Parcs nationaux

Le pays s'est doté d'outils de protection, comme les parcs nationaux mais aussi de zones Natura 2000 (réseau de protection européen visant la protection des habitats et des espèces remarquables, dont les oiseaux). Plusieurs parcs nationaux protègent les écosystèmes îliens. Ils ont aussi pour vocation d'accueillir et de sensibiliser les publics à la fragilité des milieux naturels et à leur protection.

Parc national marin de Zante  : situé dans le sud de l'île de Zante, il protège les habitats des phoques moines et les sites de ponte des tortues caouannes. Il offre de beaux itinéraires à pied et des possibilités de snorkeling.

Parc national marin d'Alonissos : situé au nord des Sporades,  il s'agit de l'une des plus grandes aires maritimes protégées d'Europe. Il abrite une remarquable biodiversité marine (poissons, phoques) et terrestre (oiseaux, chèvres sauvages). Idéal à découvrir à pied ou en bateau.

Parc national du mont Ainos : situé sur l'île de Céphalonie, le parc a pour vocation de préserver l'habitat des sapins d’Apollon ou sapins de Céphalonie, espèce endémique que l'on retrouve sur le mont Ainos.

Des territoires soumis à des risques naturels et à des pressions anthropiques

Les îles grecques sont soumises à des risques naturels : tremblements de terre, sécheresses, inondations. Situées sur des plaques tectoniques, elles sont en effet sujettes à des séismes, dont l'épicentre est souvent localisé dans la mer. En 2017, un séisme de magnitude de 6,7 sur l'échelle de Richter est ressenti sur les îles du Dodécanèse (Kos). L'événement occasionne la mort de 2 personnes et de nombreux dégâts matériels. Le 30 octobre 2020, la terre tremble à nouveau (en mer Egée) et le séisme de magnitude 7 frappe l'île de Samos, provoquant l'effet d'un mini-tsunami et portant le bilan à deux victimes. Les îles sont également soumises au risque de sécheresse et d'inondation. Ces risques naturels sont accentués par les activités humaines. L'artificialisation des sols et les défrichements accélèrent notamment les phénomènes d'érosion et rendent ainsi le territoire plus vulnérable. La Grèce et les îles ont connu des records de fréquentation touristique en 2017 et 2018 (plus de 30 millions de visiteurs dans le pays en 2018). Le tourisme, principale activité économique, engendre un certain nombre de pressions sur les espaces contraints des îles. L'artificialisation des sols (urbanisation), l'alimentation en eau potable, le traitement des eaux, la gestion des déchets ou encore la consommation d'énergie et la protection de la biodiversité et des milieux naturels constituent des enjeux majeurs.

Dessaler l'eau de mer pour fournir de l'eau potable

Les îles ont dû déployer des systèmes pour alimenter durablement leur territoire en eau, tant pour les besoins du tourisme que pour l'irrigation agricole. Une usine de dessalement flottante a ainsi vu le jour en mer Égée. Celle-ci fonctionne grâce à de l'énergie éolienne et solaire qui transforme l'eau de mer en eau potable et produit également de l'électricité, mais aussi des données scientifiques. Le processus ne nécessite pas de produits chimiques et ne rejette donc pas d'effluent toxiques.

La question brûlante des déchets et de l'assainissement

La gestion des déchets reste très défaillante dans les îles, marquée par un manque de volonté politique et de conscience environnementale. La Cour Européenne de Justice a condamné à plusieurs reprises le pays pour ses décharges illégales et ses insuffisance en matière de recyclage. Sur l'île de Kalymnos, destination prisée des grimpeurs et des plongeurs, « le volcan » désigne la décharge illégale à laquelle les habitants mettent régulièrement le feu pour brûler les déchets. En termes de prévention, c'est-à-dire de réduction à la source des déchets et de sensibilisation, il reste encore de nombreux efforts à déployer. Les sacs plastique sont devenus payants en Grèce depuis 2018, ce qui s'est traduit en 2019... par une augmentation de la consommation des sacs plastique. La mer Méditerranée souffre d'une grande pollution notamment plastique, pour laquelle les ONG appellent à des mesures plurilatérales et contraignantes, mais aussi à des actions de sensibilisation. Là encore beaucoup reste à faire, qui plus est dans un pays qui fait face à une crise économique. Les effort doivent aussi se concentrer sur la mise en place et la mise aux normes des réseaux d'assainissement des eaux usées.

Corfou : quand les décharges illégales côtoient les yachts

« Là poussent de grands arbres florissants, poiriers, grenadiers, [...] figuiers domestiques et luxuriants oliviers. Jamais leurs fruits ne meurent ni ne manquent ni hiver ni été » peut-on lire dans l'Odyssée. Et il est vrai que Corfou possède des paysages absolument idylliques, qui attirent de nombreux visiteurs chaque année. L'autre réalité, ce sont les tonnes de déchets, entassés dans les rues ou stockés en décharge, faute d'installation correctement dimensionnée et aux normes. L'île peine à mettre en place une gestion de ses déchets, malgré les rappels à l'ordre de l'Union européenne. Les différentes parties prenantes n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la construction d'une nouvelle installation de traitement.

