Si de la Pologne on ne connaît souvent que Cracovie et Varsovie, Wrocław, chef-lieu de la Basse-Silésie et quatrième ville du pays, demeure une belle inconnue qui mérite d'être découverte. Nichée dans le sud-ouest du pays, à mi-chemin entre Varsovie et Berlin, elle occupe le devant de la scène culturelle internationale en tant que " Capitale européenne de la Culture ". Ce titre vient couronner son effervescence culturelle, son dynamisme économique, et un patrimoine architectural éclectique qui mêle plusieurs styles (roman, gothique et baroque). Une architecture qui invite à la flânerie dans le dédale de ruelles de la vieille.
Le coeur de la ville
Première étape incontournable, la découverte de Wrocław commence par le Rynek, la place principale de la vieille ville datant du XIIIe siècle. À cette époque, la ville, refondée sur le droit de Magdebourg, conçut un plan en damier de rues avec un marché au centre. Si la plupart des villes polonaises en ont un, le Rynek de Wrocław est sans doute parmi les plus remarquables. Bordé d'immeubles de styles baroque et Renaissance avec pignons à degrés, lucarnes, fenêtres à meneaux, façades pastel à stucs et aigles sculptés, il est dominé par la silhouette gothique de la Ratusz, l'hôtel de ville somptueusement décoré et doté d'une horloge astronomique de 1580. C'est à l'ombre de la Ratusz et dans les rues moyenâgeuses autour que la vie bouillonne et pétille avec restaurants et cafés. Réputée comme l'une des plus belles places d'Europe, on imagine difficilement que les merveilles du Rynek ont été en partie refaçonnées à l'après-guerre. Car quand la ville capitula le 6 mai 1945, après un siège de 80 jours, la plupart des édifices de Wrocław étaient endommagés. Chassée par l'armée soviétique au sortir du conflit, sa population fut remplacée par des Polonais, déplacés depuis Lviv qui venait de passer en Ukraine soviétique. Cette ville, qui avant 1939 accueillait protestants, catholiques et juifs, dut s'inventer une nouvelle identité entre deux cités : Breslau, ville allemande, omniprésente et en même temps disparue, et Lviv, ville polonaise avant la guerre, qui fut " aménagée " avec institutions, habitants et, parfois, monuments dans le décor de la première. C'est le cas de la statue du poète et dramaturge Alexander Fredro. Déboulonnée à Lviv et placée dans le Rynek, elle a été adoptée par la ville de Wrocław et est devenue le lieu de rendez-vous préféré de ses habitants.
L'héritage allemand
Du Rynek, on emprunte la rue Kiełbaśnicza en direction de l'Oder pour ensuite tourner à droite dans la rue Stare-Jatki. Cette étroite rue pavée au charme pittoresque a gardé son allure médiévale. Autrefois, elle abritait des étals de boucher, remplacés, aujourd'hui, par des galeries d'art et de créateurs. D'ici, on poursuit jusqu'à l'Université.
Si dans l'après-guerre, la reconstruction insista sur la dégermanisation de la ville privilégiant le style gothique associé à la dynastie des Piast, au détriment du baroque des Habsbourg, Wrocław a su quand même préserver une partie de son patrimoine baroque. Construit par les Jésuites en 1670, le plus grand complexe baroque de la ville abrite un vrai joyau : la magnifique salle Léopoldine du XVIIIe siècle avec son impressionnant ensemble de fresques. Son nom rend hommage à l'empereur Léopold Ier de Habsbourg, qui fonda l'Université en 1702. Non loin de là, l'ancien collège jésuite Saint-Mathias abrite l'Ossolineum, une bibliothèque de 6 000 manuscrits réunis par l'érudit Józef Maksymilian Ossoliński, véritable trésor de la culture nationale polonaise. En position décentrée, la Halle du centenaire, chef-d'oeuvre de Max Berg, a également résisté aux tentatives de gommer le passé allemand entreprises par les dirigeants communistes. Inaugurée par le Kaiser en mai 1913, cette architecture pionnière était le plus grand dôme en béton armé du monde. En 1948, elle accueillit le congrès mondial pour la paix, auquel participèrent Max Frisch, Bertolt Brecht, Paul Éluard et Picasso qui, à cette occasion, dessina sa célèbre colombe de la paix. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2006.
