DONJON VOJINOVIĆ

Ce donjon du XIV^e siècle (Kulla e Vjetër, Vojinovića kula) est le principal vestige des remparts médiévaux de Vushtrria/Vučitrn. Superbement restauré en 2014, il abrite aujourd’hui un restaurant sans intérêt, mais sa cour reste en libre accès. Le donjon domine une enceinte carrée de 30 m de côté dont les murs atteignent encore jusqu’à 6 m de hauteur. La tour elle-même adopte également une forme carrée de 11,30 m de côté. Ses murs de 3-4 m d’épaisseur montent jusqu’à 8 m de hauteur sur deux étages aujourd’hui aménagés avec un escalier intérieur et une petite structure panoramique au sommet, à 10 m de hauteur. À l’extérieur, les murs du donjon conservent les traces de mâchicoulis et de trous de boulins (ouvertures servant à poser les poutres principales de la charpente intérieure), mais aussi de pièces métalliques qui étaient utilisées pour tendre une toile pour des projections de films entre 1958 et 1962. La forteresse a été construite par la famille noble serbe des Vojinović au XIV^e siècle. Elle a été édifiée à l’emplacement de fortifications byzantines du VII^e siècle, elles-mêmes sans doute bâties sur une structure plus ancienne.

Réhabilitation et magouilles. Résidence du vassal serbe des Ottomans Đurađ Branković (1427-1456), ce château était alors un lieu prestigieux, fréquenté par les marchands de Raguse (Dubrovnik) et de Venise. Lorsque la ville passa directement sous contrôle ottoman, en 1455, les remparts furent démantelés et seul le donjon et sa cour furent conservés. Ceux-ci furent alors utilisés successivement comme garnison, grenier et armurerie. Après le départ des Ottomans, en 1912, le complexe servit de prison dans les années 1920, puis de cinéma. Une première restauration fut menée dans les années 1970. Presque épargné par la dernière guerre, le donjon a fait l’objet d’une superbe réhabilitation en 2013-2014 avec l’ajout d’éléments modernes et légers qui n’ont pas dénaturé les vestiges – une chose rare dans ce pays où l’on a plutôt tendance à reconstruire juste pour « faire ancien ». Ces travaux financés grâce à l’aide internationale devaient servir à transformer le donjon en centre culturel. Mais en 2017, le projet a été détourné par le maire de la ville qui a décidé de confier le monument à son frère pour le transformer en restaurant. Les ONG qui avaient financé le chantier et les historiens sont furax, mais le gouvernement assure que tout est légal. Bref, bienvenue dans la gestion du patrimoine historique à la sauce kosovare. Pas très appétissant, comme le restaurant qui occupe les lieux, d’ailleurs.