Guide de voyage Ciudad Bolívar

Lorsque les corsaires anglais, hollandais et français commencent à attaquer la modeste population de San Tomé de Guyana, le gouverneur José Solana relate au Roi d’Espagne la nécessité pour lui de se sentir en sécurité. Le 4 juin 1762, Carlos III le fait remplacer par le colonel Joaquim Moreno de Mendoza. Le gouverneur intérimaire rejoint alors depuis San Tomé la partie la plus étroite de l’Orénoque pour fonder la Ciudad de Angostura (actuelle Ciudad Bolívar). La fondation de la ville se termine le 22 mai 1764 avec la bénédiction du Fort Saint-Gabriel (maison du gouverneur). La ville a été rendue célèbre par le discours qu’y prononça Simon Bolívar. Discours où il énonçait notamment les principes de la formation de la Grande Colombie composée du Venezuela, la Colombie et de l’Equateur. Le Libertador l’utilisait aussi fréquemment comme base de ses attaques. L’actuelle capitale du plus vaste Etat du pays, habitée par 300 000 âmes, a été rebaptisée Ciudad Bolívar en 1846 et ne manque pas une occasion de rappeler sa relation au glorieux homme. On peut même aller voir l’arbre auquel Bolívar attachait son cheval lorsqu’il allait visiter ses amis ! C’est aussi le berceau du peintre cinétique Jesús Soto à qui la ville a déjà consacré un musée et une avenue. Il est décédé à Paris en 2005.De son passé, Ciudad Bolívar a gardé un charmant centre colonial – l’un des plus beaux du pays – autour de la belle plaza Bolívar. Avec son petit air d’Antigua Guatemala et des rues en déclive en prime, il flotte dans le quartier historique (casco colonial) une douceur de vivre jusqu’à la tombée de la nuit, après il est déconseillé d’y traîner. Avec de la chance, vous apercevrez quelques dauphins d’eau douce depuis le mirador. La grande majorité des touristes ne font qu’y passer entre deux connexions vers et depuis Canaïma (c’est en effet à Ciudad Bolívar que s’organisent les tours les moins chers), mais on y reste quelques jours sans s’ennuyer. De plus, la ville constitue un excellent centre pour organiser d’autres excursions dans la Gran Sabana, telles que vers les ríos Caura, Aro ou Caroní. Au mois d’août s’y déroule la Feria de la sapoara dédiée au poisson du même nom qui peuple l’Orénoque. Les Vénézuéliens accourent alors à Ciudad Bolívar depuis toute la région, voire depuis Caracas, mettant à l’épreuve une légende populaire qui dit que celui qui mange la tête du poisson ne quitte plus la ville « Quien come la cabeza se queda en Bolívar ». Une autre croyance dit qu’une redoutable hydre à 7 têtes vit dans l’Orénoque, près des rives de Ciudad Bolívar. Alors prudence…