L'île aux mille lumières
La géographie de Wrocław est particulière. La ville surgit à l'endroit où le fleuve Oder se divise en plusieurs bras. Elle semble donc flotter sur l'eau, construite parmi douze îles et îlots reliés par plus de cent ponts, ce qui lui a valu le surnom de " Venise de Pologne ". C'est sur une de ces îles, la plus grande, qu'à la fin du Xe siècle, le roi Boleslas le Vaillant établit un évêché et fit bâtir une cathédrale. L'île Tumski, " de la cathédrale ", est la partie la plus ancienne de Wrocław. À la tombée de la nuit, deux lampistes allument les réverbères à gaz plongeant ses ruelles pavées dans une atmosphère magique. Ici, se dresse la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Dans un pays catholique qui vénère Jean-Paul II, premier pape polonais, ce joyau gothique au portail de style Renaissance est inévitablement le symbole religieux de la ville. Ses deux flèches jumelles, érigées seulement en 1991, se dressent majestueuses au-dessus des édifices en tuiles rouges des congrégations des prélats avec celles de l'église Sainte-Croix. De l'autre côté de l'Oder, la rotonde du panorama de Racławice, représente une des attractions majeures de la ville. Arrivée de Lviv, après la guerre, cette peinture panoramique fut réalisée par Jan Styka et Wojciech Kossak pour célébrer le centenaire de la bataille de Racławice de 1794.
La culture à l'honneur
Fière de son passé, Wrocław regarde l'avenir avec humour, comme le montrent les quelque 300 nains en bronze disséminés dans la ville, qu'on peut s'amuser à débusquer au fil des rues. Né en 1982 sur un mur et sous la main de Waldemar Fydrych du mouvement artistique Alternative Orange, le premier nain orange était un symbole de contestation du régime communiste. Wrocław a conservé cet esprit anticonformiste et d'avant-garde. Le Centrum Reanimacji Kultury, centre culturel et salle de concert, est peuplé d'artisans et de jeunes créateurs. De l'autre côté de l'Oder, la Neon Side Gallery réunit une belle collection de néons qui, au temps du rideau de fer, décoraient la ville donnant ainsi l'illusion d'un monde de consommation. Non loin de là, la Galeria Plakatu offre un aperçu des affiches polonaises des années 50 à nos jours, un art dans lequel les Polonais excellent. Enfin, lorsqu'on s'écarte de la ville, on tombe sur le Musée d'art contemporain de Wrocław, installé dans un abri anti-aérien construit en 1942. Forte d'une pratique culturelle locale consolidée, la ville n'a pas eu à chercher loin pour organiser le programme d'événements culturels qui l'animera jusqu'à la fin de l'année. Un millier d'événements prévus vont s'ajouter, entre autres, à l'aménagement des bords de l'Oder, à l'inauguration du Forum National de la musique et de Hydropolis, le musée de l'eau situé dans un ancien réservoir d'eau néogothique de 1893.
Infos futées
Quand ? L'idéal est de début mai à fin septembre : les journées sont longues et ensoleillées, la végétation luxuriante après l'hiver qui est assez sombre et humide. À éviter : novembre, février, mars/début avril.
S'y rendre. On peut rejoindre Wrocław en avion avec un vol direct Ryanair de Paris Beauvais, ou bien Lot Airlines de Paris-CDG avec correspondance à Varsovie. De Cracovie ou Varsovie, on peut s'y rendre en train ou bus.
Trouvez votre vol au meilleur prix - Comparez
Utile. Pour préparer au mieux son voyage.
OFFICE DE TOURISME DE WROCLAW - Plus d'informations sur le site
OFFICE NATIONAL POLONAIS DE TOURISME - Plus d'informations sur le site
WROCLAW-CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE - Plus d'informations sur le site
Réservez votre hôtel aux meilleures conditions - Comparez
Trouvez une activité culturelle ou sportive - Trouvez