Paros : première île méditerranéenne sans plastique ?

Certains territoires ont décidé de prendre à bras le corps la pollution plastique en traitant le problème à la source. Le programme « Clean Blue Paros » est une déclinaison du programme « Clean Blue Alliance », porté par des entreprises locales, la municipalité, des ONG, l'Université d’Égée et des bailleurs de fonds (Fonds de préservation des Cyclades, Fonds mondial pour  la Grèce). La première étape du projet a consisté à l'interdiction des pailles en plastique à l'été 2020, accompagnée de la sensibilisation de la population locale et des visiteurs. L'idée est de poursuivre la démarche et de supprimer à terme le plastique de l'île.

Vers une indépendance énergétique des îles

L'approvisionnement des îles (Cyclades et Égéennes) en électricité fait l'objet d'un projet de raccordement de celles-ci au réseau électrique du continent. Le déploiement, en cours, est prévu sur la période 2017-2024. La sécurisation des approvisionnements est assurée grâce à des câbles sous-marins reliant le continent aux îles. Ils permettent de remplacer les vieux générateurs diesel présents sur les îles par du gaz naturel ou de l'énergie éolienne.

Le réchauffement climatique

Dès le printemps 2023, Ta Nea avait prévenu et titré : « Ce qu’il va se passer si… la Grèce atteint les 50 degrés ».  Pour illustrer son propos, le quotidien grec met ce jour-là en une des cariatides sous une couleur orangée apocalyptique. Pour le fond, le media s’appuie sur une étude de l’université Aristote de Thessalonique, anticipant des chaleurs extrêmes et ses conséquences dans le pays. « Une température de 48 °C à Athènes serait absolument dangereuse pour la vie humaine, selon les scientifiques. Bien qu’il s’agisse, comme ils l’expliquent, d’un scénario extrême, notre pays se trouve dans la "zone rouge" du changement climatique. » Scénario pessimiste ? Trois mois plus tard, la Grèce a vécu l’été le plus chaud de son histoire. Pendant l’été, le pays a enregistré jusqu’à 80 incendies par jour. Outre la Grèce continentale, les îles de Rhodes, Corfou et l’Eubée ont été particulièrement touchées.
Sacrifier l'environnement au profit de l'économie ? En 2015, la Banque Centrale de Grèce avait calculé que le coût du changement climatique, si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pourrait s'élever à 701 milliards d’euros d’ici 2100 (coût des dommages). En 2019, le réseau MedECC (réseau d’experts méditerranéens sur les changements climatiques et environnementaux), indiquait que le réchauffement actuel était de +1,5 °C par rapport aux moyennes de la période préindustrielle en Méditerranée. « Sans actions d’atténuation supplémentaires, la température augmentera de 2,2°C (par rapport à la période préindustrielle) en région Méditerranée d’ici 2040, voire de 3,8 °C dans certaines régions d’ici 2100 » (source : www.medecc.org).

Des initiatives et des perspectives pour un tourisme durable

Des initiatives voient le jour dans certaines îles. Santorin, à l'instar de Venise, a adopté des mesures pour lutter contre la massification du tourisme et ses effets délétères sur la biodiversité (limitation des débarquements quotidiens dans l'île). A Corfou, milliardaires et écologistes s'accordent pour dénoncer la construction d'un complexe touristique de luxe, dans une zone naturelle protégée. Préserver les milieux naturels et limiter les pollutions sont des actions nécessaires au maintien de la biodiversité. Réduire les émissions de gaz à effet de serre est également une condition sine qua non pour sauvegarder des conditions nécessaires à la vie humaine. Nous sommes tous acteurs de ces défis planétaires, dans nos voyages comme dans notre quotidien. Si voyager autrement est nécessaire, cela peut aussi constituer une grande source de joie et un retour à plus d'authenticité, en adéquation avec la frugalité que nombreux îliens ont su conserver au fil des siècles. Vivre chez l'habitant et consommer local : cela vous ouvrira à de belles rencontres, associées aux vertus de l'alimentation méditerranéenne. Retrouver un autre rapport au temps – et à soi –  est l'un des bienfaits du voyage lent, tant vanté par l'écrivain-voyageur Jacques Lacarrière, par exemple dans son récit L'Eté grec. Marcher est aussi le gage d'un rapport plus apaisé à la nature. Les îles sont d'ailleurs propices aux randonnées à pied ou à bicyclette. Vous pourrez également les découvrir à la voile. Enfin sachez qu'il est tout à fait possible de voyager en train, par exemple de Paris à Athènes. Plus nombreuse est la communauté des cyclo-touristes qui pédalent en Europe et s'élancent notamment vers la Grèce (avec des itinéraires cyclables tels que les eurovélos :  https://fr.eurovelo.com/greece).