SÉMINAIRES DE LA YOLE
Fait assez rare, trois séminaires sont rassemblés en un même lieu : le séminaire diocésain, le séminaire capucin et le séminaire carme. Il s’agit en réalité de petits et moyens séminaires (collège et lycée) dont les élèves, recrutés sur test, payent des frais de scolarité relativement modérés (environ 40 000 FCFA annuels) pour un enseignement de qualité qui leur dispense une bonne formation, les prépare aux examens (100 % de réussite au bac) et révèle à certains d’entre eux la vocation religieuse. Il n’y a pas d’hébergement prévu sur le site, sinon des maisons réservées aux familles qui viennent visiter leurs enfants. Ces chambres simples peuvent, à l’occasion et sur demande préalable, recevoir des touristes de passage. Les pères responsables du séminaire ont fait plusieurs tentatives de développement agro-pastoral pour donner plus d’autonomie à leur communauté : ainsi cette grande propriété dispose de beaux bassins de pisciculture où sont élevées toutes sortes d’espèces (tilapia, carpes, silures…), de 80 bœufs pour la viande et le lait (yaourts également), d’une porcherie et de cinq chevaux (animal pourtant rare dans le pays). A côté de l’église des Capucins, sans réel intérêt architectural, se trouve un musée qui abrite une collection d’une richesse impressionnante d’objets appartenant à toutes les ethnies centrafricaines. Ce trésor est le fruit de 50 années de recherches inlassables du père Valentin, qui a regroupé, dans un enchevêtrement pourtant organisé, des raretés dont la vocation est d’empêcher les traditions ancestrales de tomber dans l’oubli. Des fours et des soufflets datant de l’âge du fer à la série de pipes traditionnelles, la plupart des pièces sont présentées dans le cadre de petites reconstitutions. La Yolé possède la plus importante collection de couteaux de jet (à lancer) centrafricains, dont certains sont aujourd’hui encore utilisés par des tribus tchadiennes, ultimes témoignages du mélange des civilisations. On peut y voir également une très intéressante collection de gourmettes traditionnelles, de la plus fine à la plus imposante, un espace « créateur » où sont exposées les chemises antiques et authentiques tissées en écorces d’arbre (avant la culture du coton), ou encore de nombreux labi, ces colliers ventraux en coquilles provenant des cours d’eau, d’authentiques colliers et chaînes d’esclaves, des masques, des carquois, etc. Un coin de maison reconstitué permet de voir des garde-manger traditionnels aux écorces gravées, un antique chauffage façonné dans de l’argile… Une pièce consacrée aux sorciers expose des fétiches pygmées et la « pierre de vérité », lieu du jugement des sorciers, dit « Tahala ». Sans oublier les instruments de musique traditionnelle comme le koundé, ou des recueils de récits des anciens, collectés auprès des vieux des villages, photos et noms à l’appui. Le séminaire mériterait cependant une meilleure mise en valeur, un dépoussiérage et, surtout, un chargé d’exposition.