Oasis au coeur du désert rouge, Boukhara est la perle du Kyzyl Kum. La vie sédentaire y est apparue très tôt, avant la conquête d'Alexandre le Grand, grâce à d'intenses travaux d'irrigation et au fleuve Zeravshan, qui y déversait d'importantes réserves d'eau. A la différence d'autres villes situées sur la Route de la soie, Boukhara a su garder une authenticité joyeusement bordélique. Autour du Liab-i-Khaouz, dans les ruelles du quartier juif ou sous les coupoles des bazars, on se sent pris dans une ambiance d'un autre monde. Les boutiques ne sont pas sans rappeler les souks marocains, les dollars y sont tout aussi prisés et les touristes attendus de pied ferme, mais la qualité de l'architecture, la richesse des ornements, la densité des couleurs prennent le dessus.

On écoute, on regarde, on oublie le temps. On le remonte, au coeur de cette cité interdite aux infidèles pendant des siècles. C'était le temps des grands voyageurs, celui où Boukhara, rayonnante, était surnommée la " Perle de l'islam ". Avant d'être détruite par les hordes de Gengis khan, reconstruite, puis à nouveau rasée par Tamerlan. Sans cesse renaissante, Boukhara a perdu au fil des siècles son prestige et son importance commerciale, avant de revenir sur le devant de la scène lors du " grand jeu ", à la fin du XIX^e siècle. C'est aujourd'hui l'une des étapes les plus attachantes en Asie centrale.

Son centre-ville reste bien vivant et non pas réservé au tourisme. Contrairement à Samarkand la timouride, Boukhara présente des styles d'architecture couvrant une dizaine de siècles. De plus, autour de son centre historique, Boukhara abrite plus de 300 000 habitants, ce qui en fait la quatrième plus grande agglomération du pays. Une grande partie de la population locale appartient à l'ethnie tadjike, alors que les Juifs de Boukhara sont de moins en moins nombreux mais constituaient une communauté active et importante jusqu'à l'indépendance.