, il le sera aussi dans sa poésie, mais quand il connaîtra la déception des décisions internationales, c’est la voie du repli qu’il choisira en s’installant sur un minuscule confetti, Madourí, pour se consacrer à son art. À l’inverse, son compatriote Lafcadio Hearn (1850-1904) choisira très tôt de parcourir le monde. Fils d’une mère grecque et d’un père irlandais, il mourra japonais après avoir pris la nationalité de sa dernière escale. S’il a écrit sur d’autres îles que Leucade qui le vit naître, ses nombreux textes se découvrent tout de même avec délice en français (Lettres japonaises chez Pocket, Insectes aux éditions du Sonneur, Chita chez Gallimard, etc.). Les hommes voyagent et la langue évolue, et dès le XVIIIe siècle se met en place la « katharévousa » (« grec purifié »), tentative d’expurger le grec des influences étrangères sans pour autant revenir à la langue ancienne. Au siècle suivant, Alexandre Papadiamándis (1851-1911) devient le porte-drapeau de cette modernité.

Vers la modernité

C’est à Skiathos qu’il naît en 1851 et à Skiathos qu’il meurt en 1911, entre les deux il aura vécu chichement à Athènes car son talent ne lui aura jamais épargné la misère. Était-ce alors contre le destin qu’il se dressait en écrivant ? Toujours est-il que son œuvre est marquée par cette fatalité, celle qui pousse par exemple son héroïne à tuer des fillettes pour les délivrer d’une vie certaine de servitude dans son chef-d’œuvre incontesté, Les Petites filles et la mort (Actes Sud). Mais Papadiamándis fut également un grand nouvelliste comme le rappellent les éditions Cambourakis qui ont réédité deux de ses recueils, L’Île d’Ouranitsa et Rêverie du quinze-août. Il faudra ensuite s’intéresser à Níkos Kazantzákis (1883-1957), romancier né crétois qui se choisit une autre île comme havre de paix, Égine, où il se réfugia pendant la Seconde Guerre mondiale et où il écrivit Alexis Zorba (Actes Sud), un roman passé inaperçu dans son pays mais devenu succès incontestable quand il fut traduit en français en 1947, l’année suivant sa publication, et bientôt international quand il fut porté à l’écran, à peine vingt ans plus tard, sous le titre de Zorba le Grec.

En ce XXe siècle, les îles grecques voient naître, vivre et mourir certains des plus grands écrivains de leur époque. Parmi eux, Efstrátios Stamatópoulos, plus connu sous son nom de plume Strátis Myrivílis (Lesbos, 1890-Athènes, 1969). Ce digne représentant de la « Génération des années 1930 » se fit connaître dès son premier roman, paru en feuilletons dans l’hebdomadaire Kambana d’avril 1923 à janvier 1924, puis remanié par la suite. Ce récit de guerre – La Livre dans la tombe, aux éditions des Belles Lettres – préfigurait malheureusement l’existence de son auteur qui fut marquée par de nombreux conflits, et autant de désillusions. Il serait par ailleurs difficile de ne pas citer Albert Cohen, bien qu’il quittât son île natale, Corfou, pour Marseille alors qu’il n’avait que cinq ans. En effet, trois des romans de sa célèbre tétralogie (qui comprend l’incontournable Belle du Seigneur) prennent en partie Céphalonie comme décor : Solal, Mangeclous et Les Valeureux (éditions Folio). Grand Prix de l’Académie française, il est sans conteste l’un des écrivains les plus importants du XXe siècle, et c’est à Genève qu’il s’éteindra en 1981, cédant enfin à la mort qui l’avait longuement poursuivi. Le nom d’Odysséas Elytis (1911-1996) est peut-être le secret le mieux gardé des amoureux de la poésie, l’homme fut pourtant proclamé prix Nobel de littérature en 1979, ce qui assura sa réputation à l’international. Il se lit de nos jours en Poésie Gallimard (Axion Esti) mais aussi chez quelques petits éditeurs ayant à cœur de préserver sa mémoire : Cheyne (Le Soleil sait : une anthologie vagabonde), Unes (À l’ouest de la tristesse), Échoppe (Printemps moins le quart, En avant lente, Le Petit navigateur), etc. Lui dont le prénom était hommage à Ulysse affronta bien des épreuves – guerre, crise existentielle, page blanche, maladie et solitude – mais c’est toujours sur les îles grecques, plus particulièrement celles de la mer Égée, qu’il vint se ressourcer, y retrouvant son enfance. La nostalgie est aussi ce qui guida deux frères et les incita à offrir à Corfou ses plus belles pages. L’île les avait ainsi accueillis avec leur famille, à 24 ans pour l’aîné – Lawrence Durrell (1912-1990), l’auteur de Dans l’ombre du soleil grec (Quinzaine littéraire), des Îles grecques (Bartillat) et, sur un autre thème, du Quatuor d’Alexandrie (Le Livre de poche) –, à 10 ans pour le cadet – Gerald Durrell (1925-1995) – futur naturaliste émérite, qui livrera dans sa Trilogie de Corfou (éditions de la Table ronde) ses tendres souvenirs de cette époque bénie.