LES TOMBES ROYALES NAPATÉENNES

Le site d'El-Kurru servit de nécropole bien avant l'arrivée des Pharaons Noirs. On ne sait pas bien d'ailleurs qui était enterré là depuis le IX^e siècle avant notre ère. Des souverains locaux probablement, qui aimaient s'entourer d'animaux dans leurs dernières demeures, notamment des chevaux. Les successeurs de Taharqa, grand pharaon de la XXV^e dynastie, implantèrent l'usage de la pyramide à El-Kurru qu'ils choisirent comme lieu de repos éternel, au milieu du VII^e siècle avant J.-C.

Et c'est justement Tanwetamani (ou Tantamani), neveu et successeur direct de Taharqa, qui vous accueille dans la première des deux tombes accessibles au public. Pour 20 SDG, le ghaffir (inutile de chercher à resquiller, vous devez le trouver car il a les clés) vous emmène dans un grand escalier qui s'enfonce dans les sables jusqu'à la tombe du souverain. A l'intérieur est décrit son parcours initiatique jusqu'à l'au-delà. Sous les regards bienveillants d'Amon et des deux sœurs Isis et Nephtys, il rejoint le monde des morts sur la barque solaire sacrée, sous un ciel rempli d'étoiles. Le bleu de ce ciel, comme l'ocre des personnages et les autres couleurs utilisées pour les animaux et les motifs, reste éclatant en dépit de son âge.

Il y a bien longtemps que l'hôte de ces lieux les a quittés. Peut-être a t-il trouvé sa chambre trop humide… En effet, on remarque que le bas des fresques a disparu sur un bon mètre. Dans les années 1910, l'équipe d'archéologues britanniques chargée d'explorer la zone a eu la lumineuse idée de laisser ouvertes les tombes qu'elle venait de découvrir. La région est très sèche, et même si le Nil se trouve à plusieurs centaines de mètres, ce grand fleuve est aussi connu pour ses crues. Une de celles-ci survint justement peu après le départ des archéologues négligents. Il y a ainsi plus d'une dizaine de tombes à El-Kurru, mais seules deux conservent des peintures, malgré tout magnifiques.

La deuxième tombe est celle de la mère de Tanwetamani, Qalhata. Sur les murs, Horus et Anubis rejoignent le casting. Ici, la tombe semble mieux préservée. Pourtant, tout ce qui reste de Qalhata, ce sont les bases de son sarcophage et la représentation de sa momie sur le mur. La qualité des peintures et l'étrangeté de l'atmosphère par rapport à la surface sont surprenants.

S'il vous reste du temps, sachez qu'une forêt pétrifiée est également visible plus loin dans le désert. Sinon, les bords du Nil sont toujours propices à la rêverie.